Le Conseil national des indépendants du 14 Mars sera à la fois un rassemblement moderne de près de 300 figures issues de domaines différents, un cadre d'action pour la société civile, un filet de sécurité du modèle libanais et le tremplin d'une action transcommunautaire, synchronisée entre les futures démocraties arabes. Les figures médiatiques, politiques et sociales, réunies hier au siège du secrétariat général du 14 Mars à Achrafieh, pour l'annonce du document fondateur du Conseil national, ont foi dans l'aboutissement de cette initiative.
Ils évoquent, sans émotion ni hyperboles, un « scepticisme qui s'est amoindri », un espoir en partie regagné, grâce au rôle rendu aux indépendants. Ils visionnent les démarches concrètes sur des questions pratiques que le Conseil pourra entreprendre : diffuser le modèle libanais, oui, mais au rythme d'efforts progressifs, ciblés, vers des réformes sociétales.
Ils se veulent les partenaires des partis politiques, ni leurs rivaux, ni leurs substituts.
L'enthousiasme est contenu, mais certain. Nul besoin de recourir à un discours passionnel pour persuader de l'efficacité du Conseil national des indépendants : son émergence est le prolongement naturel des changements régionaux, en même temps qu'il en est un support.
« Ce Conseil aurait dû être créé en 2005 », conviennent les personnes présentes. Sa naissance aujourd'hui a été facilitée, comme insufflée, par les modifications structurelles des sociétés arabes. Il porte les échos, encore timides, mais bien réels, du changement, que les membres du Conseil nomment « l'intifada de la paix ».
À deux semaines de la première réunion de l'assemblée générale du Conseil national, fixée au 28 juin, au Biel, l'ancien député Samir Frangié a donné lecture du document fondateur :
« Le lancement du Conseil national des indépendants du 14 Mars répond au besoin de redynamiser l'opinion publique indépendantiste, de la faire participer dans les choix politiques, de sorte à l'intégrer directement dans la bataille de salut du Liban, et d'en faire une force civile efficace dans tous les domaines de la vie nationale et politique », annonce-t-il d'abord.
L'action du Conseil national s'accompagne d'une identification précise de la principale entrave à toutes les réformes : le repli communautaire.
« Le lancement de ce Conseil répond au besoin de faire face au repli communautaire que traverse le pays, en créant un cadre civil moderne, capable de dépasser les configurations communautaires ou confessionnelles imposées par la polarisation, et de contribuer à jeter les bases de l'État civil libéré des contraintes communautaires qui en paralysent l'action », poursuit Samir Frangié.
Ce « cadre civil moderne » obéit à deux lignes d'action claires : le rejet absolu de la violence sous toutes ses formes, et la solidarité entre les groupes œuvrant pour la modération.
« Le Conseil répond également au besoin de faire face aux dangers nés des répercussions de la guerre syrienne et de l'incapacité de l'État à le faire. Il doit servir de filet de protection social, tissé par tous ceux qui, dans la société civile, refusent la violence sous toutes ses formes, de la violence exercée contre l'autre, à la violence contre la femme, jusqu'à la violence contre l'environnement... », explique Samir Frangié.
« Le Conseil national des indépendants du 14 Mars répond enfin au besoin de mettre en contact les forces de la modération et de la démocratie dans le monde arabe qui luttent contre l'extrémisme et appellent à l'indulgence », ajoute-t-il.
Ces lignes d'action devraient préparer à « une intifada de la paix qui tourne la page des guerres », en vue de construire « un Orient nouveau, capable de rétablir le lien avec le patrimoine de la nahda arabe et de constituer un levier pour l'ensemble du monde arabe », conclut-il.
Pour sa part, le coordinateur du 14 Mars, Farès Souhaid, explique le positionnement du Conseil national des indépendants dans la conjoncture politique du pays.
« Ce Conseil n'est pas un parti politique du 14 Mars, ni ne tend à l'être. Il n'a pas de visées administratives. Son objectif est de redynamiser l'action nationale, en mettant en valeur l'expérience libanaise du vivre-ensemble, dont pourraient s'inspirer les sociétés arabes », déclare-t-il. Il explique ainsi que le choix des partis de se retirer du Conseil national du 14 Mars et de le réserver aux indépendants a donné naissance au Conseil national des indépendants du 14 Mars, « une formule convenue par tous, dans le but de faire évoluer l'action de ce camp ». Le Conseil aura donc un role « consultatif ».
Farès Souhaid insiste surtout sur la dimension civile du Conseil, « libéré de tout lien, de toute contrainte communautaire ».
Les acteurs civils, journalistes et intellectuels, réunis hier, renvoient l'ébauche du Conseil, telle qu'ils la perçoivent : « L'aréopage de notre vision », selon l'un des présents, qui estime que ses recommandations éventuelles peuvent, aussi, prendre la forme de « remontrances »...
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commentaires (2)
MALHEUREUSEMENT... LE SOMMEIL EST PROFOND ENCORE !
LA LIBRE EXPRESSION
19 h 13, le 16 juin 2015