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Moyen Orient et Monde - Le billet

Alep, l’épitomé de la guerre

Des secouristes syriens tentent de retirer un corps des décombres, le 14 juin 2015, à Alep. AFP PHOTO / KARAM AL-MASRI

Plus qu'aucune autre ville du pays, Alep est un microcosme de la guerre en Syrie. La cité est séparée en deux par une ligne de démarcation d'une vingtaine de kilomètres. La partie ouest, où vivent plus de 2 millions de personnes, est sous le contrôle du régime. La partie est, elle, est sous la domination de différents groupes rebelles. Les Kurdes tiennent leur position au nord de la ville tandis que l'État islamique (EI) est retranché dans les campagnes de l'est.

Plus de quatre ans après le début de la révolte syrienne, la conquête d'Alep reste un enjeu crucial pour chacun des acteurs. Les rebelles, le Front al-Nosra et l'EI cherchent tous les trois à s'emparer de la totalité de la mégapole pour en faire la capitale de l'insurrection, la Benghazi de Syrie. Cette bataille dans la bataille, entre les différents groupes armés, continue de faire indéniablement le jeu du régime. Certains analystes semblent pourtant désormais convaincus que Damas n'est plus en mesure de défendre l'ancienne capitale économique de la Syrie. L'Iran l'encourage en outre à abandonner Alep pour concentrer ses forces sur le littoral.

La bataille à venir devrait être d'autant plus décisive que ses enjeux dépassent très largement la question d'Alep : la résistance du régime et sa capacité à protéger les populations qui lui sont restées fidèles, le contrôle du nord et de certaines zones frontalières avec la Turquie, le leadership au sein des groupes armés qui combattent le régime. La force armée qui arrivera à conquérir la ville obtiendra, tant sur le plan stratégique que symbolique, un avantage déterminant sur tous ses concurrents.

En attendant, le plan de cessez-le-feu de l'envoyé spécial de l'Onu en Syrie, Staffan de Mistura, ayant échoué, la ville continue de subir le quotidien de la guerre. À l'ouest, 2 millions de personnes, dont 150 000 chrétiens, essayent de (sur)vivre normalement, autant que faire se peut en temps de guerre. À l'est, la grande majorité de la population a dû fuir face aux bombardements systématiques des forces du régime. Trois millions de personnes vivaient dans cette partie de la ville. Il n'en reste aujourd'hui plus que 200 000, qui continuent de résister dans ce désert de ruines.

Si la bataille pour Alep est particulièrement symptomatique de la guerre syrienne, elle renferme toutefois quelques spécificités. Les deux parties de la ville sont très majoritairement sunnites. Ici la fracture n'est pas confessionnelle, elle est sociale : à l'ouest les bourgeois, qui ont beaucoup trop à perdre pour laisser tomber le régime ; à l'est les classes moyennes, voire pauvres, originaires des zones rurales. Entre les deux, la vieille ville qui raconte une histoire plurimillénaire. La citadelle, aux mains du régime depuis le début de la crise, a retrouvé sa fonction d'antan alors que le souk, le plus vieux du pays, a été complètement détruit et que la mosquée des Omeyyades a été largement endommagée.

Divisée, consumée, ravagée par une guerre de plus en plus insensée, Alep, comme l'a été Beyrouth à une époque, va nécessairement ressusciter un jour, retrouver même son éclat : beaucoup d'autres à travers le monde ont connu pareille destinée. La seule question : qui (quel groupe, quel régime...) accompagnera cette résurrection ?


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