Rechercher
Rechercher

Liban - Vie politique

Le parti Kataëb se prépare à sacrer son 7e président dimanche

Les élections auront lieu au siège du parti à Saïfi et devraient aboutir à la victoire du député Samy Gemayel, au terme des travaux d'une conférence générale amorcée hier par un éloquent discours du président Amine Gemayel.

Le président Amine Gemayel s’exprimant hier à l’hôtel Le Royal. Photo Ibrahim Tawil

Un parti organisé, démocratique, de vieille souche sans manquer d'être moderne, fort de ses 80 ans d'existence et de lutte pour la cause du Liban : telle est l'image que les Kataëb ont voulu donner hier lors de la séance d'ouverture des travaux du 30e congrès général, un congrès qui se tient tous les 4 ans. Devant l'hôtel Le Royal de Dbayé, une longue file de voitures et d'hommes en uniforme attendaient avec impatience, dès le début de l'après-midi, le lancement de la rencontre. À l'intérieur, ils étaient plus de 400 délégués, présidents de section et membres du bureau politique, à s'installer en rangs d'oignons derrière leurs tables respectives, et à l'arrière des invités du parti, à savoir le ministre Mohammad Machnouk représentant le Premier ministre Tammam Salam et le président de la Chambre Nabih Berry, le député Ahmad Fatfat représentant l'ancien Premier ministre Saad Hariri, le député Jean Oghassabian représentant l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, et de nombreux députés et ministres parmi lesquels on citera le député Michel Murr – l'autre poids lourd du Metn – et le député Nadim Gemayel.

« Conformément au règlement intérieur du parti, le quorum est assuré. Vous pouvez à présent prendre la parole, cheikh Amine Gemayel », a alors annoncé un maître de cérémonie, alors que des applaudissements chaleureux saluaient l'entrée du président du parti, qui a donné lecture d'un discours d'une dizaine de pages, son dernier avant de passer le flambeau à son successeur, demain dimanche et pour les quatre années à venir. Le successeur étant le député Samy Gemayel, opposé – symboliquement – dans cette bataille au président de la section Kataëb de Hasbaya-Marjeyoun, Pierre Atallah, qui n'a pas caché à « L'Orient-Le Jour » le fait qu'il ne s'attend pas à recevoir plus d'une dizaine de voix dimanche. « J'ai présenté ma candidature pour relancer la vie démocratique au sein du parti et pour empêcher qu'un nouveau président de parti soit élu d'office sans élections, a expliqué Pierre Atallah. Je sais bien que les gens et surtout les jeunes aiment Samy Gemayel particulièrement, et je ne nie pas tout ce qu'a offert la famille Gemayel au Liban et au parti. » Et d'ajouter : « Il n'est pas faux qu'un jeune homme de 34 ans soit à la tête d'un parti comme le nôtre. Il est temps de vraiment donner à la jeunesse un rôle concret. Samy Gemayel a l'expérience nécessaire et il est entouré d'une grande équipe qui saura l'aider dans sa mission. »


(Lire aussi : Samy Gemayel, candidat à la présidence des Kataëb, prône une ouverture sur les musulmans)

 

« Une nouvelle ère commence »
Depuis qu'il a annoncé, il y a 20 jours, qu'il comptait passer la main à un nouveau directoire, Amine Gemayel ne semble pas avoir surpris les partisans des Kataëb, dont plusieurs hier affirmaient que « c'est un événement qu'on attendait ». « Cheikh Amine veut vaquer à d'autres occupations comme la prise en charge de la Maison du futur », expliquait ainsi un délégué. De son côté, le ministre de l'Économie Alain Hakim a indiqué que les principes des Kataëb resteront les mêmes sous la direction de Samy Gemayel, mais que c'est l'application sur le terrain qui changera. « Il est temps de faire du renouveau et de changer la manière dont nous menons la lutte pour faire prévaloir les principes que nous défendons. C'est la base populaire du parti qui a initié ce changement et le directoire a suivi », a-t-il assuré à « L'Orient-Le Jour », alors que Samy Gemayel quittait pour une brève pause la salle de réunions, sollicité de tous côtés pour une accolade ou une poignée de main. Avouant qu'il ne connaissait pas vraiment l'autre candidat et qu'il ne voyait que Samy Gemayel comme successeur à son père, le ministre Alain Hakim a enfin commenté les deux plaintes déposées contre la candidature du jeune député, sous prétexte que son adhésion officielle au parti n'était que trop récente. « Ces deux plaintes ont finalement été refusées par le juge des référés. Elles ont été présentées par un individu proche du régime syrien et qui dirigeait une organisation caritative portant le nom de Bassel el-Assad », a déclaré M. Hakim.

Dans son allocution, Amine Gemayel avait pour sa part profité de l'affaire des deux plaintes pour affirmer que « le parti des Kataëb est fier d'être un parti démocratique qui obéit à un règlement et à des lois ». M. Gemayel a également mis l'accent sur les valeurs démocratiques du parti, son appartenance à la révolution du Cèdre, les sacrifices de ses martyrs Nasri Marouni, Antoine Ghanem et Pierre Gemayel, et sur ses « principes avant-gardistes qui font aujourd'hui partie intégrante du dictionnaire politique libanais », comme la décentralisation administrative ou encore la neutralité. Il s'est également demandé comment certains « prétendent soutenir l'armée mais lui ôtent son droit de défendre le pays et doutent de son commandement ». « Jusqu'à quand ce suicide durera-t-il ? C'est un suicide et non une victoire », a-t-il ajouté, dénonçant par ailleurs la tuerie d'Idleb.
Affirmant qu'une nouvelle ère commence pour les Kataëb, il a enfin confié être tranquille quant à l'avenir du parti.

En soirée, le président Amine Gemayel a souhaité « bonne chance » à Samy Gemayel dans sa nouvelle mission qui devrait commencer dimanche, au terme des élections au siège des Kataëb à Saïfi. Le député Nadim Gemayel a également affirmé être « aux côtés du nouveau directoire », critiquant les « mauvaises langues » qui doutent de son allégeance au parti fondé par son grand-père.
La voie semble ainsi toute tracée pour le député Samy Gemayel pour devenir le 7e président du parti Kataëb, après 6 prédécesseurs dont 2 ont été élus présidents de la République. Et si le député affirme qu'il n'a pas cherché à remplacer son père et que ce dernier « a pris tout seul la décision de passer la main », la prise en charge du parti par Samy Gemayel reflète clairement une tentative de renouveler l'énergie du parti sans toutefois altérer ses principes, à l'heure où la compétition parmi les partis chrétiens bat son plein, et où il se fait clair que le Courant patriotique libre et les Forces libanaises ont lentement grignoté sur la base Kataëb.

 

Pour mémoire
Samy et Nadim Gemayel, d'une même voix, font l'apologie du prochain renouveau Kataëb

« Confiant et tranquille », Amine Gemayel veut passer la main à un nouveau directoire Kataëb

Un parti organisé, démocratique, de vieille souche sans manquer d'être moderne, fort de ses 80 ans d'existence et de lutte pour la cause du Liban : telle est l'image que les Kataëb ont voulu donner hier lors de la séance d'ouverture des travaux du 30e congrès général, un congrès qui se tient tous les 4 ans. Devant l'hôtel Le Royal de Dbayé, une longue file de voitures et d'hommes en...

commentaires (1)

Les Karaeb ont prouvé depuis 80 ans que leur priorité première est le service du Liban et rien d'autre. Le Bloc national d'Emile Eddé puis de Raymond Eddé depuis 1943 ainsi que le Parti national libéral de Camille Chamoun depuis 1958 étaient tous les deux sur la même ligne que les Kataeb mais avec des têtes différentes : Le Liban d'abord. Les partis qui sont venus par la suite sur la scène politique ne sont que des groupements occasionnels dirigés par des politicards qui dansent au gré des vents venus des quatre coins du monde. Ils n'ont rien à voir avec la noble cause de la Patrie.

Un Libanais

21 h 20, le 13 juin 2015

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Les Karaeb ont prouvé depuis 80 ans que leur priorité première est le service du Liban et rien d'autre. Le Bloc national d'Emile Eddé puis de Raymond Eddé depuis 1943 ainsi que le Parti national libéral de Camille Chamoun depuis 1958 étaient tous les deux sur la même ligne que les Kataeb mais avec des têtes différentes : Le Liban d'abord. Les partis qui sont venus par la suite sur la scène politique ne sont que des groupements occasionnels dirigés par des politicards qui dansent au gré des vents venus des quatre coins du monde. Ils n'ont rien à voir avec la noble cause de la Patrie.

    Un Libanais

    21 h 20, le 13 juin 2015

Retour en haut