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Économie - Liban - Interview

La gestion des ressources humaines est sous-estimée

À l'occasion de la deuxième édition du Lebanon HR Summit, inauguré hier à l'Hôtel Royal à Dbayé, le directeur des ressources humaines du groupe Quantum, Khaled Tayara, livre à « L'Orient-Le Jour » ses préconisations pour améliorer les pratiques dans ce domaine.

Dans quelle mesure les entreprises libanaises pratiquent-elles une politique de ressources humaines efficiente ?

Les ressources humaines sont indispensables pour la gestion, l'encadrement et l'évaluation des effectifs d'une entreprise. Pour autant, si la quasi-totalité des entreprises possède actuellement un département de ressources humaines, celui-ci n'est pas toujours performant et influent. Les PME, qui représentent la majorité des entreprises au Liban, sont familiales et accordent très peu d'importance à ce département. De manière générale, les services de ressources humaines ne sont pas impliqués dans les décisions et la stratégie de l'entreprise, mais simplement à un niveau opérationnel.
Cela étant dit, les enjeux diffèrent selon les générations de responsables : les « baby boomers » (entre 50 et 60 ans) sont dépassés par l'évolution de l'organisation du travail ; la « génération X » (entre 40 et 50 ans), qui a généralement accumulé une expérience professionnelle au sein de multinationales, tente de faire bouger les choses ; tandis que les responsables de moins de 40 ans préfèrent souvent travailler à l'étranger car ils ont la conviction que les ressources humaines n'ont pas leur place au Liban.

Pourquoi ?
La gestion des ressources humaines au Liban est principalement confrontée à trois types d'enjeux.
D'abord, il y a un réel problème au niveau législatif et réglementaire. Le code du travail remontant à 1946, il est désormais incompatible avec les réalités du marché. Nous n'avons par exemple aucune loi sanctionnant le harcèlement moral...
Un deuxième enjeu se situe au niveau académique. Les universités libanaises négligent certaines spécialités, comme par exemple le marketing numérique, et surtout dispensent des formations à partir de curricula obsolètes. De plus, les étudiants ne sont absolument pas guidés dans leur orientation professionnelle par les équipes pédagogiques et ne sont donc pas suffisamment armés pour repérer les filières les plus prometteuses en termes d'emploi. Cela se traduit par une inadéquation vis-à-vis de la demande sur le marché du travail.
Enfin, le troisième défi relève des caractéristiques du marché du travail libanais qui n'est pas suffisamment diversifié pour inclure un large panel de compétences. Les deux grands employeurs au Liban sont les banques, qui ont une culture d'entreprise très spécifique ne convenant pas à tout le monde, et le secteur du « Food and Beverage », très orienté vers les compétences commerciales et promotionnelles.

Comment faire évoluer la gestion des relations humaines au sein des entreprises ?
Nous avons procédé au sein du groupe Quantum à un audit de la culture de l'entreprise pour aboutir à une planification stratégique des ressources humaines. Cette approche vise à aider les entrepreneurs à redéfinir leur vision, leur mission et leurs valeurs. Cela leur permet ainsi de valoriser leur capital culturel, de renforcer les capacités de leurs ressources humaines et, in fine, de participer au développement d'entreprises socialement responsables.
Nous avons tenté d'évaluer comment les employés perçoivent les valeurs de l'entreprise – actuellement et en se projetant dans l'avenir – à travers un questionnaire mis au point par le Barrett Centre. Près de 86 % des employés ont saisi cette occasion pour faire parvenir des messages à la direction. Quelque 24 % d'entre eux avaient, quant à eux, une perception négative de l'entreprise. Nous avons alors mis au point un plan d'action avec la création d'un comité ayant pour mission de faire obstacle à cette énergie négative. Ce plan tourne autour de plusieurs axes : une campagne de communication interne sur les valeurs de l'entreprise, des sessions de formation dispensées à des membres du conseil d'administration, ainsi qu'un plan de mesure des performances.
Ce plan d'action a été lancé en mars 2014. À la fin de l'année, un questionnaire sera à nouveau soumis aux employés pour faire un bilan général et tirer les conclusions qui s'imposent. Car l'objectif final d'une entreprise étant de réaliser des bénéfices, il est nécessaire que cette perspective ne soit pas freinée par le développement de ces attitudes négatives.

 

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