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À La Une - syrie

« Il y avait des corps partout, sur les tables, dans les couloirs, sur le sol… »

Le directeur d'un hôpital soutenu par MSF décrit l'horreur survenue après un raid sur Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie.

A Idleb, en Syrie, le 5 juin 2015. Photo prise par un personnel de l'hôpital soutenu par Médecins Sans Frontières (MSF) et tirée du site de MSF.

Jeudi 04 juin 2015, un bombardement meurtrier secoue une ville surpeuplée de la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie. Les victimes ont été transportées vers un petit hôpital de campagne, non loin, soutenu par Médecins Sans Frontières (MSF). Le directeur de l'hôpital, qui a accepté de témoigner sous le couvert de l'anonymat pour des raisons de sécurité, raconte l'horreur qu'il a vécue :

« Les avions sillonnaient le ciel au-dessus de nos têtes tout l'après-midi. Nous attendions dans l'angoisse. Serons-nous les prochaines victimes ? Allons-nous devenir un numéro ?

A 15h15, un avion de chasse a lancé trois roquettes sur un quartier très peuplé du centre-ville. Les immeubles résidentiels et les magasins ont été détruits en l'espace de quelques minutes. Tout a été transformé en décombres. Les cadavres jonchaient le sol, la chair était partout. C'était un vrai massacre, un carnage.

Je ne trouve pas les mots pour décrire l'ampleur de la destruction. Un état d'hystérie s'est emparé de tout le monde: les familles qui cherchaient leurs proches, les voisins qui cherchaient leurs amis, et même nous, les médecins et infirmiers.

Quelques minutes après le raid, notre modeste hôpital de fortune de 12 lits a commencé à recevoir des patients avec des blessures horribles. Les appels aux secours ont remplacé les appels à la prière dans les mosquées, exhortant les gens à secourir les blessés sous les décombres.

L'hôpital a vite été débordé. Il y avait des corps partout, sur les tables, dans les couloirs, sur le sol. Le personnel médical et les volontaires se frayaient un chemin entre les corps des blessés, faisant le maximum. Nous pouvions seulement soigner 80 patients, nous avons dû renvoyer 50 : nous n'avions pas la capacité de traiter leurs blessures. Nous étions uniquement capables de soigner ceux qui étaient blessés par les éclats d'obus ou qui nécessitaient une amputation. Nous étions malheureusement obligés de refuser les personnes souffrantes de problèmes neurologiques ou cardiovasculaires parce que nous n'avions ni les ressources, ni l'expertise nécessaires pour soigner ce genre de complications. Et le fait que nous soyons forcés de refuser des malades augmentait encore plus la pression sur notre équipe.

Une femme est arrivée à l'hôpital à la recherche de son fils. Nous avons reconnu l'enfant grâce à sa description, mais il était déjà décédé. Dévastée, elle s'est effondrée en larmes refusant de voir le corps pour l'identifier. Je lui ai alors amené sa chemise, je n'avais pas le choix...

Il y avait du sang partout, mais nous étions en manque de réserves de sang. Des femmes et des hommes donnaient leur sang aux étrangers.

A la tombée de la nuit, l'espoir de retrouver des survivants sous les décombres s'amenuisait. En tant que secouristes, notre principal souci est d'assurer le ravitaillement médical, garder l'espoir, et être prêts pour la prochaine tragédie ». 


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