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Moyen Orient et Monde - Conférence

À Paris, la coalition internationale prend fermement position contre l’EI

Plus de vingt pays ont apporté leur soutien au plan irakien de reconquête d'al-Anbar et à une transition politique en Syrie ; la Turquie pointée du doigt.

De gauche à droite : le ministre irakien des AE Haider al-Abadi, son homologue français Laurent Fabius et Anthony Blinken, adjoint du secrétaire d’État américain John Kerry. Stéphane de Sakutin/AFP

Vingt-quatre pays et trois organisations internationales ont participé hier au Quai d'Orsay à la réunion ministérielle de la Coalition internationale contre l'État islamique (EI). Cette rencontre devait permettre des discussions approfondies sur la situation en Irak, mais la Syrie s'y est invitée du fait de la récente occupation de Palmyre par Daech (acronyme arabe de l'EI).
Selon une déclaration commune diffusée à l'issue de la réunion par ses trois coprésidents (Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, et ses homologues irakien, Haider al-Abadi, et américain, John Kerry, représenté par son adjoint Anthony Blinken), il s'agissait d'examiner la situation en Irak et en Syrie, des opérations de la coalition, de la stabilisation des zones libérées, du retour durable des réfugiés et des personnes déplacées, de la protection des victimes de violences ethniques et religieuses, ainsi que de la protection du patrimoine culturel.
Les intervenants ont condamné à l'unanimité et avec force les offensives du groupe jihadiste et insisté sur une intensification des efforts collectifs dans l'unité pour agir ensemble « dans le cadre d'une stratégie commune, multidimensionnelle et de long terme afin d'affaiblir et à terme d'éradiquer Daech qui constitue une menace pour l'ensemble de la communauté internationale ». Sur le plan pratique, la coalition a affirmé l'importance cruciale d'avancer rapidement dans la mise en œuvre des réformes et de la réconciliation telles que prévues par le gouvernement irakien, notamment la mise en place d'une garde nationale afin de placer tous les groupes armés sous le contrôle de l'État.

 

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Au-delà de la campagne militaire en cours, M. Fabius et les participants aux assises du Quai d'Orsay ont également préconisé, pour défaire durablement le terrorisme en Irak et en Syrie, de couper l'afflux de combattants et de bloquer les sources de financement des organisations, tout en luttant contre leur idéologie criminelle et en traitant les crises humanitaires associées. De même, les trois coprésidents de la conférence ont insisté avec la plus grande fermeté sur l'urgence d'empêcher l'entrée d'armes et de combattants en Syrie et en Irak, n'hésitant pas à citer la Turquie au nombre des pays favorisant cette aide à Daech et d'autres organisations similaires.
À la tribune, le chef du gouvernement irakien Haider al-Abadi a confirmé l'engagement des autorités de son pays à renforcer l'État de droit, le respect des droits de l'homme pour tous et une politique de rassemblement assurant une juste représentation de toutes les composantes de la société irakienne au sein des institutions fédérales et l'égalité de tous les citoyens. Le Premier ministre a présenté un plan en cinq points, basé sur un soutien accru aux combattants tribaux, une campagne de recrutement au profit des divisions de l'armée, une restructuration des forces de police afin qu'elles contrôlent les territoires libérés de l'emprise de Daech, un appel à un accroissement des contributions internationales au financement porté par le Pnud en vue de la stabilisation immédiate des zones libérées, et garantir enfin que toutes les forces qui participent à la libération de la province d'al-Anbar opèrent sous le commandement et le contrôle du Premier ministre et de la chaîne de commandement irakiens. Les ministres de la coalition ont exprimé leur soutien le plus ferme à ce plan et ont convenu d'accélérer leurs efforts dans chacun des cinq domaines précités. Ils ont par ailleurs fait part de leur soutien unanime aux efforts déployés par le gouvernement irakien afin de mobiliser et d'équiper les combattants tribaux dans la province d'al-Anbar, et ce par l'entremise du gouvernement irakien et dans le cadre de ses plans.


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« Incapacité » d'Assad
En ce qui concerne la Syrie, les pourparlers ont porté sur l'urgence de trouver une solution politique au conflit qui déchire le pays pour traiter les causes profondes de l'expansion de Daech.
Prenant pour la première fois officiellement acte de « l'incapacité et (de) l'absence de volonté du régime d'Assad de lutter contre Daech », la coalition a appelé au « prompt lancement d'un véritable processus politique inclusif, sous l'auspice des Nations unies, en vue de mettre en œuvre les principes du communiqué de Genève », un accord conclu en 2012, qui prévoit la mise en place par consentement mutuel d'un gouvernement transitoire. M. Fabius a dans la foulée expliqué que, pour la France, une solution politique en Syrie signifie une entente entre des éléments du régime syrien et des formations de l'opposition.

 

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Après de longs échanges de vues sur la gravité de la situation en Irak et en Syrie où Daech agit sans distinction de nationalités ou de frontières, les participants à la conférence ont souligné que la lutte contre les organisations terroristes demeurait leur principale priorité tout en constatant que Daech et ses semblables tentent d'étendre leur emprise à d'autres régions frappées par des crises politiques et des situations d'instabilité, comme la Libye.
Les partenaires de la coalition ont en outre reconnu le rôle des Nations unies dans la région par le soutien des processus politiques, la coordination et la facilitation de l'aide humanitaire internationale. Ils ont exprimé leur soutien aux actions d'assistance et de protection du Haut-Commissariat pour les réfugiés auprès des réfugiés et aux personnes déplacées, ainsi qu'à l'Unesco qui s'est mobilisée pour la sauvegarde du patrimoine culturel en Syrie et en Irak.
Les participants à la réunion ont enfin salué la perspective d'une réunion de haut niveau à Paris pour présenter une charte d'action, suite au débat public sur les victimes des violences ethniques et religieuses au Moyen-Orient, organisé le 27 mars 2015 au Conseil de sécurité des Nations unies. Ils ont également accueilli favorablement la mise en place d'un fonds international de stabilisation immédiate afin de garantir la disponibilité immédiate des ressources pour les zones libérées de Daech, ainsi que les contributions initiales de plusieurs partenaires.

 

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