Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Vient de paraître

Le Liban, pays de miel, d’encens et... de musiques

Comment la musique a-t-elle débuté au Liban ? Ses sources ? Les personnes, les institutions qui en ont favorisé le développement ? Dans « La Vie musicale au Liban, de la fin du XIXe siècle à nos jours » (éd. Geuthner), Zeina Saleh Kayali va aux sources de cette vie où de nombreux artistes puisent une inspiration foisonnante.

« Ni livre d'histoire ni traité de musicologie ou d'analyse musicale, ce livre est un état des lieux de la vie musicale au Liban, depuis la fin du XIXe siècle jusqu'à nos jours. » L'intention de Zeina Saleh Kayali s'inscrit, rouge sur ocre, sur la quatrième couverture de son dernier ouvrage, La Vie musicale au Liban, de la fin du XIXe siècle à nos jours (éd. Geuthner).
De cet état des lieux, donc, que faut-il retenir d'emblée ? « Que le Liban est à l'origine d'un grand nombre d'innovations musicales », affirme l'auteure, qui est par ailleurs chargée de mission à la délégation permanente du Liban auprès de l'Unesco et membre fondateur et vice-présidente du Centre du patrimoine musical libanais. « On retient, également, qu'à partir des années 1950, le pôle musical arabe se déplace du Caire vers Beyrouth ; que la vie musicale au Liban dans les années 1960-1970 est absolument foisonnante ; que la guerre du Liban n'a pas brisé cet élan et que la période post-guerre a vu éclore une extraordinaire créativité musicale. Il peut s'agir d'institutions, de personnes ou d'événements, de création d'orchestres ou de chœurs, d'organisation de concerts, d'associations ou de festivals, de "diaspora" musicale qui revendique sa "libanité" aux quatre coins du monde, ou encore du conservatoire qui envers et contre tout a tenu le cap, tel un phare éclairant la route de la musique au Liban... Les exemples sont très nombreux. »
Il semble donc que l'auteure tente ici de rendre à ces musiciens, institutions ou personnalités musicales un certain droit de reconnaissance. « Oui, exactement, et cette démarche ne date pas d'hier. Avec mon premier ouvrage Compositeurs libanais, XXe et XXIe siècles (Séguier, Paris 2011), j'avais fait l'inventaire de 132 compositeurs libanais de musique savante, au Liban et à travers le monde. Cet ouvrage a nécessité cinq années d'enquêtes et d'interviews, vu que les sources écrites sont quasi inexistantes. Puis en 2012 a eu lieu l'ouverture du Centre du patrimoine musical libanais (CPML-espace Robert Matta), au Collège Notre-Dame de Jamhour. Cet espace est consacré aux musiciens libanais de musique classique, à leurs archives, à leur documentation et à la valorisation de leurs musiques.» La Vie musicale au Liban est donc l'une des étapes dans ce combat en faveur de valorisation des personnalités et des institutions musicales.

Outils au service d'âmes
Zeina Saleh Kayali tente également à travers ses chroniques musicales pour plusieurs médias, dont L'Orient-Le Jour, L'Agenda culturel et Arabies, de rendre compte de l'actualité des compositeurs et interprètes libanais établis en France afin de leur donner une certaine visibilité.
La Vie musicale au Liban est le titre de l'ouvrage. Pouvons-nous parler de musique libanaise ? Elle acquiesce et précise : « La musique libanaise écrite est récente. Elle date du début du XXe siècle et son père fondateur est Wadih Sabra (1874-1952), qui fut l'élève de Camille Saint Saëns. » Pour elle, la musique libanaise ou plutôt les musiques libanaises sont diverses, à l'image de l'âme libanaise, multiples et éclectiques. Elle rappelle que certaines sont issues du folklore, d'autres prennent leurs sources dans la musique arabe, d'autres encore dans la musique européenne, certaines sont un mélange des deux, sans oublier les différentes musiques liturgiques. Ni d'Orient ni d'Occident, mais le produit de leur synthèse. « On peut dire que les musiques libanaises mettent les outils de la musique occidentale au service de l'âme orientale. »
La musique au Liban a également été influencée par les différentes civilisations qui se sont succédé sur notre sol : grecque, syriaque, byzantine, arabe, arménienne, etc. « C'est d'ailleurs le propos des préfaciers de l'ouvrage, Gabriel Yared et Béchara el-Khoury, deux immenses compositeurs dont les œuvres sont extrêmement appréciées en Occident et qui expliquent comment ces diverses influences se retrouvent forcément dans leur musique. Creuset de civilisations et de cultures, le Liban construit, à travers ses différents apports, sa propre identité musicale. »
Cet ouvrage a nécessité trois ans de travail. Zeina Saleh Kayali possédait déjà un certain nombre d'informations et d'archives recueillies pour le précédent ouvrage, mais cela ne suffisait pas. Elle a entrepris donc des recherches dans les bibliothèques, en France et au Liban, à la recherche d'informations : « Encore une fois, les sources écrites sont rarissimes. » Mais elle a également rencontré un grand nombre de personnes qui lui ont donné accès aux archives familiales ou personnelles. « C'est un véritable travail d'enquêteur. Je me suis aussi appuyée sur certaines archives et photos que nous avions recueillies au CPML, qui constitue un fonds précieux de la mémoire musicale de notre pays. »
Cet ouvrage est un récit. « Il est donc tout à fait accessible et vise toute personne qui a envie de découvrir la vie musicale, ainsi que les personnes, les événements, les institutions qui en ont favorisé l'essor. J'ai essayé de faire en sorte qu'il soit facile à lire, car le premier ouvrage sur les compositeurs était plus technique et destiné plutôt aux musiciens qu'au grand public. »

Rubinstein en 1932
En conduisant ses recherches, la plus grande surprise de Zeina Saleh Kayali était de découvrir à quel point le Liban est un pays de musique. « Imaginez-vous, entre autres exemples inédits, qu'Arthur Rubinstein a donné un récital de piano au West Hall de l'Université américaine le 4 février 1932 ! »
Sa plus grande déception ?
« De constater à quel point nous sommes peu informés de cette vie musicale et combien nous connaissons peu les musiques de nos compositeurs. »
Sa plus grande joie ? De constater que ce sujet commence « à accrocher. Le public a envie d'en savoir plus au sujet des musiques libanaises et des compositeurs libanais. D'ailleurs il faut rendre hommage à l'Orchestre philharmonique libanais qui met un point d'honneur à inclure de plus en plus à son répertoire des pièces de compositeurs locaux ».
A-t-elle pensé à accompagner cette parution d'un CD musical ? « Eh bien, c'est mon prochain projet. Je voudrais lancer une série de livres-disques autour des compositeurs libanais. Une série qui aurait pour titre Découverte du patrimoine musical libanais, et dont chaque volume serait une "rencontre" avec... Cela n'a jamais été fait et mon éditrice semble partante. Allons-y, le patrimoine musical libanais le vaut bien. » Et de signaler dans ce registre qu'en 2012 un disque intitulé La Sève du cèdre a été enregistré par Christine Marchais (piano) et Marc Sieffert (saxophone) où l'on peut écouter une douzaine de compositeurs libanais...
Pour finir, si cette férue de musiques était une œuvre musicale laquelle serait-elle ?
En dehors du patrimoine musical libanais, elle avoue un attachement particulier pour la Passion selon saint Jean de Jean-Sébastien Bach. « C'est une œuvre intimiste, intemporelle, bouleversante, qui nous parle de la vie et de la mort. »
Mais parmi les œuvres libanaises, Zeina Saleh Kayali ne saurait choisir. « Depuis que je les découvre, elles m'enchantent et je les apprécie chacune dans sa singularité et son originalité. »


Signature et rencontre
Zeina Saleh Kayali signera son ouvrage La Vie musicale au Liban demain jeudi 4 juin, à 19h30, au Centre culturel du Collège Notre Dame de Jamhour. Par ailleurs, à l'invitation de l'association Assabil, elle présentera son ouvrage, dans un face-à-face avec Salma Kojok, ce vendredi 5 juin à 18h30, à la bibliothèque publique municipale de Monnot, rue de l'Université Saint-Joseph, à côté du théâtre Monnot. Tél.: 01/203026.

« Ni livre d'histoire ni traité de musicologie ou d'analyse musicale, ce livre est un état des lieux de la vie musicale au Liban, depuis la fin du XIXe siècle jusqu'à nos jours. » L'intention de Zeina Saleh Kayali s'inscrit, rouge sur ocre, sur la quatrième couverture de son dernier ouvrage, La Vie musicale au Liban, de la fin du XIXe siècle à nos jours (éd. Geuthner).De cet état des...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut