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Liban - Géopolitique

Séminaire international à la Maison du Futur sur un plan Marshall arabe

La première conférence internationale de grande envergure lancée par le président Amine Gemayel s'est tenue samedi à la Maison du Futur, à Bickfaya, avec pour ambitieux thème : « Un plan Marshall arabe, partenariat et coopération pour le futur du Moyen-Orient ». Organisée en partenariat avec Konrad-Adenauer-Stiftung Beirut (KAS), un « think tank » politique proche de l'Union démocrate chrétienne d'Allemagne, ce séminaire a porté sur l'avenir de l'ordre géopolitique régional face aux bouleversements de l'équilibre du Moyen-Orient. D'importantes personnalités politiques et académiques européennes, américaines, canadiennes et arabes y ont pris part.

Est-il judicieux de lancer « un plan Marshall » ou une « initiative globale » dans la conjoncture actuelle ? L'expérience du redressement européen pourrait-il être applicable au futur du Moyen-Orient ? Dans la foulée des discussions qui ont eu lieu lors de ces débats, de nombreuses idées et recommandations ont été élaborées ouvrant la voie à de nouvelles réflexions et initiatives que la Maison du Futur devra mener à bien.

Le plan Marshall, appelé officiellement « Plan de rétablissement européen », en anglais « European Recovery Program (ERP) », était une initiative américaine de 13 milliards de dollars (soit approximativement 120 milliards de dollars actuels) d'aide pour reconstruire les économies européennes après la Seconde Guerre mondiale. Cette initiative fut baptisée du nom du secrétaire d'État, le général George Marshall, qui, lors d'un discours à l'Université Harvard, le 5 juin 1947, exposa la volonté du gouvernement des États-Unis de contribuer au redressement de l'Europe, a rappelé, dans son intervention, Günther Beckstein, l'ex-Premier ministre de la Bavière.

Divisé en trois grandes sessions, le séminaire de samedi a groupé Joe Khoury, professeur de psychologie sociale à l'Université libanaise, qui a modéré la session « Résilience libanaise, mythe ou réalité ? La quête libanaise d'un espace commun et citoyen », thème traité avec éloquence par l'ex-ministre des Affaires sociales, Sélim Sayegh. Le thème « La défense du libéralisme libanais, les idéologies religieuses dans l'impasse à l'ombre du chaos du printemps arabe » a été analysé avec brio par Sami Aoun, professeur de politiques appliquées à l'Université de Sherbrooke, Canada.

La deuxième session a porté sur « le futur de la région » avec John Bell, directeur du programme du Moyen-Orient et méditerranéen, de Toledo Centre, à Madrid, en présence de Philip J. Crowley, ancien secrétaire d'État adjoint américain pour les Affaires publiques (sous Hillary Clinton, alors secrétaire d'État) et actuel professeur à George Washington University, et S. Enders Wimbush, qui a traité du « changement tectonique dans l'environnement stratégique du Moyen-Orient ». La dernière session a permis d'aborder le partenariat global pour le Moyen-Orient, une discussion géostratégique comparative avec le président Amine Gemayel, Naguib Sawiris, milliardaire et homme d'affaires égyptien, à la tête d'Orascom Telecom Media et Technology Holding S.A.E., et Hassan Mneimneh, dirigeant de à Middle East Alternatives à Washington, DC. L'ancien ministre koweïtien du Pétrole et des Finances, Bader al-Humaidhi, qui ne cache pas « son optimisme et son admiration » pour le Liban, a aussi pris la parole lors du déjeuner.

Impressions sur l'importance de l'événement

Cette première conférence constitue la pierre angulaire de la nouvelle action de la Maison du Futur. Elle marque un nouveau tournant dans la vision et la stratégie de ce think tank régional. Les impressions recueillies par L'Orient-Le Jour auprès des différents participants montrent l'importance de son rôle en tant que phare et leader.

« Un tel événement, organisé par la Maison du Futur, est vraiment très important pour voir quelle solution nous pouvons trouver pour cette région si cruciale. J'ai beaucoup appris à propos des politiques, des acteurs et des solutions aux problèmes importants du Moyen-Orient », a indiqué Naguib Sawiris à la fin de la session.

Pour l'ex-porte-parole de Hillary Clinton, P.J. Crowley, « la région a un besoin désespéré d'une organisation aussi importante que la Maison du Futur qui peut mener un débat comme celui que nous avons eu aujourd'hui ». « Ce débat auquel nous avons participé permet de voir émerger une vision, qui doit venir de la région, a-t-il souligné. Je pense que le Liban a énormément à offrir. Il a su trouver un moyen de survivre et a acquis une résilience dans ses systèmes. Le Liban est un pays qui sait absorber les chocs ; il est différent d'autres pays qui tombent en ruine... Cette résilience est unique au Liban. Il est un exemple à offrir à la Tunisie et à d'autres pays... »

Les accords Sykes-Picot sont-ils moribonds ? « Ceci est essentiel aujourd'hui pour la région, relève M. Crowley. Des changements vont s'opérer, mais on ne sait pas comment. L'Irak sera-t-il un pays ou trois ; la Syrie un pays ou quatre ? Nous ne connaissons pas la réponse. La politique américaine est de ne jamais changer les frontières par la force, mais la fragmentation que nous voyons dans la région est inévitable. »
P.J. Crowley laisse entendre, dans son exposé, que « les États-Unis demeurent l'acteur le plus influent dans la région, mais ils sont intéressés à poursuivre des solutions plutôt multilatérales qu'unilatérales ».

S. Enders Wimbush : « Le Liban bénéficiaire »

Les changements politiques entraînent dans leur sillage de nouveaux acteurs à la recherche de ressources énergétiques pour leurs économies. « Le succès de l'économie en Asie dépend en partie de ce qui se passe aujourd'hui au Moyen Orient. D'où son importance, estime le stratège américain S. Enders Wimbush. L'Asie est importante pour cette région, car elle a besoin d'assurer son énergie. L'Asie a changé de direction, en particulier la Chine et l'Inde, pour protéger leurs énergies. Ce sont des positions stratégiques concurrentielles. Nous observons maintenant des navires chinois en Méditerranée... »

Politique américaine : « Un échec total »

Quant aux accords Sykes-Picot et les changements des frontières, M. Wimbush rappelle que les « frontières de 1921 étaient totalement artificielles. Dans les dix prochaines années, il n'y aura pas de grands États, mais plutôt de petites entités – la Syrie, l'Irak... Qu'adviendra-t-il du Liban ? Le Liban sera le bénéficiaire. C'est logique ; ses frontières peuvent survivre », assure-t-il. Est-ce un échec de la politique américaine au Moyen-Orient ? « Je pense que la politique américaine est un échec total. Je ne suis pas d'accord avec P.J. Crowley qui soutient que la politique américaine dans cette région n'est pas un échec », conclut-il.


Pour mémoire

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La première conférence internationale de grande envergure lancée par le président Amine Gemayel s'est tenue samedi à la Maison du Futur, à Bickfaya, avec pour ambitieux thème : « Un plan Marshall arabe, partenariat et coopération pour le futur du Moyen-Orient ». Organisée en partenariat avec Konrad-Adenauer-Stiftung Beirut (KAS), un « think tank » politique proche de l'Union...

commentaires (2)

Un plans Marchal pour le monde arabe. Tous les projets d’aide au développement pour le monde arabe ont couté des milliards à mais à chaque fois qu’un projet se clôture et le budget dépensé, 6 mois après le pays bénéficiaires revient à ses anciens habitudes et les retombés disparaissent à quelques exceptions prés. Les plans Marchal ne marchent que dans les pays développés et démocratique qui ont subi une crise ou une guerre. Il n’y a que le temps de maturation et des générations sacrifiés avant que le développement s’enracine dans ces nations créés de toute pièce. Le développement ne se décrète pas, il est le fruit d’un long processus de sueur et de sang, il se transmet par les autochtones eux même à leur enfants. Les short-Cut par le transfert bénéficient à une très petite tranche de la population en créant des riches plus riches et des pauvres plus pauvres.

DAMMOUS Hanna

20 h 49, le 01 juin 2015

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Commentaires (2)

  • Un plans Marchal pour le monde arabe. Tous les projets d’aide au développement pour le monde arabe ont couté des milliards à mais à chaque fois qu’un projet se clôture et le budget dépensé, 6 mois après le pays bénéficiaires revient à ses anciens habitudes et les retombés disparaissent à quelques exceptions prés. Les plans Marchal ne marchent que dans les pays développés et démocratique qui ont subi une crise ou une guerre. Il n’y a que le temps de maturation et des générations sacrifiés avant que le développement s’enracine dans ces nations créés de toute pièce. Le développement ne se décrète pas, il est le fruit d’un long processus de sueur et de sang, il se transmet par les autochtones eux même à leur enfants. Les short-Cut par le transfert bénéficient à une très petite tranche de la population en créant des riches plus riches et des pauvres plus pauvres.

    DAMMOUS Hanna

    20 h 49, le 01 juin 2015

  • BRAVO PRÉSIDENT GÉMAYEL ! UN PLAN MARSHALL POUR SAUVER LE PAYS ET ÉCONOMIQUEMENT ET POLITIQUEMENT ! ET ASSURER SON AVENIR ! IL FAUT ÊTRE SUPPOT ET TRAÎTRE POUR NE PAS ÊTRE AVEC UNE TELLE INITIATIVE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 13, le 01 juin 2015

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