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Liban - L’éclairage

Contacts tous azimuts de Salam pour circonscrire tout dérapage lundi en Conseil des ministres

Les discussions en Conseil des ministres jeudi ont montré que toutes les parties sont pour le maintien de la stabilité politique et du cabinet Salam, afin d'éviter la chute de la dernière institution constitutionnelle toujours fonctionnelle du pays. Et ce même si le rendement du gouvernement n'est pas optimal, en raison des circonstances politiques dans lesquelles se trouve le pays et de l'influence de la crise régionale sur la scène locale.
Selon une source ministérielle, les parties se sont entendues sur la nécessité d'éviter de plonger le pays dans une nouvelle crise, dont le point de départ serait le Conseil des ministres, que ce soit à travers la suspension de leur participation aux séances ou leur démission. Pourtant, des sources politiques proches du général Michel Aoun ont mis en exergue la possibilité pour les ministres aounistes d'avoir recours à l'une de ces deux options au cours de la réunion de lundi, au cas où le gouvernement ne donnerait pas satisfaction aux revendications du Courant patriotique libre (CPL) concernant les nominations des chefs sécuritaires.
Un ministre du 14 Mars révèle ainsi que ses confrères du 8 Mars, notamment Gebran Bassil et Hussein Hajj Hassan, ont souligné jeudi la nécessité d'inscrire le problème de Ersal et de son jurd à l'ordre du jour de la séance, aux côtés du dossier des nominations des responsables sécuritaires. Le 14 Mars, qui refusait jusqu'à présent d'aborder ce problème, a finalement accepté de le faire. Il s'agit là d'un signe manifeste de la volonté des parties de calmer le jeu au sein de l'exécutif. Et, concernant le dossier des nominations sécuritaires, le dialogue sur ce dossier s'impose désormais de lui-même : au sein des Forces de sécurité intérieure (FSI), le directeur général de cette instance, Ibrahim Basbous, passe en effet à la retraite le 5 juin. Pour le directeur de la gendarmerie, le général Élias Saadé, c'est déjà fait depuis le 25 mai. Un débat a donc bel et bien eu lieu durant la séance, dans un climat de calme – en dépit de quelques escarmouches – et sur un ton réaliste.
L'obstination des ministres du CPL à vouloir régler la question des nominations des chefs sécuritaires et militaires sous l'angle d'un package deal global incluant les directions des FSI et de la gendarmerie, le commandement de l'armée, le chef d'état-major, le conseil militaire et le conseil du commandement des FSI, s'est heurtée au refus net opposé par le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk. Ce dernier refuse de lier le dossier des nominations au sein des FSI, compte tenu de l'urgence d'y trouver une solution en raison de l'échéance du 5 juin, à celui des nominations au sein du commandement de l'armée, les passages à la retraite du commandant en chef de la troupe et de son chef d'état-major n'étant prévus qu'en septembre. Pourquoi hâter le processus, s'est également demandé le ministre de la Défense Samir Mokbel. Le général Aoun avait déjà fait part au ministre Machnouk, lorsque ce dernier s'était rendu chez lui à Rabieh, de sa détermination à ce que la question des nominations soit entièrement réglée d'une seule traite. « Ceux qui cherchent à scinder ce dossier en différents morceaux souhaitent prendre Rabieh pour cible », avait lancé le chef du CPL au ministre de l'Intérieur.
Le Premier ministre Tammam Salam souhaite profiter du week-end pour mener des contacts avec les leaders et les parties politiques, notamment le président de la Chambre, afin de circonscrire d'ores et déjà la séance du Conseil des ministres de lundi, de sorte que les discussions et les prises de position ne puissent pas porter atteinte à la stabilité du pays. D'autant que l'armée, qui vient d'entrer à Ersal, est sur le qui-vive pour empêcher toute agression de la part des jihadistes à la frontière. Cette position visant à empêcher toute polémique sur Ersal et sur la troupe alors qu'elle se trouve en état de mobilisation dans cette zone, le général Jean Kahwagi en a fait part au Premier ministre. C'est également avec ce même argument que Samir Mokbel a répondu à Gebran Bassil et Hussein Hajj Hassan, qui souhaitaient débattre de cette question lors de la séance de jeudi. Un ministre rapporte à ce sujet que la position des ministres du CPL et du Hezbollah, quoique n'étant pas conciliante, n'a pas été de nature à remettre en question le climat de stabilité politique. Des sources du Nord au sein du 8 Mars affirment de leur côté que le Hezbollah a adressé un message à ses alliés, selon lequel il mène une « bataille existentielle » dans le Qalamoun, et qu'il n'a donc ni le temps ni la volonté d'ouvrir un front politique au plan interne. De plus, il cherche à éviter à l'heure actuelle le vide total au plan institutionnel, qui pourrait se répercuter négativement sur lui. Le maintien du cabinet Salam confère en effet au Hezbollah un statut légitime de résistance, une sorte de couverture légale ; son effondrement le rabaisserait au simple rang de milice qui se bat au-delà des frontières nationales, en Syrie. C'est pourquoi, affirme un ancien ministre, le parti chiite est attaché, ces derniers temps, à la légalité, aux institutions et au gouvernement. Selon ce ministre, le Hezbollah souhaite l'élection d'un président de la République et soutient la candidature du général Aoun. Le chef du CPL, lui, ne se retirera pas de la course et ne commettra pas « la même faute » qu'à Doha, en 2008, affirmant qu'il ne céderait que sous la force et la contrainte, comme il l'a reconnu au cours de son entretien télévisé à la OTV mardi soir.
Un ancien ministre proche du CPL s'attend, dans ce cadre, à ce que les leaders du 8 Mars se réunissent bientôt dans la banlieue sud pour mettre un terme aux divergences apparues dans leurs positions, notamment entre Nabih Berry et Michel Aoun. Les relations entre les deux hommes se seraient en effet considérablement détériorées, indique-t-on de sources bien informées. L'objectif de cette réunion serait de consolider les rangs du 8 Mars avant l'échéance présidentielle, surtout que le général Aoun a la ferme impression que ses alliés ne soutiennent pas ses positions.

Les discussions en Conseil des ministres jeudi ont montré que toutes les parties sont pour le maintien de la stabilité politique et du cabinet Salam, afin d'éviter la chute de la dernière institution constitutionnelle toujours fonctionnelle du pays. Et ce même si le rendement du gouvernement n'est pas optimal, en raison des circonstances politiques dans lesquelles se trouve le pays et de...

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