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À La Une - Conflit

Un journal turc publie des photos de livraisons d'armes par Ankara aux rebelles syriens en 2014

Les révélations de Cumhuriyet interviennent à la veille des élections législatives du 7 juin.

Capture d'écran de la Une du journal turc Cumhuriyet du 29 mai 2015 avec une photo des armes qui avaient, selon le quotidien, été destinées début 2014 aux rebelles syriens.

Le quotidien turc Cumhuriyet a publié vendredi des photos et une vidéo qui accréditent l'hypothèse, jusque-là farouchement démentie par le gouvernement islamo-conservateur d'Ankara, de livraisons d'armes aux rebelles extrémistes syriens début 2014.

Dans son édition papier et sur son site internet, le journal d'opposition diffuse des images d'obus de mortier dissimulés sous des médicaments dans des camions, officiellement affrétés par une organisation humanitaire, interceptés en janvier 2014 par la gendarmerie turque près de la frontière syrienne.

Cette opération a viré au scandale politique lorsque des documents officiels publiés sur internet ont affirmé que ces camions appartenaient aux services de renseignement turcs (MIT) et transportaient armes et munitions destinées aux rebelles islamistes syriens en guerre contre le président Bachar el-Assad.
Soupçonné par ses alliés occidentaux de soutenir ces combattants, dont le groupe jihadiste Etat islamique (EI), Ankara, dont le régime de Damas est devenu la bête noire, a toujours démenti ces accusations, assurant que le convoi était chargé de médicaments.

Selon les informations de Cumhuriyet, les camions interceptés convoyaient un millier d'obus de mortier, 80.000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades. De fabrication russe, ces armes ont été fournies par des pays de l'ancien bloc soviétique, a ajouté le journal.


(Lire aussi : Ankara évoque un accord avec Washington sur un appui aérien à "certains" rebelles syriens)

 

Interdiction
Le chef du principal parti d'opposition, qui avait déjà repris à son compte les accusations lancées par Cumhuriyet, a dénoncé la politique syrienne du gouvernement.
"Comment la Turquie peut-elle envoyer des armes lourdes à une organisation qu'elle qualifie de terroriste, c'est-à-dire (le groupe jihadiste de) l'Etat islamique ?", a dit à l'AFP le président du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), Kemal Kiliçdaroglu. "Ceux qui envoient illégalement des armes dans un pays musulman ont les mains tachées de sang", a-t-il ajouté.

Le gouvernement a imposé un black-out médiatique, y compris sur les réseaux sociaux, sur l'affaire et ouvert une enquête qui a déjà abouti au placement en détention d'une cinquantaine de personnes, gendarmes, militaires ou magistrats.

Quelques heures après les révélations de Cumhuriyet, un procureur d'Istanbul a annoncé dans un communiqué avoir ouvert une enquête judiciaire pour des faits de "terrorisme" contre le quotidien.
Il a également requis l'interdiction de la publication d'images qui, a-t-il dit, "sont contraires à la réalité".
Un juge de la plus grand ville de Turquie a accédé à cette demande en ordonnant leur retrait immédiat d'internet, a rapporté la presse turque.

Le président Recep Tayyip Erdogan a attribué la responsabilité de cette affaire à l'organisation de l'imam Fethullah Gülen, un de ses anciens alliés qu'il accuse depuis l'hiver 2013 de vouloir renverser le gouvernement. Dans une rare référence publique à l'affaire, M. Erdogan a déclaré mi-mai que la fouille des camions constituait une "trahison".

Le gouvernement turc n'a pas officiellement réagi aux allégations de Cumhuriyet. Mais un proche conseiller de M. Erdogan, Yigit Bulut, a promis sur son compte Twitter que "ceux qui trahissent cette nation sentiront personnellement la FORCE de l'Etat".

Les révélations de Cumhuriyet interviennent à la veille des élections législatives du 7 juin. Au pouvoir depuis treize ans, le parti de M. Erdogan s'y présente en favori, mais affaibli.

 

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