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Liban

L’accès à l’information : les handicapés aussi – et surtout – le réclament

Sur la tribune, de gauche à droite, Edward Thomas, Michel Moussa, Sylvana Lakkis et Nizar Saghieh. Photo Hassan Assal

Tous les Libanais éprouvent plus ou moins de difficulté à accéder à l'information devant être fournie par des institutions officielles. Mais il est évident que l'accès à l'information est de loin plus facile aux plus puissants et influents qu'aux plus vulnérables, à l'instar des moins nantis ou des handicapés. Dans la foulée des activités qui marquent le quinzième anniversaire de l'adoption de la loi 220/2000 sur les droits des handicapés, dont la plupart des articles restent lettre morte, l'Union des handicapés du Liban (LPHU) a lancé hier un rapport qui fait le point sur l'accès des handicapés à l'information et qui met en lumière les différentes facettes de ce problème. Le rapport a été rédigé avec la participation de l'organisation « Article 19 », basée à Londres, et de l'Organisation mondiale des personnes handicapées.
Pourquoi parler spécifiquement des handicapés quand le problème est plus général ? Parce que cette catégorie est particulièrement marginalisée au Liban, au niveau de l'information comme à tous les niveaux, a assuré Edward Thomas de « Article 19 », chiffres à l'appui (une majorité des handicapés sont sans emploi au Liban, beaucoup n'ont pas accès à l'éducation, une majorité d'enfants sont placés dans des institutions spécialisées non soumises au contrôle de l'État, etc.).
« Si les personnes handicapées sont marginalisées, le droit à l'information les aidera-t-il à faire face à cette marginalisation ? C'est une question à laquelle tente de répondre ce rapport », a-t-il dit. Les handicapés ont donc besoin d'accéder à l'information pour améliorer leur situation, mais il faut également que l'accessibilité soit assurée. À titre d'exemple, comment faire pour rendre l'information officielle accessible aux non-voyants qui dépendent du braille, ou aux malentendants qui communiquent en langue des signes? « Le rapport ne s'attaque pas seulement à l'accès aux informations existantes, mais aussi à la nécessité de la collecte d'informations, aujourd'hui rares, sur la situation des handicapés », a-t-il dit, précisant que la plupart des informations de ce type ont été regroupées durant les dix dernières années.
Sylvana Lakkis, présidente de la LPHU, a affirmé que les handicapés revendiquent le droit à l'information parce qu'ils veulent participer à la société et initier le changement politique qui s'impose pour acquérir leurs droits les plus élémentaires. Le non-respect de la loi 220/2000 a été évoqué notamment par le député Michel Moussa, président de la commission des droits de l'homme, qui était, en 2000, ministre des Affaires sociales. Il a énuméré les obstacles à l'application de cette loi et à l'adoption des décrets d'application nécessaires, notamment les crises successives, la volonté politique très insuffisante... Il a rappelé qu'un projet de loi sur l'accès à l'information (général) est actuellement débattu au Parlement.
Le sujet de ce projet de loi a été repris par Nizar Saghieh, avocat et militant de la société civile, pour souligner que l'accès à l'information reste très lacunaire au Liban, alors qu'il s'agit non seulement d'un élément crucial de la liberté d'expression, mais aussi d'une arme pour la lutte en faveur de l'application des lois. Il a insisté sur la dimension « citoyenne » de ce rapport, qui met en lumière un problème qui touche handicapés comme personnes valides. Pour ce qui est de l'application de la loi 220, il a précisé que l'action civile pourrait se diriger vers l'action légale contre les atermoiements et les manquements officiels.
Ce rapport sur le droit d'accès à l'information des handicapés est actuellement soumis à débat, jusqu'à ce que sa version finale soit publiée.

Tous les Libanais éprouvent plus ou moins de difficulté à accéder à l'information devant être fournie par des institutions officielles. Mais il est évident que l'accès à l'information est de loin plus facile aux plus puissants et influents qu'aux plus vulnérables, à l'instar des moins nantis ou des handicapés. Dans la foulée des activités qui marquent le quinzième anniversaire de...

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