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Liban - L’éclairage

Le souci pour la stabilité pourrait contribuer au déblocage de la présidentielle

Nombre de chancelleries occidentales craignent que l'implication du Hezbollah dans les combats en Syrie, notamment dans le Qalamoun, n'ait des répercussions sérieuses sur le Liban. Surtout que le parti chiite tente d'impliquer l'armée dans la bataille sous le slogan de la « lutte contre le terrorisme » et de l'épuration du jurd des miliciens pour les éloigner de Ersal.
Les ministres du tandem Courant patriotique libre-Hezbollah tentent de provoquer une explication à ce sujet en Conseil des ministres afin d'obtenir une décision obligeant la troupe à intervenir à Ersal, sous le prétexte d'empêcher les miliciens de franchir la frontière libanaise. Or le Premier ministre Tammam Salam cherche à empêcher un tel débat afin de maintenir l'unité du gouvernement. Le président de la Chambre Nabih Berry n'est pas non plus favorable à l'ouverture de ce dossier comportant autant de dangers en Conseil des ministres. Il préfère que cette question soit abordée au sein du Conseil supérieur de défense, sous la présidence de M. Salam, dans la mesure où les décisions de cette instance restent secrètes et à l'abri des médias. Le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, se contente pour sa part de souligner que l'armée est en état de mobilisation totale face à toute éventualité, et qu'il ne tolérera pas une atteinte aux frontières. Selon un responsable étranger, la frontière libanaise est en effet une « ligne rouge » pour les capitales occidentales, qui ne resteront pas impassibles en cas d'agression contre le Liban. Toute atteinte à cette frontière est interdite sous n'importe quel prétexte, ajoute une source qui revient de Washington, et l'armée libanaise reçoit de l'aide américaine pour parer à une telle situation.
Mais pourquoi le Hezbollah souhaite-t-il entraîner l'armée dans la bataille du Qalamoun ? Pourquoi le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a-t-il qualifié cette bataille d'existentielle ?
La bataille du Qalamoun est, selon des experts, celle de la défense et du maintien du régime Assad, qui a déjà perdu le contrôle de plus de la moitié du territoire syrien. Le Hezbollah souhaite empêcher les rebelles de couper la route entre Damas et Lattaquié, et d'isoler ainsi la capitale syrienne de l'espace vital alaouite, sur base duquel le régime veut négocier une éventuelle solution politique pour sa survie. C'est pourquoi le Hezbollah souhaite épurer la région de Ersal avec l'aide de l'armée libanaise. C'est rien moins que Damas qui est en jeu. Le parti chiite cherche également à maintenir la frontière libanaise avec la Syrie sous sa domination, après la perte par le régime des frontières avec la Turquie, l'Irak et la Jordanie. Le Hezb vise enfin à recréer des liens entre le régime syrien et le cabinet Salam au nom de la lutte commune contre le terrorisme.
Un rapport sécuritaire remis par un responsable au cabinet au début de la guerre syrienne, au moment de l'afflux massif de réfugiés syriens au Liban sans aucun contrôle, évoque, parlant de ces derniers, une bombe à retardement. Plusieurs ministres, dont Gebran Bassil, ont repris ces termes par la suite. Le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk, durant l'une des séances du dialogue entre le courant du Futur et le Hezbollah, a également mis l'accent sur la nécessité de délocaliser les camps de réfugiés vers l'hinterland syrien ou libanais, de sorte qu'ils ne restent pas à Ersal et « n'explosent pas ». Mais aucune démarche n'a été effectuée par la suite dans ce sens. Il existe aujourd'hui 72 camps et plus de 160 000 réfugiés. Partant, il est difficile d'entreprendre la moindre démarche. Les événements du Qalamoun pourraient avoir des retombées importantes sur la scène libanaise si le problème n'est pas contenu dès à présent, affirme un diplomate, qui souligne la nécessité d'intensifier les contacts avec les capitales de décision influentes afin de faciliter l'élection d'un président de la République. C'est peut-être dans cette optique que la représentante du secrétaire général de l'Onu, Sigrid Kaag, se rendra peut-être à Téhéran et Riyad le mois prochain pour contribuer à débloquer l'échéance.
Cependant, à travers ses déclarations et ses promesses de « mobilisation totale », le secrétaire général du Hezbollah semble déterminé à lier le dossier libanais à celui de l'ensemble de la région, contrairement aux efforts qui cherchent à sanctuariser le pays du Cèdre et à faire élire un nouveau chef de l'État. Ce qui signifie que la vacance présidentielle pourrait s'éterniser, s'il faut attendre une solution à la crise syrienne avant l'élection du nouveau président.
À moins que Washington, soucieuse du danger qui guette plus que jamais la stabilité politique, économique et sécuritaire du Liban, ne décide enfin de sortir le dossier libanais du congélateur et d'initier une dynamique salutaire pour le déblocage présidentiel et institutionnel.

Nombre de chancelleries occidentales craignent que l'implication du Hezbollah dans les combats en Syrie, notamment dans le Qalamoun, n'ait des répercussions sérieuses sur le Liban. Surtout que le parti chiite tente d'impliquer l'armée dans la bataille sous le slogan de la « lutte contre le terrorisme » et de l'épuration du jurd des miliciens pour les éloigner de Ersal.Les ministres du...

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