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Liban - Feuille de route

Double pensée

« Le progrès dans notre monde sera le progrès vers plus de souffrance.
L'ancienne civilisation prétendait être fondée sur l'amour et la justice.
La nôtre est fondée sur la haine. Dans notre monde, il n'y aura pas d'autres
émotions que la crainte, la rage, le triomphe et l'humiliation.
Nous détruirons tout le reste, tout. »
George Orwell, 1984.

 

À la mémoire de Nassir el-Assaad

À chaque saison politique sa palanquée de traîtres et de collaborateurs.
Saurait-on en effet imaginer un parti totalitaire et une pensée fasciste sans la figure du traître, de l'ennemi de la nation, tapie dans l'ombre, impatiente de mettre en œuvre le complot cosmogonique diabolique visant à anéantir tous les exploits héroïques de la glorieuse résistance ?
Non, évidemment.
L'univers concentrationnaire de la pensée unique, George Orwell en avait déjà fait le tour dès 1949, dans son exceptionnel 1984.
Dans l'espace chthonien orwellien dominé par le Parti, la guerre doit continuer indéfiniment sans victoire. Elle doit même devenir l'état naturel qui prévaut de manière permanente. Rien ne vaut en effet une société martiale, se croyant animée d'une mission messianique au point d'offrir en permanence ses enfants sur l'autel de la cause, comme ciment d'une pensée totalitaire, incapable de remettre en question les erreurs de ses chefs, qu'au demeurant elle ne voit plus, cécité de l'exaltation divine oblige.
Dans le roman étouffant d'Orwell, la réécriture de l'histoire est une constante. Elle se fait grâce à la double pensée, qui permet à l'esprit d'entretenir en même temps deux croyances contradictoires et de les accepter toutes deux. Enfin, et surtout, dans le monde de Big Brother, « le crime de penser n'entraîne pas la mort. Le crime de penser est la mort ».
Ironiquement, 1984 est l'année de l'émergence du Hezbollah sur la scène libanaise.
Est-il nécessaire de donner des exemples concrets illustrant cette inéluctable comparaison ?
Le problème, c'est que plus le secrétaire général du parti multiplie les apparitions, plus il revisite l'histoire à sa guise, notamment concernant les raisons qui l'ont conduit à s'embourber dans la guerre syrienne, et plus il redouble d'ampleur concernant sa volonté d'envoyer les fils de la communauté chiite – sur lesquels il ne saurait pourtant avoir droit de vie et de mort comme un chef de secte suicidaire ! – afin d'assurer une victoire totale qui est pourtant impossible. La Syrie est déjà perdue pour l'axe Khamenei-Assad. Combien de jeunes doivent-ils mourir inutilement pour que cette soif de sang soit enfin apaisée ?
La double pensée, c'est d'abord de prétendre « résister » contre Israël au nom de la nation arabe, alors que la seule bataille que l'on mène est orientée, au nom de la Perse islamique, contre le monde arabe islamique sur tous les fronts du Moyen-Orient.
La double pensée, c'est aussi de se réclamer des pourfendeurs de l'oppression, alors que la juste cause pour laquelle on pousse les siens au sacrifice est celle de défendre jusqu'au bout un tyran qui massacre, sans vergogne, depuis quatre ans, sa population, qui avec des armes chimiques, qui avec des fusées Grad et des barils explosifs.
La double pensée, c'est enfin de soutenir que l'on se bat sans relâche contre ces jihadistes syriens et le danger qu'ils représentent – quand bien même l'on n'a jamais mené bataille, ne serait-ce qu'une seule fois, contre Daech –, alors que l'on multiplie les menaces contre les personnalités indépendantes et libres de la communauté chiite qui osent commettre le crime de penser hors de la matrice du parti unique – comme autant de fatwas d'apostasie justifiant tous les crimes.
Il est temps, en effet, que prenne fin l'une des plus grandes turpitudes entretenues par le Hezbollah et ses alliés depuis le début de la guerre syrienne.
Car comment qualifier cette volonté d'écraser et d'annihiler tous ceux qui, au sein de sa région, de son pays et de sa communauté, ne pensent pas comme lui ?
N'est-ce pas l'autre nom, l'autre visage du « takfirisme » – contre lequel le secrétaire général du Hezbollah affirme pourtant lutter pour préserver les villages chiites, les églises chrétiennes et les membres du courant du Futur, selon ses allégations ?
Drôle de « défense », qui mélange inlassablement, dans l'art le plus pur de la double pensée, et depuis si longtemps déjà, « l'ami » et « l'ennemi », pour mieux anéantir toutes les forces de la modération au profit des forces radicales susceptibles de maintenir indéfiniment la montée aux extrêmes.

« Le progrès dans notre monde sera le progrès vers plus de souffrance.L'ancienne civilisation prétendait être fondée sur l'amour et la justice.La nôtre est fondée sur la haine. Dans notre monde, il n'y aura pas d'autresémotions que la crainte, la rage, le triomphe et l'humiliation.Nous détruirons tout le reste, tout. »George Orwell, 1984.
 
À la mémoire de Nassir el-Assaad
À...

commentaires (5)

Yasser Arafait disait jadis que la route de Jérusalem passe par Jounieh. Maintenant, la stratégie a changé, certains disent qu'elle passe pat les Îles Aléoutiennes !!!

Un Libanais

16 h 02, le 28 mai 2015

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Commentaires (5)

  • Yasser Arafait disait jadis que la route de Jérusalem passe par Jounieh. Maintenant, la stratégie a changé, certains disent qu'elle passe pat les Îles Aléoutiennes !!!

    Un Libanais

    16 h 02, le 28 mai 2015

  • Le fakkîh raconte sa triste vie. Il s'accuse d'avoir, de son bunker rouillé, dépensé en guéguerres et moult bêtises "divines" les millions d’USD per(s)cés qu'il avait aumônés, au lieu de trouver 1 vrai boulot. Mais se justifie, qu'il n'avait nobody pour le conseiller sauf ces Per(s)cés. Il devient mélancolique en se ressouvenant de sa vie : le jour où il s'est remis à ces tenanciers Per(s)cés. Et c'est la first fois qu'il se rappelle ces pathétiques mésaventures. Le fait est que ça le chagrine de regarder derrière lui et que ça doit être bon d'être « honnête » : "Honnête ! Yâ allâh, et avec quoi veux-t-on qu’il soit "honnête" ? Il se déclare pas pleurnicheur, mais que sa situation est triste et que ça n'est pas gai. Mais, à l'opposé du "repentir classique", mahééék, finit par énoncer, au sujet du passé, ce principe d'1 chïïtique fort : "Ce qui est fait, est fait." ! Le noirci considère sa catastrophe non comme 1 expression de lui, mais comme 1 sort qu'il n'a pas mérité. L’infortune peut changer. Il y croit ferme le pâmé, yâ hassértéééh ! Le bien et le mal, dans la conception de l’anthracite, ne sont pas des abstractions morales. Il est bon car il croit qu’il n'a jamais fait de mal à 1 chïïte, et qu’il a toujours fait des pieds et des turbans fakkîhistes envers son entourage chïïtique. C'est sa situation qui n'est pas bonne, car remplie de tourments takfiristo-sunnisto-hébraïques. C'est à sa "propre" nature qu'il mesure sa situation catastrophique, et point à l'idéal du bien.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 08, le 28 mai 2015

  • Un tel article se passe de commentaire! Si d'autres journalistes s'illuminaient d'une telle clairvoyance ils se seraient passés de nous abreuver d'inepties victorieuses et divines journellement.

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 07, le 28 mai 2015

  • Jamais, depuis la guerre de juillet 2006, sayyed Hassan Nasrallah n'est paru aussi troublé. Tout indique que la noyade du Hezbollah dans la sale guerre en Syrie est trop forte et déjà presque sans espoir. Il en résulte que le Hezb est perdu. En conséquence et malheureusement le Liban avec.

    Halim Abou Chacra

    06 h 16, le 28 mai 2015

  • rien a dire !!! c'est comme d'habitude lol

    Bery tus

    03 h 42, le 28 mai 2015

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