Rechercher
Rechercher

Liban - TSL

Siniora : Le Hezbollah a progressivement perdu sa légitimité

L'ancien chef de gouvernement se dit convaincu que l'arrestation des quatre généraux était légale et justifiée.

L'ancien chef de gouvernement, Fouad Siniora, a poursuivi hier son témoignage devant le Tribunal spécial pour le Liban, répondant aux questions d'Antoine Korkmaz, le conseil de l'un des cinq accusés dans l'affaire de l'assassinat de Rafic Hariri, Moustapha Badreddine. L'avocat a longuement interrogé le témoin sur l'affaire de la détention des quatre généraux (Sayyed, Hamdane, Hajj et Azar) arrêtés dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri, sur recommandation de la commission internationale d'enquête et relâchés quatre ans plus tard, sur une décision judiciaire du TSL.
« Leur arrestation a eu lieu conformément à la loi et aux prérogatives dont jouit le procureur général qui s'est fondé sur les recommandations des enquêteurs internationaux », a assuré M. Siniora à plusieurs reprises. « Personnellement j'étais convaincu que leur détention était légale et justifiée », a-t-il insisté, avant de relever que les officiers ont commis des « erreurs » et ont failli à leur mission de protéger l'ancien Premier ministre. « Mon souci était de respecter la décision judiciaire en vigueur », a martelé le témoin.

Prié de dire s'il était au courant du rapport de la commission des droits de l'homme de l'Onu qualifiant d'« arbitraire » la poursuite de la détention des quatre généraux, M. Siniora a répondu par l'affirmative, soulignant que son gouvernement avait répondu à ce rapport.
Le témoin a réaffirmé que la décision de l'arrestation des officiers a été prise sur recommandation internationale tout comme leur libération, qui n'a été possible qu'après la décision prise par le TSL. Le président de la chambre de première instance, le juge David Re, lui a demandé s'il estimait toutefois que les autorités libanaises avaient la prérogative de les libérer avant le début des travaux du TSL. Ce à quoi, M. Siniora a répondu en affirmant que cela « est vrai en théorie mais non dans la pratique ». « Comment les autorités libanaises pouvaient-elles prendre une telle décision alors que l'affaire continuait de faire l'objet d'une enquête ? »
a-t-il demandé.

 

(Lire aussi : « Ils ne pourront pas m'intimider », avait dit Rafic Hariri à propos du Hezbollah )


L'ancien Premier ministre a rejeté la suggestion de la défense qui insinuait que la poursuite de la détention était motivée par des considérations politiques. « Ce n'est pas une question d'inimitiés personnelles, encore moins une position politique. Il y a quand même eu un crime de grande envergure suivi d'une série d'attentats meurtriers », a-t-il lancé. Et de relever, un peu plus loin, que la libération des quatre généraux en 2009 à la demande du TSL « a eu lieu deux mois avant les élections. C'est une preuve que la décision était judiciaire et non politique ».
Se fondant sur un document tiré de WikiLeaks, la défense l'a interrogé sur une suggestion qui lui aurait été faite par les Américains lesquels l'auraient incité à accepter le déploiement de forces onusiennes aux frontières et à l'aéroport, au lendemain de la guerre israélienne contre le Liban en 2006. Un long échange s'en est suivi sur la valeur probante de ce document, le juge Re ayant rappelé à la défense une décision de la chambre en date du 21 mai dernier rejetant l'admissibilité des documents WikiLeaks. Le président de la chambre n'a pas manqué de relever au passage que ce sujet – qui s'étirait en longueur – n'avait aucun lien avec l'affaire Hariri. M. Siniora a fini toutefois par répondre en affirmant que le gouvernement libanais est « resté sur sa position en dépit de toutes les pressions et a refusé la proposition » de Jeffrey Feltman, l'ambassadeur US à l'époque et de Terjé Roed-Larsen, chargé par le secrétaire général de l'Onu de superviser la cessation des hostilités entre le Liban et Israël. Tout autre propos suggérant le contraire est « infondé », a assuré le témoin.

 

(Lire aussi : Hani Hammoud devant le TSL : Le Hezbollah avait mis en garde Rafic Hariri contre son attitude antisyrienne)



L'audience de l'après-midi a été consacrée aux relations entre Rafic Hariri et le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans la foulée de la prorogation du mandat de l'ancien chef d'État, Émile Lahoud, et de l'adoption de la 1559. À plusieurs reprises, la défense a tenté de prouver que les deux hommes étaient en très bons termes, tantôt en évoquant les réunions qui avaient eu lieu entre eux – et qui auraient abouti, selon Me Korkmaz, à l'accord électoral quadripartite de 2005 – tantôt en diffusant des photos et une bande vidéo qui devaient confirmer l'avis de Me Korkmaz. Une thèse que M. Siniora s'est employé à nuancer, assurant que l'on ne pouvait analyser les relations entre les deux hommes et, par la suite, entre le Hezbollah et le courant du Futur sans prendre en compte le contexte en cause et l'évolution du rôle du parti chiite au cours des années.

M. Siniora a d'abord réfuté le fait que les négociations électorales qui avaient eu lieu avant l'assassinat de Rafic Hariri, qualifiées par Me Korkmaz de « stratégiques », aient été couronnées par l'accord quadripartite de 2005, assurant que les deux processus doivent être séparés.
« Entre septembre et février 2005, les discussions autour de la loi électorale avaient pour objectif de faire perdre à Rafic Hariri les élections », alors que l'accord électoral de 2005 (regroupant le Hezbollah, Amal, le courant du Futur et le PSP ) avait pour objectif « de faire baisser la tension », a-t-il dit.
M. Siniora a par ailleurs assuré n'avoir jamais qualifié le Hezbollah de mouvement terroriste, encore moins de milice, du moins avant 2007. « Toutefois, cette position a commencé à changer après 2007, lorsque le parti a pointé ses armes vers l'intérieur libanais. » Et de rappeler que son bras armé a atteint par la suite la Syrie, l'Irak et le Yémen.
Par conséquent, a-t-il poursuivi, « le parti a progressivement perdu sa légitimité ». Le témoin a repris le fameux slogan justifiant les combats à Beyrouth en mai 2008, lorsque le Hezbollah avait proclamé : « Nous irons les chercher avant qu'ils ne viennent jusqu'à nous. » Et d'ajouter : « Une grande partie des Libanais qui soutenait le Hezbollah a changé de position aujourd'hui. »
L'ancien Premier ministre a enfin souligné que jusqu'à ce jour, le courant du Futur poursuit le dialogue avec le Hezbollah, car il n'y a pas d'autres solutions. « Cela ne veut pas dire que nous sommes alliés. »

 

Pour mémoire
Majdalani au TSL : « Abou Adass » pourrait avoir été incarcéré dans la première cellule de Geagea

« Bachar el-Assad est un despote, mais pas le seul dans le monde arabe », affirme Joumblatt

L'ancien chef de gouvernement, Fouad Siniora, a poursuivi hier son témoignage devant le Tribunal spécial pour le Liban, répondant aux questions d'Antoine Korkmaz, le conseil de l'un des cinq accusés dans l'affaire de l'assassinat de Rafic Hariri, Moustapha Badreddine. L'avocat a longuement interrogé le témoin sur l'affaire de la détention des quatre généraux (Sayyed, Hamdane, Hajj et...

commentaires (1)

Quelle "légitimité", et pourquoi seulement.... "progressivement" !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

12 h 43, le 28 mai 2015

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Quelle "légitimité", et pourquoi seulement.... "progressivement" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 43, le 28 mai 2015

Retour en haut