Chypre dénonce des propos de l'ambassadeur américain sur l'invasion turque

Le gouvernement chypriote-grec a jugé "inacceptables" mercredi les propos tenus par l'ambassadeur américain à Nicosie, qui a affirmé que l'invasion du nord de l'île par la Turquie en 1974 ne constituait pas "le coeur du problème de Chypre", divisée depuis 40 ans.

Lors d'un débat à l'Université de Chypre mardi, John M. Koenig a déclaré: "personnellement, je ne considère pas la question chypriote comme essentiellement un problème d'invasion et d'occupation. Si vous n'aimez pas cela, je n'y peux rien". "Je ne considère pas cela comme le coeur du problème chypriote", a-t-il ajouté, en soulignant que le conflit avait commencé "il y a 50-51 ans" avec les heurts communautaires.

Ces commentaires sont "inacceptables" et "contredisent complètement les faits historiques", a dénoncé devant la presse le porte-parole du gouvernement de la République de Chypre, Nicos Christodoulides. "De telles déclarations créent des problèmes dans le dialogue en cours", a-t-il ajouté, en faisant référence aux pourparlers entre dirigeants chypriote-grec et chypriote-turc sur une réunification de l'île, qui ont repris mi-mai.
M. Koenig quitte l'île en août pour prendre sa retraite.

L'élection fin avril à la tête de la République turque de Chypre du Nord (RTCN) de Mustafa Akinci, favorable de longue date à une réconciliation, a ravivé les espoirs d'une réunification. Chypre est coupée en deux depuis 1974 et l'invasion du tiers nord de l'île méditerranéenne par la Turquie, en réaction à un coup d'Etat nationaliste visant à la rattacher à la Grèce. Ankara a toujours plusieurs dizaines de milliers de soldats stationnés sur l'île.
Mais des heurts communautaires avaient éclaté dès 1958, et une nouvelle flambée de violences meurtrières avait eu lieu en 1963, laissant près de 500 Chypriotes-turcs portés disparus.

Une nouvelle rencontre entre M. Akinci et le président chypriote-grec Nicos Anastasiades est prévue jeudi, sous l'égide de l'Onu. Les deux hommes devraient annoncer des mesures destinées à instaurer un climat de confiance entre les deux parties, dont l'ouverture de nouveaux points de passage, selon les médias locaux.
Les premiers points de passage, visant à permettre les déplacements des habitants et la communication entre les deux communautés, ont ouvert en 2003.