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Liban - Décryptage

De Téhéran à Aden, le « croissant de la résistance » et un même front, selon un diplomate iranien

Au début du troisième mois de la guerre saoudienne au Yémen, au nom d'une coalition de plus en plus fragile, la situation semble se compliquer et les divergences entre le royaume wahhabite et la République islamique d'Iran s'approfondissent.
Connus pour leur diplomatie de longue haleine et pour leur souci de ne jamais rompre totalement les liens avec leurs ennemis et leurs adversaires (c'est ce qui leur a d'ailleurs permis de négocier pendant près de 12 ans avec l'Occident sur leur dossier nucléaire), les Iraniens ne cachent plus désormais leurs critiques à l'égard du régime saoudien. Il ne s'agit plus de simples attaques verbales lancées par le secrétaire général du Hezbollah, ou par le président syrien. Ce sont désormais les plus hauts dirigeants iraniens, comme l'ayatollah Ali Khamenei, jusqu'aux responsables militaires et diplomatiques, qui ne ménagent plus ouvertement les dirigeants saoudiens. Ce qui est en soi un indice de la gravité de la situation et de l'impossibilité d'amorcer le moindre dialogue politique ou diplomatique entre ces deux puissances régionales.
Le seul dialogue en cours est donc celui qui se fait sur les scènes régionales, à coups de canon, de percées ou de replis.
Un diplomate iranien au Liban précise ainsi que le front commence à Téhéran et se termine au Yémen. Certains l'appellent « le croissant chiite » mais, selon le diplomate iranien, c'est une appellation injuste qui vise à donner à ce « front » une coloration confessionnelle, alors qu'il s'agit d'une forte alliance unie sur la base d'une vision commune qui comporte des groupes de différentes religions et confessions, comme les sunnites du Hamas, et donc, une branche des Frères musulmans, celle qui appuie l'esprit de la résistance. Le diplomate iranien explique que si l'on veut comprendre la région, il faut la regarder dans son ensemble, et lorsqu'un coup est porté au Yémen, la riposte peut se faire au Qalamoun ou ailleurs. De même, si le coup est porté à Palmyre ou à Jisr el-Choughour, la riposte peut se faire à Aden ou à la frontière saoudo-yéménite. Ce front, ajoute le diplomate iranien, a peut-être la forme d'un croissant, mais il s'agit du « croissant de la résistance », et, s'il parvient à remporter une victoire au Yémen, c'est qu'il aura gagné ailleurs, puisque ce pays en constitue le dernier morceau.
Dans l'optique iranienne, la guerre du Yémen n'avait aucune raison d'éclater de cette manière. Ce ne sont pas les Iraniens qui ont demandé à Ansarullah de prendre Aden, ils l'ont fait d'eux-mêmes lorsqu'ils ont vu la volte-face de Mansour Hadi, à la demande des Saoudiens, contre l'accord qui avait été conclu sous l'égide de l'émissaire des Nations unies. Au contraire, et les sources américaines le confirment, les Iraniens ont plutôt conseillé à Ansarullah la prudence et la retenue, mais les Saoudiens n'ont rien voulu entendre et n'ont laissé aucune place à l'entente. Pourtant, ils n'en finissent pas d'essuyer les coups, le dernier en date étant l'utilisation par Ansarullah, deux mois après le début de l'offensive saoudienne, d'obus de missiles de moyenne portée (60 km) à la frontière avec l'Arabie. Plus encore, une brigade entière saoudienne s'est rendue aux troupes yéménites, il y a une semaine. Les militaires ont pris la fuite, laissant sur place leurs équipements et leurs armes.
En dépit de ces faits et des condamnations internationales (au moins de la part des ONG humanitaires) de plus en plus nombreuses face à la férocité des bombardements aériens saoudiens, l'Arabie et ses alliés yéménites s'obstinent dans leur projet et refusent de faire la moindre concession. Ce qui, selon le diplomate iranien, les mènera forcément à un échec de plus en plus cuisant et pourrait même avoir des conséquences sur l'intérieur saoudien. Le diplomate iranien évoque d'ailleurs des divergences au sein de la famille royale sur la guerre au Yémen et sur les nouveaux rapports de force au sein du pouvoir saoudien. Selon lui, le prince Saoud al-Fayçal n'aurait pas été démis de ses fonctions au ministère des AE à cause de son état de santé, qui existe depuis des années, mais parce qu'il s'est opposé à la façon dont le roi actuel a balayé les volontés de son prédécesseur, pourtant adoubées par la famille régnante, en changeant le successeur du prince héritier, remplaçant ainsi l'émir Moqren par l'émir Mohammad ben Salmane. Ce dernier dispose désormais de nombreux pouvoirs, alors que, selon des rapports diplomatiques, il serait trop jeune pour s'occuper des affaires du royaume, tout en dirigeant la guerre au Yémen. Il aurait d'ailleurs installé autour de son père, le roi Salmane, une sorte de réseau protecteur qui empêche ceux qui n'ont pas son propre aval de le voir. La situation au royaume serait donc assez complexe, et les rumeurs de cour se multiplient, sachant que le pouvoir est désormais concentré entre Mohammad ben Nayef et Mohammad ben Salmane, autrement dit entre le prince héritier et son propre successeur qui ne veut pas que l'expérience de l'émir Moqren se répète...
Cette atmosphère pesante est confirmée par des diplomates occidentaux en poste à Riyad, qui affirment que bien que le pays soit opaque, le sentiment que la guerre au Yémen soit devenue un bourbier se précise, surtout face à l'impossibilité de lancer une offensive terrestre.
Le seul espoir réside donc désormais dans les efforts déployés par le sultanat d'Oman qui accueille une délégation d'Ansarullah et reçoit demain la visite du ministre iranien des AE. Mais il faudrait, pour que ces efforts réussissent, que les Saoudiens et leurs alliés soient un peu plus réalistes dans leurs exigences, selon le diplomate iranien.
En attendant, les scènes continuent de s'embraser, de l'Irak à la Syrie. Au Liban, le fossé s'approfondit, et si le dialogue entre le courant du Futur et le Hezbollah n'est pas rompu, les positions deviennent de plus en plus difficiles à concilier, notamment en raison de la pression de la rue, chauffée au rythme des combats dans le Qalamoun syrien...

Au début du troisième mois de la guerre saoudienne au Yémen, au nom d'une coalition de plus en plus fragile, la situation semble se compliquer et les divergences entre le royaume wahhabite et la République islamique d'Iran s'approfondissent.Connus pour leur diplomatie de longue haleine et pour leur souci de ne jamais rompre totalement les liens avec leurs ennemis et leurs adversaires (c'est...

commentaires (8)

Tout cela , Madame Scarlett , montre quelque part une intention de rabattre le caquet des saoudiens Megalos qui s erigent en patrons incontournables et dont le principal souci est de regenter toute la region .. Ca me rappelle la pauvre grenouille qui Veut Se faire aussi grosse que le boeuf ..

Hitti arlette

16 h 32, le 27 mai 2015

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Tout cela , Madame Scarlett , montre quelque part une intention de rabattre le caquet des saoudiens Megalos qui s erigent en patrons incontournables et dont le principal souci est de regenter toute la region .. Ca me rappelle la pauvre grenouille qui Veut Se faire aussi grosse que le boeuf ..

    Hitti arlette

    16 h 32, le 27 mai 2015

  • Au bout de 4 années de guerre en Syrie menées par ce croissant chïïtique si fragile, Rien ne va + entre le Royaume Saöudite et ces Per(s)cés persiques. Connus pour leur fine diplomatie (c'est ce qui leur a permis de durer presque 1 siècle), ces Princes Arabes ne cachent + leurs critiques à l'égard de ce régime Per(s)cé. Il ne s'agit + d’attaques lancées par 1 simple mufti. Ce sont ces Princes qui ne ménagent + ces mollâhs Per(s)cés. Ce qui est 1 indice de l'impossibilité d'amorcer 1 dialogue avec des énergumènes. Le seul dialogue possible avec eux est celui qui se fait à coups de sabre et de canon. Un de leurs diplomates Princiers précise que le front commence à la Mecque et se termine au Yémen. Certains l'appellent le front "saöûdien" mais, selon ce Prince, c'est injuste car ça ne vise qu’à lui donner 1 genre confessionnelle, alors qu'il s'agit d'1 alliance basée sur 1 vision commune comportant des groupes différents comme les Chrétiens Cédraies du Liban ; ceux donc qui appuient l’Arabisme. Il explique que si l'on veut comprendre, faut regarder l’ensemble, et lorsqu'1 coup est porté au Yémen, la riposte se fait à Idlibb. Et, s’il est porté à Aden, la riposte se fera à Palmyre ou même à la frontière Per(s)cée iranàRienique. Ce front, ajoute l’éhhh Arabe et Prince, a soi-disant la forme d'1 croissant, alors qu’il s'agit de l’Arabisme vrai, qui, quand il remporte 1 victoire en Syrie, c'est qu'il aura gagné, puisque ce kottorr-contrée en constitue le dernier carré. Mahééék ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 20, le 27 mai 2015

  • QUAND LA LIBRE ANALYSE NE PEUT PAS S'EXPRIMER... C'EST PLUS QUE DOMMAGE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! ET JE VOUS PRIE DE PUBLIER...

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    09 h 26, le 27 mai 2015

  • SELON MADAME SCARLETT HADDAD... PLUTÔT !!!

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    06 h 59, le 27 mai 2015

  • Selon un diplomate de bon sens et de grande vue sur le Moyen-Orient, de Téhéran à Baghdad, à Damas, à Beyrouth, à Aden, le croissant de l'impérialisme perse sous couvert du mensonge de la résistance. Cet impérialisme est doublé de fanatisme et d'aveuglement chiites, ainsi que de discrimination et de persécution bêtes des masses sunnites. Cet état de choses fait surgir ou ressuscite, dans le monde musulman sunnite, l'extrémisme islamiste, les Daech, les Nosra et toutes les barbaries possibles et imaginables. Tant et si bien que ledit impérialisme perse et ses bras, comme le gouvernement chiite de Baghdad, le régime alaouite de Damas et le Hezbollah au Liban, en sont débordés et subissent de cuisants échecs, comme on le voit en Irak et en Syrie. Le résultat général est la destruction totale et l'exténuation de tous ces pays touchés par ledit croissant de l'impérialisme perse.

    Halim Abou Chacra

    05 h 20, le 27 mai 2015

  • Les croissants ont toujours eu une symbolique positive et poetique... et celui de la résistance aux criminels et aux intrus, encore plus. Alors, Vivent les croissants! Et bien sur... Scarlett for presidainte, meme s'il on devait modifier taef et ses alentours!

    Ali Farhat

    03 h 23, le 27 mai 2015

  • "alors qu'il s'agit d'une forte alliance unie sur la base d'une vision commune qui comporte des groupes de différentes religions et confessions, comme les sunnites du Hamas, et donc, une branche des Frères musulmans, celle qui appuie l'esprit de la résistance." differente religions?!?!? expliquez vous svp pour le hamas c'est conjoncturel et non ideologique donc ils peuvent se retourner (d'ailleurs ils l'ont deja fait par le passee) les freres musulmans?!?!? n'est ce pas vous meme qui les accusaient quand Morsi etait au pouvoir (s'il faut voir la region dans son ensemble) mais dite moi ou sont les CHRETIENS?!?!?!?! je n'ai plus finit l'article car dire que c'est a cause de hadi que la guerre a eclater aussi simplement que ca c'est vraiment nous prendre pour des prunes ... qui a commencer les exactions sur le terrain?!?!?! bien avant que cela arrive au preneurs de décisions et qui a attaquer qui pendant justement le round de negociation? et de plus y etiez vous, qui nous dis qu'il n'y avait pas une certaine condescendance(je veux dire par les inacceptable demandes) de la part des houthis pendant les négociations?

    Bery tus

    02 h 05, le 27 mai 2015

  • "en changeant le successeur du prince héritier, remplaçant ainsi l'émir Moqren par l'émir Mohammad ben Salmane." Ce n'est pas le successeur du Prince héritier qui a été remplacé. C'est Moqren Ben Abdel-Aziz, nommé vice-prince héritier par le Roi Abdallah ben Abdel-Aziz en 2014, devenu prince héritier à l'arrivée au pouvoir du Roi Salman, qui a été supprimé de la ligne de succession, pour être remplacé par celui qui était jusqu'alors son prince héritier, Mohammed Ben Nayef, puissant ministre de l'intérieur par ailleurs. La 3ème place dans l'ordre de succession revenant ainsi au jeune Mohammed Ben Salman, fils du roi et ministre de la défense.

    Ashjian Andreas

    01 h 52, le 27 mai 2015

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