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Japon : la justice donne raison à des profs sanctionnés pour refus de chanter l'hymne national

La justice japonaise a ordonné aux autorités de dédommager des enseignants pénalisés pour avoir refusé d'entonner l'hymne national, a-t-on appris mardi auprès des intéressés, inquiets de la recrudescence du nationalisme dans le système éducatif.

Le tribunal de Tokyo a condamné la municipalité à verser la somme totale de 537 millions de yens (4 millions d'euros) aux plaignants, 22 anciens professeurs du secondaire. Leur indiscipline leur avait coûté cher: ils n'avaient pas été réembauchés une fois atteint l'âge de la retraite, comme le prévoit pourtant un programme spécial.

Le "Kimigayo", hymne national nippon depuis la fin du 19e siècle, dont les paroles sont dédiées à l'Empereur du Japon, sonne aux oreilles de certains comme un chant à la gloire du militarisme. "Il faut faire preuve de prudence quand on sanctionne des gens parce qu'ils ont agi selon leurs propres convictions", a estimé le juge Toru Yoshida, selon la chaîne de télévision publique NHK. L'administration de la métropole tokyoïte "a abusé de son pouvoir", a-t-il ajouté, rappelant que les professeurs n'avaient pas perturbé le déroulement des cérémonies de remise de diplômes en question.

Eishun Nagai, 68 ans, l'un des enseignants concernés, a salué "une grande décision qui pourrait donner un peu d'air aux professeurs dans les écoles". "Après notre sanction, ils s'étaient sentis menacés et n'osaient plus exprimer leurs opinions auprès de leurs supérieurs", a-t-il relaté, dénonçant "une éducation par l'Etat, comme c'était le cas jusqu'à la fin de la guerre".

Le Premier ministre Shinzo Abe, un nationaliste, qui avait lui-même entonné début 2013 le "Kimigayo" pour marquer d'un geste symbolique son retour au pouvoir, a appelé le mois dernier à faire respecter cette pratique non seulement dans les écoles primaires et secondaires, mais aussi dans les universités publiques.

Plusieurs batailles judiciaires ont opposé au cours des années les enseignants et leur direction sur ce sujet devenu très sensible, dans un contexte de pression des conservateurs afin de réviser ou édulcorer l'Histoire. En 2012, la Cour suprême avait jugé qu'il n'était pas anticonstitutionnel de sanctionner des professeurs pour un tel refus de chanter, tout en mettant en garde contre un châtiment plus sévère qu'une simple réprimande.

La justice japonaise a ordonné aux autorités de dédommager des enseignants pénalisés pour avoir refusé d'entonner l'hymne national, a-t-on appris mardi auprès des intéressés, inquiets de la recrudescence du nationalisme dans le système éducatif.
Le tribunal de Tokyo a condamné la municipalité à verser la somme totale de 537 millions de yens (4 millions d'euros) aux plaignants, 22...