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Liban - Repère

Vacance présidentielle au Liban : les précédents

Photo d’archives

Au Liban, les périodes de vacance à la présidence ont chacune leur histoire, leur contexte politique et leur débat constitutionnel. Retour sur les quatre cas de vacance à la tête de l'État, à travers l'histoire.

 

1952, quatre jours de vacance

 

A gauche, Béchara el-Khoury. A droite, Camille Chamoun.


Le 18 septembre 1952, le président Béchara el-Khoury démissionne sous la pression d'une grève générale qui paralyse le pays. L'appel à la grève, que l'histoire retiendra sous le nom de « Révolution blanche », avait été lancé deux jours plus tôt par l'opposition dirigée par Camille Chamoun et Kamal Joumblatt.
Cette grève marque l'apogée d'une crise qui couvait depuis 1948, année du vote par le Parlement d'une loi amendant la Constitution pour permettre au président el-Khoury un renouvellement exceptionnel de son mandat. Kamal Joumblatt, lui, faisait partie des sept députés à s'être prononcés contre cette décision. Camille Chamoun, chef de file du bloc parlementaire du Destour, loyal au chef de l'État, s'y oppose et passe dans l'opposition dont il prend la tête.
La position de Béchara el-Khoury s'affaiblit encore un peu plus lorsque son Premier ministre Riad el-Solh est assassiné le 17 juillet 1951 à Amman, en Jordanie.
À la suite de la démission du président el-Khoury, le commandant en chef de l'armée de l'époque, le général Fouad Chéhab, est désigné à la tête d'un gouvernement provisoire restreint dont la mission est d'assurer l'élection d'un nouveau président. Camille Chamoun sera élu cinq jours plus tard, le 23 septembre 1952.

 

 

1988-1989, 408 jours de vacance

 

A gauche, Michel Aoun. A droite, René Moawad.

Alors que le mandat du président Amine Gemayel arrive à son terme, le 23 septembre 1988, le camp syrien tente d'imposer l'ancien président Sleimane Frangié à la magistrature suprême. Pour s'opposer à ce « diktat », l'armée et les Forces libanaises dressent des barrages pour empêcher les députés d'élire un président.
Damas se rabat alors sur le député du Akkar, Mikhaël Daher, comme successeur à Gemayel, selon les termes d'un accord passé entre le président Hafez el-Assad et l'envoyé spécial des États-Unis, le sous-secrétaire d'État Richard Murphy, qui prononcera une phrase restée dans les annales : « Ce sera Mikhaël Daher ou le chaos. »
Mais les députés chrétiens réunis à Bkerké sous l'égide du patriarche Sfeir, ainsi que l'ensemble du camp chrétien – au sein duquel émergent les candidatures de Dany Chamoun et du général Michel Aoun, commandant en chef de l'armée – n'assurent pas le quorum indispensable pour tenir l'élection.
Quelques minutes avant l'expiration de son mandat, et après de multiples tentatives de former un gouvernement civil, notamment sous la présidence de Pierre Hélou, le président Gemayel nomme Michel Aoun Premier ministre et chef du gouvernement militaire par les décrets 5 387 et 5 388. Son gouvernement cohabitera avec celui de Sélim Hoss. Revenu sur la décision du Premier ministre Rachid Karamé – assassiné le 1er juin 1987 – de suspendre sa participation au sein du Conseil des ministres, M. Hoss refuse de céder le pouvoir, jugeant anticonstitutionnelle la nomination de M. Aoun au poste de Premier ministre.
La présidence restera vacante 409 jours, jusqu'à l'élection de René Moawad le 5 novembre 1989 par la Chambre des députés, réunie sur la base aérienne de Kleiate. M. Moawad sera néanmoins assassiné 17 jours plus tard et remplacé par Élias Hraoui.
Alors que la Constitution préconisait jusqu'alors la nomination d'un chef de gouvernement provisoire chrétien pour assurer l'intérim en cas de vacance présidentielle, l'accord de Taëf, signé le 22 octobre 1989, change la règle établie. L'article 62 de la nouvelle Constitution stipule qu'« en cas de vacance de la présidence de la République pour quelque raison que ce soit, les pouvoirs du président de la République sont exercés à titre intérimaire par le Conseil des ministres ». De type présidentialiste, le régime devient parlementaire.

 

 

2007-2008, 184 jours de vacance

 

A gauche, Émile Lahoud et Élias Hraoui. A droite, Michel Sleiman.


Lorsque son mandat, prorogé trois ans plus tôt, arrive à son terme le 23 novembre 2007, Émile Lahoud apparaît comme l'homme lige de la Syrie. Deux ans après le retrait des troupes syriennes du Liban en 2005, l'antagonisme entre la coalition du 14 Mars et l'opposition du 8 Mars, dirigée par le Hezbollah et à laquelle s'est joint le Courant patriotique libre (CPL) de Michel Aoun, est à son paroxysme.
Plusieurs candidatures émergent alors. Au sein de la coalition du 14 Mars, Robert Ghanem, Boutros Harb et Nassib Lahoud se déclarent. De l'autre côté du spectre politique, le 8 Mars soutient les candidatures de Michel Aoun et du leader du parti Marada, Sleimane Frangié. À ces candidatures s'ajoutent celles que soutient le patriarche maronite de l'époque, Nasrallah Sfeir.
Le débat politique s'accompagne d'un débat d'ordre constitutionnel sur le quorum nécessaire pour tenir une séance d'élection présidentielle.
La nécessité de trouver un candidat dit de consensus apparaît alors comme la solution pour combler le vide présidentiel, mais aussi pour mettre un terme aux violences qui opposent les partisans du Hezbollah, soutenu par la Syrie et l'Iran, aux partisans du courant du Futur, appuyé par l'Arabie saoudite et les États-Unis.
C'est à Doha, au Qatar, que l'ensemble des partis politiques se mettront d'accord sur l'élection du commandant en chef de l'armée, le général Michel Sleiman, à la présidence de la République. Le 25 mai 2008, il obtient 118 voix sur 127.

2014–... ?

 

Michel Sleiman, de Baabda à son village natal de Amchit.


Michel Sleiman quitte ses fonctions le 25 mai 2014. Depuis le 23 avril 2014, 23 séances parlementaires consacrées à l'élection d'un nouveau président de la République ont été convoquées. La première n'a pas débouché pas sur l'élection d'un nouveau chef de l'État, aucun des candidats n'obtenant le nombre de voix nécessaires. Les 22 séances suivantes tournent court, le quorum des deux tiers (86 députés sur 128) n'étant pas atteint en raison du boycott des séances par les députés du CPL et de ses alliés. Une vingt-quatrième séance est fixée au 3 juin prochain.

 

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Au Liban, les périodes de vacance à la présidence ont chacune leur histoire, leur contexte politique et leur débat constitutionnel. Retour sur les quatre cas de vacance à la tête de l'État, à travers l'histoire.
 
1952, quatre jours de vacance
 

A gauche, Béchara el-Khoury. A droite, Camille Chamoun.
Le 18 septembre 1952, le président Béchara el-Khoury démissionne sous la...

commentaires (2)

C'ÉTAIENT DES MAUX DE TÊTE... AUJOURD'HUI C'EST LE CANCER...

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 35, le 26 mai 2015

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Commentaires (2)

  • C'ÉTAIENT DES MAUX DE TÊTE... AUJOURD'HUI C'EST LE CANCER...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 35, le 26 mai 2015

  • Après 72 ans de crises politiques diverses, les Libanais ont démontré qu'ils ne sont pas capables de se gouverner. Vivement un Mandat français !

    Un Libanais

    15 h 06, le 25 mai 2015

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