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Diaspora que pourra...

Près de 1 200 participants, des émigrés libanais œuvrant dans les domaines d'activité les plus divers et venus de 73 pays pour se retrouver, l'espace de quelques jours, sur leur terre d'origine : initiative louable, certes, que ce congrès Lebanese Diaspora Energy qui s'est ouvert jeudi dans un hôtel de Beyrouth sous les auspices du ministre des Affaires étrangères ; mais fallait-il absolument que s'en mêlent les rivalités sectaires et la politique politicienne ?

Il est effectivement grand temps que l'on se souvienne des Libanais d'origine autrement que par des manifestations à caractère folklorique agrémentées de dabké et de kebbé. Ces émigrés sont loin d'être tous des magnats ; mais pris ensemble, milliardaires ou modestes épiciers, ils n'en représentent pas moins un véritable trésor national. Or, ces émigrés, que l'on trouve (Liban partout) jusque dans les coins les plus reculés de la planète et dont on attend tellement, ont des droits que persiste à leur dénier pourtant la mère patrie. Le premier de ces droits est la faculté, pour ceux qui le souhaitent, de récupérer la citoyenneté libanaise et de la transmettre à leur descendance : tout cela en vertu d'une loi en bonne et due forme. Oui, d'une loi, et non point à coups de décrets intempestifs, tel celui de 1994 qui accordait la naturalisation à près de 200 000 personnes en bousculant outrageusement cette règle d'or du Liban qu'est l'équilibre intercommunautaire.

C'est précisément à l'adoption d'une telle législation qu'œuvre inlassablement la Fondation maronite dans le monde, objectif qu'a lui aussi désigné le ministre des AE. Maronite, cette fondation créée en 2006 ? Résolument, sans la moindre équivoque ; mais c'est aux émigrés de toutes les confessions qu'elle destine cette loi du retour sous le feuillage du cèdre, dont le vote continue de se heurter néanmoins à de tenaces oppositions.

Phénomène encore plus grave, c'est au sein même de la diplomatie libanaise que vient de se déclarer le mal, le ministre se voyant reprocher en effet d'avoir organisé le congrès de la diaspora en court-circuitant son propre directeur de la section des émigrés. Résultat : dès la séance inaugurale, les travaux ont été boycottés par les officiels et notables relevant des deux grandes formations chiites, Amal et le Hezbollah. Des décennies durant, celles-ci ont régné en maîtres sur le palais Bustros et elles sont loin de cautionner, en réalité, la reconquête des prérogatives chrétiennes dont leur propre allié, le général Michel Aoun, beau-père du ministre Bassil, se veut le champion.

Pour finir, ce très significatif cri du cœur lancé par un des intervenants au congrès : c'est entre eux que les Libanais du Liban doivent rétablir le contact, avant que de songer à l'étendre à la diaspora. C'est bien devant la porte de la maison mère qu'il faut commencer par balayer.

Issa GORAIEB
igor@lorient-lejour.com.lb

Près de 1 200 participants, des émigrés libanais œuvrant dans les domaines d'activité les plus divers et venus de 73 pays pour se retrouver, l'espace de quelques jours, sur leur terre d'origine : initiative louable, certes, que ce congrès Lebanese Diaspora Energy qui s'est ouvert jeudi dans un hôtel de Beyrouth sous les auspices du ministre des Affaires étrangères ; mais fallait-il...