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Lifestyle - Un peu plus

Cruel summer

La semaine a commencé avec une grosse chaleur. On a rouspété, grognassé, sans réaliser que l'été a bel et bien commencé. Et c'est ça le plus important, l'été a commencé. Parce que quoi qu'on dise sur l'état de notre pays, sur les injustices, la dégueulasserie du système judiciaire, sur l'absence de président et de gouvernement, sur l'état des routes et sur tout le reste qui nous donne des envies de meurtre, l'été libanais est ce qu'on a de mieux. De plus gai, de plus festif, de plus agréable. Parce que quoi qu'on dise, dès les premiers rayons de soleil, quelque chose de plus doux prend forme. Et cette douceur nous enveloppe d'une sérénité insoupçonnée. Le Liban, c'est ça. Ce sont d'abord ces avions bondés d'expats et de touristes. C'est la porte d'arrivée de l'aéroport, chargée d'émotion(s). Ce sont ces retrouvailles souvent annuelles où les tables se dressent, les chambres d'adolescents renaissent, où les maisons redeviennent bruyantes et où le sourire des mères se fait plus grand. Le Liban, c'est surtout le soleil et la mer. Aussi polluée ou sale soit-elle, c'est la mer. C'est cette chance qu'on a de plonger dans la grande bleue... quand on veut. Quant à l'immunité, cela fait des années qu'on la acquise. L'été au Liban, c'est la saison des festivals. Ce sont des concerts en bord de mer, des spectacles en montagne. Ce sont Angus and Julia Stone, Alt J, Jamel Debbouze, Earth Wind and Fire, ou John Legend. Ce sont ces bus que l'on prend à plusieurs, ces « man'ouchés » qu'on mange sur l'autoroute, ces chansons que l'on fredonne avec ses copains. Ces copains qui convoleront cet été et qui nous offriront un mariage différent des autres. En baskets la journée, à Chypre, sur une île grecque ou en catimini, et qui nous réconcilieront avec ces noces qu'on trouvait barbantes. Le Liban, ce sont des randonnées, des promenades à vélo, la découverte de nos régions. Ce sont des nuits dans les nombreuses nouvelles maisons d'hôte qui ont ouvert leurs portes. Ce sont ces petits déjeuners d'œufs au plat et de « foul mouddamas ». C'est l'odeur du jacaranda sur les « vérandas », le grincement d'une « hezzézé », la sieste des grands-parents et le village qui devient étonnamment silencieux. L'été, ce sont les plages encore vierges de Batroun, les criques qu'on découvre à Chekka, Tyr qui connaît un regain d'amour. Le Liban, c'est le soleil et son bronzage. Les joues rosées des enfants qui courent dans tous les sens. Les petits avec flotteurs et les plus grands qui jouent au foot sur la plage, deux châteaux de sable faisant office de goal. L'été, ce sont les soirées, les invitations, les house parties et les sunsets alcoolisés. Les cocktails : gin basil, moscow mule et autres inventions des mixologistes. L'été au Liban, c'est encore et toujours la « nightlife ». Cette légendaire « nightlife » courue par les clubbeurs du monde entier, qui savent que dans ce petit pays de tous les paradoxes, c'est là que ça se passe. C'est là que les nuits s'enflamment. Dans les rues de Beyrouth, de Batroun, de Zahlé, de Saïda ou de Jounieh ; dans les bars de Mar Mikhaël ou de Hamra quand les clients agglutinés sur les trottoirs font tomber la nuit à coups de Bloody Mary lors des happy hours. Sur les rooftops d'immeubles dressés un peu partout au Liban et où ondulent lascivement de belles jeunes filles en fleurs. Ce sont les soirées Decks on The Beach au Sporting où un millier de personnes dansent au rythme des mix de DJ venus du monde entier. C'est le festival de Wickerpark, le Woodstock libanais. Ce sont ces jeunes d'ici et de là-bas qui ont compris que l'été libanais est et sera toujours chaud, qu'il n'y a rien de plus beau que la musique pour extraire les douleurs et qui ont compris, comme le disait Françoise Dorléac à sa sœur Catherine Deneuve : c'est au Liban qu'il faut aller danser.

La semaine a commencé avec une grosse chaleur. On a rouspété, grognassé, sans réaliser que l'été a bel et bien commencé. Et c'est ça le plus important, l'été a commencé. Parce que quoi qu'on dise sur l'état de notre pays, sur les injustices, la dégueulasserie du système judiciaire, sur l'absence de président et de gouvernement, sur l'état des routes et sur tout le reste qui nous...

commentaires (2)

Si vous demandez à Mounir, un Libanais moyen, D'où vient cet argent que tu dépenses à tort et à travers pendant que tu ne travailles pas ? Allah bi dabber. Cela a été toujours comme ça. Allah est l'imprimerie qui fournit la plupart des billets de banque du monde. Vive la joie de vivre au Liban.

Un Libanais

20 h 23, le 23 mai 2015

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Commentaires (2)

  • Si vous demandez à Mounir, un Libanais moyen, D'où vient cet argent que tu dépenses à tort et à travers pendant que tu ne travailles pas ? Allah bi dabber. Cela a été toujours comme ça. Allah est l'imprimerie qui fournit la plupart des billets de banque du monde. Vive la joie de vivre au Liban.

    Un Libanais

    20 h 23, le 23 mai 2015

  • c'est surtout très "bourgeois" cette façon de voir ce bled qui va a la derive. Faut aussi voir l'autre aspect qui lui est VRAIMENT cruel. Et ne pas cacher sa tete dans le sable, chose a laquelle on est très forts.....

    Tabet Karim

    11 h 12, le 23 mai 2015

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