Rechercher
Rechercher

À La Une - terrorisme

L'EI consolide son emprise sur la Syrie et l'Irak

Le régime d'Assad ne détient plus que 22% de la Syrie, le reste étant divisé entre les jihadistes et les rebelles.

Des Irakiens ayant fui la ville de Ramadi conquise par les jihadistes du groupe Etat islamique se regroupent, le 22 mai 2015, dans un camp de déplacés, à 30km de Fallujah. AFP PHOTO / AHMAD

Les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont pris au régime syrien le dernier poste-frontière avec l'Irak, consolidant leur emprise sur une vaste zone transfrontalière après la conquête de Palmyre, dont les trésors archéologiques sont menacés.

L'EI contrôle désormais la moitié de la Syrie, ravagée depuis plus de quatre ans par une guerre civile, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Cette organisation extrémiste sunnite a réussi à prendre dimanche Ramadi, chef-lieu de la province irakienne d'Al-Anbar, puis jeudi Palmyre, dans le désert syrien frontalier de l'Irak, avant de progresser vers le sud syrien pour s'emparer du poste-frontière d'Al-Tanaf d'où se sont retirés les soldats.

Désormais, les trois points de passage avec l'Irak échappent au régime de Bachar el-Assad : comme Al-Tanaf, celui de Boukamal est aux mains de l'EI, tandis que le poste de Yaaroubié, plus au nord, est contrôlé par les forces kurdes. L'EI renforce ainsi son emprise sur une large bande territoriale transfrontalière qui lui permet d'étendre son "califat" proclamé en juin 2014, malgré les frappes quotidiennes menées par une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis depuis plus de neuf mois.

Responsable d'atrocités et accusé de crimes contre l'Humanité, ce groupe fort de dizaines de milliers d'hommes a profité de la guerre civile en Syrie pour y prendre des territoires dès 2013 et de l'instabilité en Irak pour étendre sa base. Cette dernière percée de l'EI a provoqué l'exode de plusieurs dizaines de milliers de civils dans les deux pays. L'Onu a fait état vendredi d'au moins 55.000 personnes ayant fui Ramadi depuis la mi-mai.

 

(Lire aussi : L’EI va-t-il détruire Palmyre ? : « Avec leur petit côté sadique, ils peuvent très bien faire traîner les choses »)

 

"Menacer la Syrie profonde"
"Le fait que l'EI contrôle la moitié du territoire syrien (plus de 95.000 km2) signifie que le régime n'en détient plus que 22%", le reste étant aux mains d'autres groupes rebelles, a déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. L'opposition en exil estime également que le régime contrôle désormais "moins du quart" du pays.
"Même si l'EI s'est emparé de régions peu peuplées, cela signifie qu'il contrôle désormais une étendue géographique très importante qui lui permettra de menacer la Syrie profonde comme Homs et Damas", deux bastions du régime, selon M. Abdel Rahmane.

Véritable carrefour routier, Palmyre est située dans la province de Homs frontalière de celle d'Al-Anbar en Irak. Alors que l'EI a détruit plusieurs trésors archéologiques en Irak, la communauté internationale craint qu'il ne fasse de même à Palmyre, cité vieille de plus de 2.000 ans, réputée pour ses colonnades torsadées romaines, ses temples et tours funéraires.

 

( Lire aussi : Palmyre, un site exceptionnel et une "oasis" entre deux mondes )

Le directeur des Antiquités en Syrie, Maamoune Abdelkarim, a exhorté le monde à se "mobiliser" pour sauver les trésors.
L'Unesco a lancé un appel à l'aide à l'Onu, avertissant que "toute destruction" à Palmyre, inscrite au patrimoine mondial de l'humanité, "serait une énorme perte". La Ligue arabe s'est aussi alarmée de la "grave menace" pesant sur "l'un des sites les plus importants du patrimoine mondial".
La bataille déclenchée le 13 mai a fait près de 500 morts. Des dizaines de victimes dont des civils ont été décapitées ou fusillées par l'EI, a indiqué l'OSDH.

Outre cette région, l'EI contrôle la majeure partie des provinces de Deir Ezzor et Raqa (nord), et a une forte présence dans les provinces de Hassaké (nord-est), d'Alep (nord), de Homs et de Hama (centre).
Il est aussi maître de la quasi-totalité des champs pétroliers et gaziers de Syrie, qui lui assurent une importante source de revenus.

 

(Lire aussi : Incertitude angoissante après une rumeur sur la libération de 27 Libanais détenus à Palmyre)

 

Prise d'un hôpital à Jisr al-Choughour
Ailleurs en Syrie, les jihadistes d'el-Qaëda et leurs alliés rebelles ont pris un hôpital de Jisr al-Choughour (nord-ouest) où étaient assiégés 150 soldats et leurs familles depuis près d'un mois, selon l'OSDH. "Des dizaines de soldats ont pris la fuite, d'autres ont été tués ou capturés".

En outre, le père Jacques Mourad, prêtre de l'Église syriaque catholique du diocèse de Homs, a été enlevé jeudi dans son monastère avec un de ses collaborateurs par des hommes armés, selon l'Oeuvre d'Orient.
Tout en répétant que M. Assad et son régime n'avaient pas de place dans l'avenir de la Syrie, le président français François Hollande a appelé à de nouvelles négociations à Genève en vue d'une "solution politique".

De l'autre côté de la frontière, l'EI a poursuivi son offensive en prenant des positions gouvernementales à l'est de Ramadi. La contre-offensive des forces de sécurité, aidées de milices chiites, pour reprendre Ramadi doit être lancée "dans les prochains jours", a indiqué vendredi un porte-parole d'une force paramilitaire. La perte de cette capitale de la plus grande province d'Irak est un coup sévère pour Bagdad et son allié américain, qui a reconnu devoir réexaminer sa stratégie, même si Barack Obama a estimé qu'il s'agissait d'un "revers tactique".

 

Repères
Damas ne contrôle plus que sa frontière avec le Liban

Avancée de l'EI en Irak et en Syrie : ce qu'il faut savoir

Une série de revers pour l'armée de Bachar el-Assad

Les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont pris au régime syrien le dernier poste-frontière avec l'Irak, consolidant leur emprise sur une vaste zone transfrontalière après la conquête de Palmyre, dont les trésors archéologiques sont menacés.
L'EI contrôle désormais la moitié de la Syrie, ravagée depuis plus de quatre ans par une guerre civile, selon l'Observatoire syrien des...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut