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Liban - Droits de l’homme

Incertitude angoissante après une rumeur sur la libération de 27 Libanais détenus à Palmyre

« Ne déchirez plus nos cœurs ! » Tel est le cri de désespoir lancé hier par les familles des détenus libanais dans la prison de Palmyre à la suite de rumeurs sur la libération par l'État islamique de 27 Libanais, dont cinq chrétiens.
En soirée, cette information n'avait toujours pas été confirmée ou infirmée.

Un groupe de parents discutant entre eux.

Les familles des Libanais détenus dans les prisons syriennes ne cachent pas leur confusion ni leur déception. Avec la diffusion en matinée par la MTV – et plus tard par les réseaux sociaux – d'une information selon laquelle l'État islamique aurait libéré vingt-sept Libanais de la prison de Palmyre en Syrie, dont cinq chrétiens qui s'y trouvaient depuis plus de trente-cinq ans, ces familles ont cru, l'espace d'un moment, à un miracle.

Hélas, il s'agirait probablement d'une fausse information, « aucune source libanaise, régionale ou internationale ne l'ayant confirmée », constate Ghazi Aad, porte-parole de Solide (Soutien aux Libanais en détention et en exil).
« Si l'information était vraie, cela aurait été un grand espoir pour les familles, ajoute-t-il. Malheureusement, les indications qui l'infirment sont nettement supérieures à celles qui la confirment. D'ailleurs, l'information n'a été relayée que par un seul média local. » Cette information avait été rapportée par la Télé syrienne libre. Sky News Arabia avait même indiqué sur son compte Twitter qu'il avait contacté Ahmad el-Ayoubi, conseiller du ministre de l'Intérieur, qui avait assuré que « les Libanais libérés sont en route vers la Turquie ». Une information qui a été démentie par le ministre de l'Intérieur qui a également nié qu'Ayoubi soit son conseiller.

Ghazi Aad déplore la manière avec laquelle on manipule les familles et use leurs nerfs. « Il est inadmissible de jouer avec les sentiments des gens de cette manière, déplore-t-il. Nous sommes entrés en contact avec plusieurs ONG étrangères et avec certaines parties de l'opposition syrienne en Turquie. Rien ne confirme cette information. Plus encore, selon certaines sources médiatiques, la prison de Palmyre aurait été évacuée avant les opérations militaires. Ce qui se passe aujourd'hui (hier) n'est pas admissible. Et c'est le gouvernement qui en est responsable. C'est à lui de donner des réponses aux familles. Plus encore, il doit charger une commission de ce dossier qui soit capable de donner des réponses. En tant que société civile qui suit le dossier de près, nous savons que des Libanais sont détenus à Palmyre. Cette prison constitue d'ailleurs l'une des institutions carcérales où se trouvent plusieurs autres Libanais portés disparus. Mais avec la révolution en Syrie, nous avons perdu contact avec les parties concernées. Nous ne connaissons plus le nombre exact de détenus, ni où ils ont été transférés. »

(Lire aussi : Dix ans après, la même et insupportable attente)

 

La peur d'une « autre » phase
« Nous ne savons pas quoi penser », confie à L'Orient-Le Jour Jeannette Youssef, dont le frère Milad avait été enlevé en 1983, à l'âge de 18 ans, alors qu'il venait de s'enrôler dans l'armée. « Si l'information s'avère vraie, mon frère pourra être l'un de ces Libanais libérés, poursuit-elle. Nous savons qu'il était à Palmyre. En 2008, un ancien détenu nous l'avait affirmé. »
« Je n'ose pas espérer, reprend Jeannette avec un long soupir. J'aimerais tant que ce soit vrai ! En même temps, j'ai peur que ce ne soit qu'une illusion supplémentaire. Notre dossier a connu tellement de rebondissements que nous sommes devenus à l'image de Thomas (un des apôtres du Christ, NDLR). Nous voulons avoir des preuves. Malgré tout, nous n'avons pas perdu l'espoir. Nous finirons par connaître la vérité. »
À l'instar des familles des centaines de Libanais disparus dans les prisons syriennes, Jeannette Youssef s'en prend à l'État. « Notre gouvernement ne réagit pas, s'insurge-t-elle. J'espère qu'en Syrie les consciences se soient enfin réveillées et qu'ils aient vraiment libéré les prisonniers. Pour que les mères soient enfin tranquilles ! Mes parents sont morts avant de connaître la vérité. »

« Notre cause est humanitaire et juste, rappelle pour sa part Samia Abdallah. Nous avons eu écho de l'information et franchement nous ne savons pas quoi penser. Nous appelons le gouvernement à assumer ses responsabilités, s'en enquérir et nous annoncer si elle est fondée. J'espère qu'elle est vraie et que mon frère, Imad, soit au nombre des personnes libérées. Il a été enlevé en 1984. »

(Pour mémoire : Les familles des victimes de disparition forcée appellent à une « reconnaissance officielle » de leur cause)

 

« Ma maison est sombre... »
Maguy Andreotti est silencieuse. Elle se couvre les yeux avec des lunettes solaires, pour cacher les larmes qui perlent au coin des yeux. Mais son inquiétude la trahit. « J'ai les nerfs usés, note-t-elle. Cela fait trente-six ans que mon fils, Stavro, est porté disparu. Il a été enlevé avec trois autres de ses copains en 1982, à l'âge de 16 ans. Il était encore écolier. Je n'ai que lui. Mon mari est mort, le cœur brisé. Si l'État islamique l'a vraiment libéré, je suis prête à aller l'en remercier. Quel que soit celui qui le libère, je vais le remercier. Pour qu'enfin ma maison soit à nouveau gaie. Actuellement, elle est sombre et vide. J'y vis seule... »

Réaliste et pragmatique, Naheel Chehwane n'arrive pas à se contrôler. « Où sont les ministres de la Justice, de l'Intérieur et des Affaires étrangères? se demande-t-elle sur un ton emporté. Ce n'est pas à nous de confirmer l'information ! Qu'ils tiennent une réunion exceptionnelle pour tirer au clair cette affaire. Et si c'était un mensonge, qu'il sanctionne le malfaiteur ! Mais qu'on cesse de jouer avec nos nerfs ! »
Naheel Chehwane, dont le mari, Kozhaya, avait été enlevé en 1980 à l'âge de 28 ans, ne cache pas ses appréhensions. « J'ai peur qu'on ne passe d'une phase à une autre, signale-t-elle. J'ai peur que Daech ne les ait libérés et emmenés... »

Sonia Eid, dont le fils Jihad figure au nombre des militaires portés disparus le 13 octobre 1990, espère que l'information est juste. « Je veux l'étreindre contre mon cœur. Je veux qu'il soit enfin avec ses frères et sœurs », dit-elle. Lasse mais déterminée, elle reprend : « Je suis prête à aller à Damas pour le chercher. Mais pourvu que l'information soit vraie. »

 

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ANGOISSE... ESPOIR ET PEUR OCCUPENT LES ESPRITS DES PARENTS !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 45, le 22 mai 2015

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Commentaires (1)

  • ANGOISSE... ESPOIR ET PEUR OCCUPENT LES ESPRITS DES PARENTS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 45, le 22 mai 2015

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