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Culture - Festivals

Baalbeck 2015 : et si la première des résistances était culturelle ?

Les participants à la conférence de presse entourant la présidente du festival Nayla de Freige, la présidente d’honneur May Arida et les ministres du Tourisme et de la Culture. Photo Michel Sayegh

Avec Baalbeck, c'est toujours loin des yeux, près du cœur. Très, très près.
Mais laissons les sentiments de côté. Et allons au front. Non : pas celui où les factions armées se disputent âprement et sauvagement des bouts de territoire, mais sur ce front baptismal, sans lequel n'importe quel pays serait juste condamné à survivre : la résistance culturelle. Sur ce front, les seuls armes sont la musique, le chant, la poésie, la danse, l'écriture, la peinture, le spectacle, etc. Et quoi espérer, quoi rêver de mieux quand toutes les armées se retrouvent sur une même ligne de défense : compositeurs, interprètes, chorégraphes, peintres, poètes... Un métissage synonyme de convivialité, de pluralisme, de fusion, mais aussi de dialogue et de rapprochement vers l'autre.
Tous unis, alors, pour défendre cette « cause » nationale, cette cause emblématique d'un pays aux civilisations millénaires ? Oui, quand cette cause est le Festival de Baalbeck, devenu un brand, une marque de fabrique, comme l'a souligné Taleb Rifaï, secrétaire général de l'Organisation du tourisme mondial (UNTWO). Comment ne pas soutenir cet événement qui défend avec autant d'ardeur et d'acharnement son droit à l'existence, son droit à la (sur)vie ?
Oui, le Festival de Baalbeck est menacé. La région subit des assauts continus, et elle est aux premières loges quand on évoque les répercussions viciées de la guerre syrienne. Il faut avoir vécu, les quelques dernières années, sur une capsule martienne pour ignorer ce fait (accompli). En 2013 et en 2014, les spectacles ont été délocalisés vers divers lieux de la capitale. Mais, il y a toujours un mais, le moral, cette année, est au beau fixe, ou plutôt dans une zone sous tranquillisants. Le ton était en effet rassurant, encourageant même, lors de la conférence de presse tenue hier par la présidente du festival, Nayla de Freige, à la Salle de Verre du ministère du Tourisme, pour annoncer le programme de cette cuvée 2015 du Festival international de Baalbeck. Une conférence de presse à laquelle ont assisté les ministres du Tourisme et de la Culture, Michel Pharaon et Rony Araiji, la directrice générale du ministère du Tourisme Nada Sardouk, la présidente d'honneur May Arida, la ministre Leila Solh Hamadé, le mohafez de Baalbeck Bachir Khodr, le président de sa municipalité Hamad Hassan et le député Assem Kanso. Forte présence officielle donc, et propos analgésiques tous azimuts, couronnés par une promesse de la présidente : « Avant le début du festival, nous consulterons, comme chaque année, les différentes parties impliquées dans la sécurité de la région, tant l'armée que les FSI, ou le Hezbollah, car ce sont eux qui nous donnent le feu vert. Nous ferons donc tout ce qui est dans nos moyens pour être à Baalbeck cet été. »
Les six spectacles – du 31 juillet au 30 août – du cru 2015 se présentent comme un beau bouquet panaché de world, de jazz, d'oriental, de disco funk et de musique classique. Sans oublier la grande iftitehiyyé, le spectacle d'ouverture, Ilik Ya Baalbeck (À toi, Baalbeck), une production du festival en hommage... à Baalbeck. Une sorte d'autoportrait par plus d'une quinzaine d'artistes. À ne pas manquer...

 

Le top 3 de la rédaction

 

1 – À tout seigneur tout honneur, la grande soirée d'ouverture, le vendredi 31 juillet, avec musique, chants et poésie, se place tout naturellement en tête de ce top 3. Ilik Ya Baalbeck (À toi, Baalbeck), produit par le festival, dans une direction et mise en scène de Nabil el-Azan, sur les marches du temple de Bacchus.
Un spectacle de grande envergure, pour lequel des écrivains, musiciens et artistes libanais « portant haut le nom du Liban dans le monde » ont composé une œuvre brève en hommage à Baalbeck. Avec la participation de l'Orchestre philharmonique du Liban et une sélection d'artistes libanais. Créations musicales : Abdel Rahman el-Bacha, Naji Hakim, Marcel Khalifé, Béchara el-Khoury, Ibrahim Maalouf, Zad Moultaka, Ghadi Rahbani et Gabriel Yared.
Textes originaux : Etel Adnan, Adonis, Talal Haïdar, Issa Makhlouf, Wajdi Mouawad, Ghadi Rahbani et Salah Stétié.
Interprétation : l'Orchestre philharmonique du Liban sous la direction de Harout Fazlian, Fadia Tomb el-Hage et Rafic Ali Ahmad.
Danse : Nassim Battou et la troupe al-Majd sous la houlette de Khaled Naboush.

 

2 – The Earth Wind & Fire Experience feat. Al Mckay and the All Stars, samedi 29 août, sur les marches du temple de Bacchus.
Dans le registre disco funk, ce groupe est certainement une référence. Il est dirigé par Al Mckay, producteur et coauteur de tubes (September, Magic Mind, Saturday Night...). Avec 8 albums primés, la musique du groupe est aussi interprétée dans plusieurs films tels que Les Intouchables avec Omar Sy (2011), Babel avec Brad Pitt et Cate Blanchett (2006) et Hitch avec Will Smith (2005). Suite à sa tournée mondiale, et après s'être produit au festival de Montreux, au Blue Note à Tokyo, au festival de Vienne, au festival du Port de Düsseldorf en Allemagne et cet été au festival de Nîmes, le groupe compte mettre le feu à la scène de Baalbeck.

 

3 – Le quatuor Modigliani, un point d'orgue, si l'on peut dire, à ne pas rater le dimanche 30 août, à La Magnanerie – Sed el-Bauchrieh.
Ce quatuor à cordes français fondé à Paris en 2003 jouit d'une réputation internationale. L'une des formations chambristes les plus demandées dans le monde, le quatuor s'est produit au festival d'Aix-en-Provence, au Concertgebouw d'Amsterdam, au Mozarteum de Salzbourg, au Théâtre des Champs-Élysées, au Kimmel Center de Philadelphie et au Fenice de Venise. Le quartette a enregistré 5 albums qui ont connu un énorme succès international auprès des aficionados de musique classique. Parmi leur répertoire, les musiciens interpréteront des extraits de Beethoven, Mozart et Haydn.

 

Le programme

 

Musique du monde

Hindi Zahra, dimanche 9 août, sur les marches du temple de Bacchus. Chanteuse marocaine vivant en France, Zahra chante en anglais, en français et en berbère. Voix rauque au timbre chaud, elle en a envoûté plus d'un avec son magnifique Beautiful Tango. À son actif : cent mille albums vendus, près de 400 concerts, une Victoire de la musique pour le meilleur album de musique du monde, le prix Constantin et un album, Homeland, métissé d'influences marocaines, brésiliennes, jazz, blues, soul et folk...

Jazz

Richard Bona, le dimanche 16 août, sur les marches du temple de Bacchus. Chanteur et bassiste camerounais, Bona a tout bon. Il est considéré comme étant l'un des meilleurs bassistes de sa génération. Après avoir accompagné Larry Coryell, Mike Stern, George Benson, Harry Belafonte, Branford Marsalis, Queen Latifah, Bobby McFerrin, Chucho Valdes, Herbie Hancoc, Richard Bona sera à Baalbeck pour jouer et chanter, avec son quintette, ses mélanges de mélodies, parfois aux influences africaines, dans un répertoire très jazzy. Pour la petite anecdote, soulignons qu'il fabriquait, dans sa jeunesse, flûtes et guitares (avec des cordes fixées à un réservoir de motocyclette)...

Oriental
Mayyada el-Hennawy, le vendredi 21 août, sur les marches du temple de Bacchus. La chanteuse syrienne, rousse incendiaire et pulpeuse, surnommée « chanteuse de l'amour », découverte par Abdel Wahab, fait un retour sur la scène libanaise après une longue absence. Au menu, ses grands succès : Awwal ma chiftak habbaytak, Ana Baachaak, Ken ya Maken et el-Hob Yili Kan dans un concert unique de « tarab » oriental.

 

Rappels

Rappelons que le festival d'Aix-en-Provence rend un hommage au Festival de Baalbeck, le 7 juillet, dans le cadre de son festival, avec un concert inspiré du concert Ilik Ya Baalbeck, dans une formation plus intimiste, au théâtre du Jeu de Paume. Les billets sont déjà sold out. Le 8 juillet, à Marseille, la Villa Méditerranée accueille les artistes, les auteurs et les compositeurs ainsi que les membres du comité pour une rencontre culturelle et musicale.
À signaler également que le Festival de Baalbeck est le partenaire du concert de Tania Saleh, qui a lieu le 31 mai, au Music Hall.
Les billets du Festival de Baalbeck sont en vente chez Virgin, et ceux qui achètent leurs billets avant le 20 juin bénéficieront d'une remise de 15 %.

 

 

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Avec Baalbeck, c'est toujours loin des yeux, près du cœur. Très, très près.Mais laissons les sentiments de côté. Et allons au front. Non : pas celui où les factions armées se disputent âprement et sauvagement des bouts de territoire, mais sur ce front baptismal, sans lequel n'importe quel pays serait juste condamné à survivre : la résistance culturelle. Sur ce front, les seuls...

commentaires (1)

AH... OUI ! MAIS DE QUELLES CULTURES PARLE-T-ON ? EST-CE DE CELLE DU RADIS OU DES OIGNONS ? SINON, QUELLES CULTURES ONT LES DEUX PÔLES DE LA MALÉDICTION DIVINE QUI FRAPPE NOTRE PAYS ???

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 36, le 21 mai 2015

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Commentaires (1)

  • AH... OUI ! MAIS DE QUELLES CULTURES PARLE-T-ON ? EST-CE DE CELLE DU RADIS OU DES OIGNONS ? SINON, QUELLES CULTURES ONT LES DEUX PÔLES DE LA MALÉDICTION DIVINE QUI FRAPPE NOTRE PAYS ???

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 36, le 21 mai 2015

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