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Liban - conférence de presse

Aoun : Quelle raison d’être ce gouvernement a-t-il encore ?

Le chef du CPL, hier, lors de sa conférence de presse à Rabieh. Photo Nasser Trabulsi

Sans aller jusqu'à suspendre sa participation au sein du cabinet Salam, ni à proposer de manière radicale une refonte du système politique libanais, le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun, a tiré à boulets rouges hier sur le courant du Futur, sans jamais le nommer. Avec en filigrane de son discours, deux pierres d'achoppement dans la relation avec le courant haririen expliquant cette escalade : les nominations des responsables sécuritaires et l'élection présidentielle. Il s'en est pris, de même, à la Chambre et au commandement en chef de l'armée, en les taxant d'« illégitimes ».
Dans une conférence de presse à Rabieh, Michel Aoun a procédé à un long exposé de ce qu'il a appelé « la crise de pouvoir qui se perpétue depuis 1990 », posant d'emblée la question suivante : « A-t-on besoin d'un tel gouvernement ? »
« Depuis 1990, le Liban traverse une crise perpétuelle. Il est désormais nécessaire d'en déterminer les causes. Cette crise n'a jamais été formelle, mais portait sur l'essence du pouvoir, dont la substance était annihilée à travers la perte du partenariat et de l'équilibre entre les différentes composantes de la société libanaise », a indiqué le chef du Courant patriotique libre (CPL). « Ce sont les chrétiens qui en ont payé le prix, quand bien même ils sont un facteur de stabilité et de modération. Leur représentation saine a été annihilée, à travers des lois électorales contrevenant à la Constitution et au document d'entente nationale, et ce en dépit de leurs revendications répétées d'une rectification de ce déséquilibre », a-t-il poursuivi. « La tendance à la domination a atteint son paroxysme avec la mise à l'écart des chrétiens compétents de tous les points névralgiques au sein des institutions, et l'éloignement des personnalités politiques représentatives des postes de référence essentiels au sein du pouvoir », a ajouté M. Aoun.
« Vingt-cinq ans après l'adoption du document d'entente nationale, il est temps d'élever la voix face au mensonge qui a accompagné la non-application de la plus grande partie de ses clauses. Seuls la réduction, jusqu'à la disparition, des prérogatives du président de la République et le transfert du pouvoir exécutif au Conseil des ministres en ont été retenus. Un quart de siècle après Taëf, il est temps de se demander où sont passées la parité et la saine représentation au sein de la loi électorale stipulées par la Constitution et le document d'entente nationale. Vit-on au sein d'une société mafieuse où tous les droits naturels du peuple sont spoliés ? » s'est interrogé le chef du CPL.

« Une Chambre et un commandement militaire illégitimes »
Évoquant « la violation de la Constitution avec la prorogation du mandat de la Chambre », le général Aoun a indiqué qu'il y avait eu des concertations avec la majorité à ce sujet. « Elle était contre cette mesure. Malheureusement, elle n'a pas tenu ses promesses, et le mandat de la Chambre a été prorogé deux fois. Par deux fois, la volonté populaire a été tronquée : une fois à travers la prorogation, et une autre par le biais du maintien de cette même majorité durant huit ans. C'est ainsi que cette majorité préside aujourd'hui aux décisions comme si elle avait été élue hier », a-t-il affirmé.
Et de diriger ses foudres ensuite sur le commandement de la troupe : « Le commandant en chef de l'armée a été maintenu en place durant deux ans, au mépris des lois. »
Pour le chef du CPL, « la liste des questions est longue : où en est la décentralisation administrative élargie, ou encore le développement équilibré et la lutte contre la corruption? Qui est responsable du gaspillage des fonds et de la violation des dispositions constitutionnelles liées à la gestion des finances publiques ? Sans entrer dans les détails, où est la reddition de comptes et qui sont les responsables ? Ce qui se produit au niveau de la loi sur la défense est-il possible ou acceptable, à savoir que la plupart des chefs responsables au sein de l'armée sont devenus illégaux et n'ont pas le droit de signer, et qu'il est possible de violer l'ensemble des décisions? ».
Selon lui, « l'État a atteint le point de dislocation et d'impuissance » et « s'est délivré des garde-fous imposés à la pratique du pouvoir ». « Tout ce que le gouvernement réuni ne peut pas adopter dans le cadre de la loi, un ministre peut le faire de lui-même en dehors du cadre légal. Il en est de même au niveau des nominations sécuritaires, si bien que l'État vit désormais dans le cadre d'un camp d'été dont on craint l'effondrement la première brise venue. Toutes ces erreurs massives se produisent-elles en raison de l'ignorance de la Constitution ou pour une autre raison, en l'occurrence parvenir à dominer les ayants droit à ces postes ? » s'est-il interrogé.

« Tout le reste est nul et non avenu »
Et le général Aoun de poursuivre son réquisitoire, se focalisant cette fois sur le cabinet : « En plein danger, nous avons laissé notre sort entre les mains d'un gouvernement qui ne peut prendre des décisions aux échéances prévues. Les décisions interviennent trop tard. Il est nécessaire et urgent que les responsables comprennent que le pouvoir a ses règles constitutionnelles et juridiques, et que tout le reste est nul et non avenu. »
« L'existence du gouvernement actuel a été facilitée par des compromis de notre part, afin de garantir, à travers notre participation, un minimum de stabilité économique et sécuritaire. Quelle raison d'être a-t-il encore s'il cesse d'assurer ses devoirs sur le plan de la sécurité, en accordant la légitimité aux chefs sécuritaires ; s'il arrête d'appliquer ses décisions liées à la crise des réfugiés syriens, qui représente le plus grand danger pour l'existence du Liban dans l'histoire contemporaine ; s'il renonce à ses obligations économiques en négligeant les projets productifs qui assurent les besoins au quotidien des citoyens et les recettes pour le Trésor (...)? » s'est-il demandé.
Et Michel Aoun d'ajouter au sujet des nominations sécuritaires et de son gendre, le général Chamel Roukoz, dans une pique à l'adresse du courant du Futur : « Nous sommes aujourd'hui face à un gouvernement incapable de prendre les décisions les plus importantes, parce qu'il cherche à se défiler face au respect des droits, des lois et de la justice. Rappelons, par exemple, la décision liée aux nominations sécuritaires, lorsque la partie qui a conclu un marché autour de ces nominations a fait marche arrière, sous le prétexte d'excuses piteuses ayant filtré aux médias. Parmi ces excuses constructives, le fait que le candidat au commandement en chef de l'armée, que tout le monde juge comme le meilleur et dont tout le monde reconnaît les capacités, les exploits et la morale, doit payer le prix du fait que je suis proche de lui, alors que cela n'a rien à voir avec ses capacités et sa pratique professionnelle. »
« S'agit-il d'un péché mortel qui prive son auteur de ses droits civils et lui ôte son long parcours héroïque, qui se poursuit actuellement ? Qui peut nous fixer les critères qui président aux choix des leaders et des responsables ? (...) » a conclu le chef du CPL.

 

« Le compte à rebours a commencé pour la révision de tous les fondements du pouvoir »
Concernant le dossier de l'élection présidentielle et « l'incapacité de la Chambre à élire un président », le chef du CPL a évoqué « une ignorance totale des concepts démocratiques » de la part des composantes libanaises.
« Ils veulent qu'une Chambre qui a perdu sa légitimité à travers la prorogation de son mandat élise un président qui ne représente pas le peuple, au lieu d'un président auquel le peuple aurait accordé sa légitimité, a ainsi indiqué le général Aoun. Qui oserait, au sein d'un régime démocratique, jeter aux ordures la décision du peuple, qui est la source de tous les pouvoirs ? Des députés qui ont violé la Constitution à répétition ont-ils le droit de critiquer la pratique d'un droit légitime, qui nous permet de nous absenter (des séances), pour protester contre ce qui est proposé à la Chambre ? »
Et de souligner : « Nous n'accepterons plus désormais que nos droits ou ceux de n'importe quelle composante de la société libanaise soient spoliés. Les violations constitutionnelles, légales et financières qui se sont produites jusqu'à présent ont ouvert la voie à une révision de tous les fondements du pouvoir. Nous sommes entrés dans la phase du compte à rebours. »
Michel Aoun a par la suite proposé une série de mesures, « des solutions possibles pour sortir de la crise constitutionnelle afin de sauver ceux qui se trouvent dans le pétrin » :
– Adopter un suffrage présidentiel direct en deux temps : les électeurs chrétiens seraient appelés à voter en premier et le reste de la population se prononcerait sur le nom des deux candidats arrivés en tête. Le vainqueur de ces élections verrait par la suite sa présidence entérinée par la Chambre.
– Se livrer à un référendum pour désigner le chef de l'État. Le vainqueur serait par la suite plébiscité par la Chambre.
– Procéder à une élection pour départager les deux leaders maronites les plus représentatifs.
– Tenir les législatives avant la présidentielle, et ce sur base d'une nouvelle loi électorale garantissant l'égalité entre les chrétiens et les musulmans, en vertu de la Constitution et du document d'entente nationale.
« Les trois premières solutions sont des compromis, tandis que la quatrième est constitutionnelle », a souligné le chef du CPL.
Et de conclure : « Que ceux qui m'ont accordé leur confiance se souviennent que je ne les laisserai plus pleurer dorénavant, en laissant la tragédie de Doha en 2008 se répéter. Si certains ne sont toujours pas convaincus, je leur souhaite de ne pas tenter de me forcer à reprendre ma phrase (de 1989, au sujet de son adhésion à l'accord de Taëf) : "Le monde peut m'écraser, mais il n'obtiendra pas mon blanc-seing". »

Sans aller jusqu'à suspendre sa participation au sein du cabinet Salam, ni à proposer de manière radicale une refonte du système politique libanais, le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun, a tiré à boulets rouges hier sur le courant du Futur, sans jamais le nommer. Avec en filigrane de son discours, deux pierres d'achoppement dans la relation avec le...

commentaires (2)

Il ne sert a rien d'essayer de trouver une logique a son cheminement de pensee, il n'y en a tout simplement pas. "JE parle donc JE cree LA verite" et cela bien sur sans Cogito, juste ex-nihilo. C'est un nouveau concept et comme le ridicule ne tue pas sous nos cieux, il a eu droit a une ovation de ses ministres et deputes.

George Khoury

05 h 07, le 16 mai 2015

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Commentaires (2)

  • Il ne sert a rien d'essayer de trouver une logique a son cheminement de pensee, il n'y en a tout simplement pas. "JE parle donc JE cree LA verite" et cela bien sur sans Cogito, juste ex-nihilo. C'est un nouveau concept et comme le ridicule ne tue pas sous nos cieux, il a eu droit a une ovation de ses ministres et deputes.

    George Khoury

    05 h 07, le 16 mai 2015

  • "Certains", se trouvant dans l’impossibilité nette de prouver la véracité du moindre de leurs dires, se contentent d’exhiber sans complexe leurs a priori. Qui ne dureront + longtemps. Qui "s’évaporeront" bien vite, et la Vraie Parole nous reviendra vite malgré leur verbiage logorrhéique inflationniste qui, dû à leur panique, vire déjà à leur habituelle "enflure verbale" panégyriste ! Et quand n’importe quel moindre effort fera en sorte que leurs liens oranginés leur cisailleront les poignets, même 1 infime flot de honte ne les submergera point. Ils sont comme ça ! Ce sont les mêmes qui n’existent que dans 1 creuset unique de leur propre esprit, qui se retrouvent entravés. Pour eux, c’est sûrement encore only 1 hallucination, 1 cauchemar, 1 vue de l’esprit ! Des péripéties à eux, à suivre avec les épisodes à venir de leur vieux et long parcours. On ne sait point ce que sera la version finale des journées qui vont suivre le face-à-face 14 Sains/8 Malsains mais, cependant, ce sera really un récit fictif pour eux, mais particulièrement poignant de leur point de vue. Mais, jamais + arrogant comme avant ! Ils n’osent plus. Ils suggèrent une auto- description d’épouvantés titubants, dans les simples ruelles de ce Liban. Qui finissent par s’écrouler dans une encoignure ou sur 1 monticule, tremblants, pris de nausées, traumatisés et inquiets un tout petit peu tout de même maintenant, d’être définitivement cuits du moment que la Cédraie poursuivra, mahééék, son travail tranquillement.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 31, le 16 mai 2015

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