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Liban - Droits des handicapés

« Y’a d’la joie dans le ciel gris par-dessus le toit... »

Douze mille personnes ont répondu à l'appel de l'association al-Younbouh, hier, dans les rues de Jounieh.

La marée humaine et les milliers de ballons colorés, hier, dans les rues du vieux Jounieh auront su, un instant, compenser la grisaille du ciel. À l'entrée du stade Fouad Chehab, de petites mains s'affairent à distribuer des badges aux participants. La musique retentit et sonne le coup d'envoi d'une marche de 5 km dans les dédales de la ville. Une marche annuelle organisée par l'ONG al-Younbouh qui vient en aide aux jeunes adultes présentant des déficiences intellectuelles. Le centre situé à Haret Sakhr accueille de jeunes handicapés à partir de 14 ans, mais un bâtiment neuf recevra l'an prochain les plus petits.

La directrice de l'association, Nicole Nâamé, rameute ses troupes au départ de la marche. « Nos jeunes piaffent d'impatience. Ils attendent cet événement depuis des semaines », s'exclame-t-elle. Et dans une ferveur grisante, des milliers de pas ont battu le pavé comme rarement. Dans cet « attroupement pour la bonne cause », quelques têtes familières. Tony Baroud, la star du petit écran, fend la foule, son jeune fils à la main, pour semer le cortège. Il doit se rendre au plus vite au premier stop du parcours. « J'anime la "Marche avec al-Younbouh" depuis 12 ans. La première année, une poignée de personnes se rassemblaient. C'est incroyable de voir l'ampleur que cette journée prend chaque année. Dans l'inconscient collectif, avoir un enfant ou un proche handicapé a toujours été un sujet tabou. Nous sommes là pour dire que nous sommes fiers d'eux et que nous sommes tous égaux », confie-t-il à L'Orient-Le Jour.

(Lire aussi : « Le handicap doit être au cœur des Objectifs du millénaire de l'Onu »)

Et ce ne sont pas les 12 000 personnes rassemblées qui diront le contraire. La municipalité de Jounieh a d'ailleurs mis le paquet pour que la fête se déroule sans encombre. « Différents corps de l'armée ont été mobilisés, de même que la police et les agents de sécurité de la ville. Quelques agents des SR en civil aussi. À cause des tensions dans le Qalamoun syrien, le niveau de sécurité a été accru », explique le président de la municipalité, Antoine Frem, entre deux poignées de main. Pourtant, loin d'encercler la foule avec quelque mouvement fébrile que ce soit, les militaires défilent dans la joie aux côtés des handicapés.
Une estrade installée devant la municipalité est le premier point de ralliement. Sur scène, un Tony Baroud déchaîné met tout son cœur à rendre cette matinée mémorable. Des scouts chantent à tue-tête et la place est rapidement prise d'assaut. Sami el-Hage, le pas alerte, répète les derniers mouvements avec ses jeunes protégés en coulisses. La dizaine de jeunes handicapés se lancent alors fièrement sur le plateau. « Huit ans que je suis bénévole à l'association et chaque année j'éprouve la même joie. La danse est un langage universel du corps. Les handicapés mentaux ont des sensations décuplées et, croyez-moi, ils ont le sens du rythme. Plus que certains en tout cas », révèle le chorégraphe, tout sourire.

« Je me souviendrai toujours de vous », lui dit une maman en attrapant la manche du costume de son jeune fils danseur d'un jour. « C'est moi qui me souviendrai d'eux. Ce sont eux qui m'inspirent », lui répond-t-il. La marche au son des fanfares repart de plus belle. « Des associations et des gens de Saïda, de Tripoli, de la banlieue sud et de tant d'autres villes sont présents. Nous sommes surpris et touchés par la mobilisation des Libanais pour cette cause », déclare le président du conseil municipal. De quoi inspirer d'autres régions à emboiter le pas à la ville portuaire.

Un peu plus loin, une famille épaule son jeune adolescent atteint de trisomie 21. « Vous n'imaginez pas comme cette journée est une bulle d'air dans notre quotidien difficile. Aujourd'hui, personne ne regarde notre enfant de travers. Et j'espère vraiment que les gens prendront conscience que nous sommes tous égaux », confie la maman.

Deux heures et un lâcher de ballons plus tard, dans un ciel enfin clément, tout Jounieh, hommes, femmes et enfants, a vibré à l'unisson sous un même fanion, celui du vivre-ensemble.


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