L'inclusion des femmes sur le marché du travail est-elle toujours aussi problématique ?
Le marché de l'emploi au Liban demeure très inégalitaire : selon les derniers chiffres fourni par l'Administration centrale de la statistique (ACS), les femmes ne représentaient que 27 % de la population active libanaise en 2012, alors qu'elles constituent 55 % des étudiants universitaires. De plus, les femmes sont quasiment absentes de la catégorie des patrons d'entreprise et ne sont que 18 % à occuper des postes managériaux ou à responsabilité. Cela donne une idée de l'étendue du travail qui reste à faire pour une plus grande participation des femmes à la vie active.
La législation libanaise est en outre très en retard par rapport aux pays occidentaux dans ce domaine, et ce à tous les niveaux. N'ayant pris que très récemment mes nouvelles fonctions, je ne peux aborder ce point en détail ;
mais nous sommes en contact avec d'autres ONG, des juristes et des députés pour discuter des moyens de faire avancer les choses au niveau légal. Nous avons également lancé de nombreuses campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux afin de créer des débats permettant de faire émerger des solutions.
Votre assemblée annuelle a présenté hier la nouvelle direction aux 120 adhérentes de la LLWB. Quelles vont être ses priorités ?
La nouvelle direction a l'espoir de faire bouger les choses et créer un meilleur environnement de travail pour les femmes actives. Nous voulons aussi développer les connaissances et les capacités de nos membres, et soutenir les projets entrepreneuriaux émanant de femmes. Enfin, pour renforcer la participation concrète de nos membres à nos activités, nous leur avons soumis un questionnaire sur leurs attentes et établirons un plan de travail pour le semestre à venir.
Quelle va être votre stratégie pour y parvenir ?
Nos objectifs et notre stratégie peuvent être résumés en cinq points :
– Coopérer avec un grand nombre d'acteurs de la société civile pour promouvoir et renforcer le rôle de la femme dans le monde du travail.
– Créer un incubateur d'entreprises dirigées par des femmes. Il aura notamment pour mission de les conseiller sur la définition et la viabilité de leur modèle économique et managérial. Cet incubateur devrait également faire office de laboratoire en donnant l'exemple de l'application des normes et bonnes pratiques internationales sur le marché du travail libanais.
– Organiser des conférences et des sessions d'entraînement pour les femmes actives et les femmes d'affaires afin de développer leurs connaissances et leurs compétences.
– Participer à l'élaboration de propositions de lois dont le but est de renforcer le rôle de la femme active et assurer sa participation effective dans tous les secteurs d'activité.
– Développer des relations de travail entre les femmes d'affaires et les femmes actives avec leurs homologues au niveau international, particulièrement avec le monde arabe et la diaspora libanaise.
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