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Lifestyle - Hotte d’or

Ce que je faisais ? J’aimais (1/4)

Riley-McFarlane Photography via Facebook

Je le sais : cela fait plus d'un mois que j'ai disparu. Que je fais chronique buissonnière dans mon délicieux L'Orient-Le Jour. Pardonnez-moi. Mais ce n'était pas ma faute. Ce n'est pas que j'ai arrêté d'écrire, seulement. Mais pendant tout ce temps, je ne dormais pas non plus. Je ne mangeais pas. Je ne lisais pas. En réalité, je faisais même la grève de l'oxygène. J'étouffais. Pour la première fois en tellement, tellement, tellement de décennies, je me sentais vieille. Vieille et conne. Je ne sais pas si je me sens mieux.
Tout avait commencé début avril par un dîner chez mon neveu (au troisième degré) Karlounet. Karl Lagerfeld dans son lodge en Forêt-Noire, qui tutoie le Herzogenhorn. Il avait insisté. Je m'ennuyais un peu à Beyrouth. Je lui ai dit oui. Juste 24 heures. Je lui ai rapporté en cadeau un casque audio solo 2 Beats By Dre, qu'il défonce tranquillement ses tympans avec ses Nibelungenades sans les imposer à tout le monde. Il a adoré. À peine arrivée en taxi de l'aéroport de Lahr-Forêt-Noire, nous sommes directement passés à table. Nous étions huit. Il y avait, outre nous deux, Kate Moss et Jamie Hince, Kris van Assche, Marie Laforêt, la princesse Victoria de Suède et un certain Klaus Burkart.
Que tous les dieux me protègent. À peine se sont-elles posées sur ce monsieur que mes rétines, quasiment névrotiques, ont dansé la polka, se sont brûlées au troisième degré de mille feux-follets, ont récité l'intégrale de Platon et de Claude Barzotti en mélangeant les strophes, je sentais que j'allais m'énucléer. Klaus Burkart était la plus belle œuvre humaine sur laquelle ces rétines, déjà exténuées, s'étaient posées durant ma si longue vie. Je hoquetais. Pour ma contenance, même la flute Alessi Mami XL remplie à ras bord d'un Veuve Clicquot 1966 ne suffisait plus. J'en ai même taché ma robe pied-de-poule Comme des Garçons. Mon hoquet a enflé, Karl, ce rat, ricanait en silence à l'autre bout de la table, jaboté sur sa chaise Macintosh. Klaus Burkart, à peine 20 ans, a été redessiné, à peine né, par Michel Ange et Léonardo da Vinci à quatre mains, coloré par Klimt, dentelé et musclé par un concile de fées réunies en séance extraordinaire à Siglufjördur. Je défaillais. Karl a commencé à rire plutôt bruyamment. Je me suis levée.
J'ai glapi : Monsieur, épousez-moi !
Le silence était tel, on aurait dit un tournage de film de Bergman. Seuls émergeaient les gloussements de Karl Lagerfeld.
Klaus Burkart a répondu, avec ce sourire qui aurait dynamité à lui seul toutes les lignes Maginot du monde : Je ne peux pas, chère madame, cela est impossible.

 

La précédente chronique de Marguerite K.

Je le sais : cela fait plus d'un mois que j'ai disparu. Que je fais chronique buissonnière dans mon délicieux L'Orient-Le Jour. Pardonnez-moi. Mais ce n'était pas ma faute. Ce n'est pas que j'ai arrêté d'écrire, seulement. Mais pendant tout ce temps, je ne dormais pas non plus. Je ne mangeais pas. Je ne lisais pas. En réalité, je faisais même la grève de l'oxygène. J'étouffais. Pour...

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