Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Dans la peau d’une femme

Rima Karaki, une femme qui veut casser les codes à la télévision

Pour certains, elle est une grande dame de la télévision libanaise, au propre comme au figuré. Pour d'autres, elle est « la tombeuse du cheikh ». Rima Karaki est bien plus que cela. Une femme qui veut casser les codes au Liban et à la télévision, sans chercher à provoquer et sans craindre de sortir des sentiers battus et des clichés prévisibles. En fonctionnant par coups de cœur... et selon ses convictions.


C'est ainsi qu'elle a réussi à faire taire, en direct, cheikh Hani Sibaï qui osait lui manquer de respect, dans son émission Lil Nachr sur la chaîne al-Jadeed. Cet épisode de quelques minutes a été visionné par plus de 9 millions de personnes sur YouTube. Pour les chaînes françaises, elle devient la présentatrice qui a pu remettre un cheikh extrémiste à sa place. Le symbole d'une nouvelle génération de femmes journalistes au Moyen-Orient qui refusent de se laisser faire par les religieux.
Son parcours ne se résume toutefois pas à ce petit épisode qui n'est qu'une étape dans une carrière déjà longue et variée, marquée par des idées pionnières. « Je suis une aventurière, dit-elle, j'aime constamment tester mes limites et chercher à les dépasser. Les lieux sûrs, les pas bien étudiés et contrôlés, "the safe side" comme on dit aujourd'hui, m'ennuient. Il faut que je me lance tout le temps dans de nouveaux projets, prendre des risques et aller plus loin... »


À l'université, déjà, elle faisait les projets des autres étudiants en se faisant payer, pour ne pas prendre de l'argent de ses parents. « Cela m'a permis de me faire de l'argent de poche, mais aussi d'élargir mes connaissances », dit-elle dans un rire. Rima Karaki a ensuite travaillé à la commission de surveillance des banques. Un métier qui ne lui ressemblait pas du tout, mais dans lequel elle est restée jusqu'à ce que, accompagnant ses amies dans un casting télé, elle soit elle-même choisie. Sa grande aventure télévisée est lancée.


Après la NTV (al-Jadeed), c'est la Future qui l'engage. Elle commence dans le talk-show du matin, avant d'avoir son programme Bidoun Zaal, des interviews hors normes de personnalités connues, puis un daily late show Like hal haki like, le premier du genre au Liban, présenté, de plus, par une femme. En septembre 2014, après le départ de Tony Khalifé, la NTV lui demande de reprendre son émission Lil Nachr, une sorte de magazine de scandales sociaux, d'affaires de corruption et de mœurs. L'émission représente un nouveau défi, car pour la première fois, elle intègre une structure déjà existante qui l'oblige, de plus, à aborder des sujets qu'elle n'évoque pas habituellement et qui ne font pas partie de son univers. Avec son empreinte, le succès est immédiat. Il lui permet également de réaliser son rêve, celui d'être reporter. Car pour elle, c'est le terrain qui compte avant tout, le contact direct avec les gens dans la vraie vie, et non sous les lumières artificielles des studios.


Bien que très à l'aise devant les caméras, Rima Karaki reste très naturelle, fonceuse et dynamique. Elle refuse de suivre les modes et veut rester elle-même une femme de passion. Elle refuse aussi les étiquettes politiques. « J'aime mon pays, c'est tout », confie-t-elle, avant de raconter fièrement être montée dans un camion pour retirer les drapeaux partisans des rues de Beyrouth et avoir organisé une journée de solidarité avec l'armée... « À la rigueur, je pourrais comprendre que la politique libanaise soit menée de l'étranger. Mais cela ne donne pas le droit à la classe politique de voler les citoyens et de les affamer, tout en occupant leurs esprits avec des questions confessionnelles. » Défendre les droits des Libanais, c'est donc son credo. Vouloir montrer la vie dans son injustice, sa complexité et ses moments de bonheur, son combat. Mais, au-delà de tout cela, elle veut surmonter ses propres peurs et assouvir sa soif de connaissance et d'expériences.

 

Dans la même rubrique
Jocelyne Khoueiry, ou les signes de Dieu

Ghada al-Yafi, celle qui croyait le changement possible

Viviane Debbas, engagée contre la maltraitance des enfants

Suzan Hamza, chantre de la méditation transcendantale au Liban

Hayat Arslane, « une femme qui défend ses convictions »

Sarah Beydoun voulait faire quelque chose pour aider...

Sawsan Safa et « l'affaire »

Paula Yacoubian, un parcours atypique

Nayla Fahed, engagée pour les enfants qui ne peuvent pas aller à l'école

Joumana Haddad, femme libre

Raya Daouk, une femme de vision et de convictions

Lubna Ezzeddine

Nadine Labaki, femme multiple

Zeina Daccache

Nada Abou Farhat

Nabila Farès

Zeina Kassem

Pour certains, elle est une grande dame de la télévision libanaise, au propre comme au figuré. Pour d'autres, elle est « la tombeuse du cheikh ». Rima Karaki est bien plus que cela. Une femme qui veut casser les codes au Liban et à la télévision, sans chercher à provoquer et sans craindre de sortir des sentiers battus et des clichés prévisibles. En fonctionnant par coups de cœur......

commentaires (3)

Pas mal, cette Rîmâh !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

06 h 06, le 06 mai 2015

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Pas mal, cette Rîmâh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 06, le 06 mai 2015

  • EH BIEN... QU'ELLE LES CASSE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 56, le 05 mai 2015

  • Bravo Rima

    Vahe Atmadjian

    14 h 33, le 05 mai 2015

Retour en haut