Le remplacement du chef de la diplomatie saoudienne... et les espoirs du 8 Mars

Le roi Salmane d'Arabie saoudite a créé la surprise en annonçant, hier à l'aube, le remplacement de l'héritier du trône, son demi-frère le prince Moqren, par le ministre de l'Intérieur Mohammad ben Nayef, doublé d'un remaniement au sein de son gouvernement : le remplacement du prince Saoud al-Fayçal, qui a été ministre des Affaires étrangères pendant quarante ans sans interruption.
Ce changement survenu à la tête de la diplomatie saoudienne aura-t-il une influence sur le Liban ?
Rappelons que le prince Saoud a une maîtrise solide de la situation libanaise, dont il a contribué plusieurs fois à l'assainissement politique. Il a ainsi joué un rôle dans la mise au point de l'accord de Taëf en 1989. Il a suivi de près l'élaboration et la tentative de mise en œuvre de l'initiative arabe pour la paix en 2001, puis en 2007. Il n'a eu de cesse de rappeler la nécessité d'un retrait israélien intégral.
Pour ce qui est du dossier de la présidentielle, le 8 Mars avait récemment répandu l'idée selon laquelle c'est le prince Saoud qui s'opposait à la candidature du général Michel Aoun. Pour un expert de la politique saoudienne, si cette information est vérifiée, cela signifiera que Riyad oppose réellement un veto à la candidature du général Aoun, auquel cas rien ne promet de changer pour ce dernier. En effet, le prince Saoud al-Fayçal détient toujours un pouvoir de décision à la tête du royaume : il reste membre du gouvernement et supervise la politique étrangère. De plus, il est certain que c'est le prince Saoud lui-même qui a demandé à être libéré de son poste, à cause de son état de santé précaire, qui s'est manifesté récemment, lors du sommet de Charm el-Cheikh, par sa difficulté à s'exprimer et marcher.
D'ailleurs, à en croire les émissaires de Paris et de Washington, aucune éclaircie n'est en vue au niveau de la présidentielle.