Le chef du Courant patriotique libre, le général Michel Aoun, a clairement laissé entendre hier qu'il pouvait « laisser tomber » ses alliés politiques, tout comme ces derniers le font.
Prié par les journalistes, à l'issue de la réunion hebdomadaire de son bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, de commenter la position de ses alliés politiques, essentiellement le Hezbollah et le mouvement Amal, en faveur de la prorogation des mandats des chefs militaires, le général Aoun a répondu : « Que l'on me suive dans mes décisions ou pas, je les prends seul. Comme les gens peuvent me laisser tomber, je peux tout aussi bien le faire. »
Le général Aoun devait, en outre, reprendre sa croisade en vue d'imposer l'avènement d'un président de la République représentatif, selon lui, sur le plan chrétien, renouant à cette occasion avec son discours traditionnel à tonalité virulente pour réaffirmer la volonté de sa formation de défendre cette « représentation chrétienne forte ».
Dénonçant « l'état d'effondrement » dans lequel se trouve, selon lui, l'État libanais, « car la Constitution et les lois ont été sapées », il a déclaré : « On dit que Aoun veut être élu président et nous répondons que nous voulons un président fort qui représente les Libanais de manière juste. Nos postes ne sont pas à mendier. Nous n'accepterons plus le déni de notre représentativité, et les temps où l'on nous désignait un passant comme président de la République sont bien révolus. Le vase a débordé et toutes les options sont à présent ouvertes. » « La chute des chrétiens signifie la chute du Liban », a-t-il martelé.
Au sujet de la prorogation des mandats des responsables militaires, à laquelle son bloc est farouchement opposé, il a déclaré : « Tout ce qui est dit à propos des nominations des chefs militaires est sans fondement et contraire à la réalité et aux lois. » « Ce qui se déroule à l'heure actuelle n'est que des tentatives visant à retirer le pouvoir de décision de la présidence de la République et priver le commandement de l'armée des personnes compétentes », a-t-il noté.
« Il existe des personnes compétentes qui sont en mesure de bâtir les institutions. On dit que le général Aoun se retirera du gouvernement au cas où le général Chamel Roukoz (son beau-fils) ne serait pas nommé commandant de l'armée ou que le général Aoun prépare une opération suicidaire. Tout cela est faux, a-t-il lancé. Je n'ai pas dit que je voulais le général Roukoz comme commandant en chef de l'armée. J'ai dit que je voulais un commandant nommé conformément aux lois. »
« Pour nous, la question des nominations n'est pas à discuter. La prorogation des mandats des responsables militaires est interdite », a-t-il martelé. Et de poursuivre : « L'ancien Premier ministre Saad Hariri estime que la présidentielle et la nomination du commandant en chef de l'armée concernent toutes les parties qui doivent se concerter sur ce plan. Il a le droit de le penser. Mais je peux également dire que cela doit s'appliquer à tous les autres postes, comme le directeur des Forces de sécurité intérieure et le Premier ministre. » « Nous vivons à une époque où ceux qui ont pillé les caisses de l'État se permettent de donner leur avis sur la personne qui convient ou pas à la présidence de la République », a-t-il encore dit.
Liban
Aoun creuse le fossé avec le Hezbollah
« Je peux laisser tomber les gens comme ils me laissent tomber », a lancé le chef du CPL.
OLJ / le 29 avril 2015 à 00h00
commentaires (11)
A défaut de creuser une tombe.
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
16 h 14, le 29 avril 2015