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Liban - La situation

Makari chez Geagea hier, Machnouk auprès du Hezbollah aujourd’hui : des gesticulations, mais pas de solutions en vue

Hier, le vice-président de la Chambre, Farid Makari, s’est rendu auprès du chef des FL, Samir Geagea. Photo Aldo Ayoub

La crise politique prend une tournure périlleuse, avec les menaces lancées hier par le chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun. « Le vase a débordé. Une prolongation du mandat des responsables de sécurité est interdite. Si elle a lieu, toutes les éventualités sont ouvertes », s'est emporté Michel Aoun, au terme de la réunion hebdomadaire de son bloc parlementaire. Hier, Michel Aoun a tiré dans tous les sens. Ses propos, d'une virulence particulière, exprimant pour la première fois ouvertement son ras-le-bol à l'égard de l'appui tiède de ses alliés à son égard, laissent ainsi deviner que les tractations menées pour défaire les nœuds politiques accumulés au fil des mois restent toujours au même point mort. Ils font surtout craindre un recours à l'escalade qui se traduirait par un retrait des ministres aounistes du gouvernement, au moment où tous les efforts tendent à préserver l'équipe Salam et à permettre au Parlement de fonctionner au minimum.

Les contacts s'étaient pourtant accélérés au cours des derniers jours afin d'essayer de dégager une entente autour de la convocation d'une réunion parlementaire suivant le principe dit de l'état de nécessité législative que conteste le bloc aouniste. Contrairement à son allié hezbollahi qui ne l'avait pas épargné de ses critiques, quoique indirectement, ce dernier considère que l'ordre du jour proposé ne correspond pas à ce principe. Une fois n'est pas coutume, les Forces libanaises sont du même avis. Les deux blocs estiment que non seulement l'agenda de la réunion est trop riche pour un Parlement qui ne doit plancher que sur l'essentiel à l'ombre d'une vacance présidentielle qui se prolonge, mais il lui manque de surcroît l'essentiel : la loi électorale, la grille des salaires dans le secteur public et – pour les aounistes – la loi sur la naturalisation des émigrés libanais.

Hier, le vice-président de la Chambre, Farid Makari, s'est rendu auprès du chef des FL, Samir Geagea, pour discuter de ce dossier avec lui, sans parvenir à le convaincre, au bout d'une heure et demie de débat, de l'opportunité de participer à la réunion parlementaire que le président de la Chambre, Nabih Berry, souhaitait convoquer au cours de la première semaine de mai. De sources proches de Aïn el-Tiné, on indique que Nabih Berry pourrait convoquer la réunion en dépit des positions hostiles des parties chrétiennes, même s'il sait à l'avance qu'elle n'aura pas lieu pour cause de défaut de quorum. L'important pour lui, dit-on, est de faire passer le message selon lequel la Chambre reste souveraine et se doit d'approuver les lois qui permettront à l'État de fonctionner. Parmi ces lois, le projet de budget 2015. S'il n'est pas voté dans les temps, l'État ne pourra pas engager les dépenses nécessaires au paiement des salaires des fonctionnaires, le plafond des dépenses autorisées sur base du douzième provisoire étant insuffisant pour cela. Pour le Parlement, c'est une course contre la montre qui est donc engagée. Et pour cause : la session ordinaire du printemps se termine fin mai et on sait que l'ouverture d'une session extraordinaire nécessite un décret signé par le chef de l'État.

D'aucuns estiment cependant que tout n'est pas perdu, puisque M. Berry doit recevoir aujourd'hui, dans le cadre de ses audiences du mercredi, une délégation du bloc aouniste qui doit lui expliquer que le CPL n'est pas hostile à la tenue d'une réunion parlementaire mais qu'il n'est pas d'accord avec l'ordre du jour. Une solution serait que le président de la Chambre, indique-t-on dans ses milieux, s'engage à inscrire le projet de loi portant naturalisation des émigrés libanais, à l'ordre du jour de la première réunion parlementaire à partir du moment où son examen sera achevé en commissions parlementaires.

Le problème se pose pour la loi électorale et le projet de budget. Les deux sont loin de faire l'objet d'une entente politique. De sources ministérielles, on laisse entendre d'ailleurs que la page du projet de loi de finances est pratiquement tournée. Le dossier n'est pas de toute façon à l'ordre du jour du Conseil des ministres qui se tiendra cet après-midi au Sérail. Avec un ordre du jour ordinaire d'une cinquantaine de points, le gouvernement doit plancher sur trois sujets principaux : l'affaire du déblocage des données des communications téléphoniques, réclamées par le ministère de l'Intérieur, à partir du 1er mai, étant donné son importance dans le cadre du plan de sécurité appliqué par l'armée et les FSI dans plusieurs points du pays, notamment dans la banlieue sud de Beyrouth. Comme on peut s'y attendre, le Hezbollah s'oppose à cette mesure et c'est sans doute pour lui expliquer son importance et l'encourager à se montrer plus coopératif, que le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, se rendra aujourd'hui à midi, soit avant le Conseil des ministres prévu à 16h, auprès des députés hezbollahis, à Haret Hreik.
Le deuxième sujet se rapporte à l'affaire des aides aux déplacés syriens qui a failli provoquer une crise en Conseil des ministres, après la prise de bec à ce sujet entre les ministres des Affaires sociales, Rachid Derbas, et des Affaires étrangères, Gebran Bassil, autour de l'entrée de près de 6 000 Syriens en dépit des restrictions imposées par le gouvernement.
Quant au troisième sujet, il concerne une éventuelle rallonge des permis d'exploitation du réseau GSM accordés aux deux opérateurs de téléphonie mobile, Alfa et Touch.


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commentaires (4)

DES MARIONNETTES DU MARASME... LES SOLUTIONS SONT POUR LES HOMMES !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 49, le 29 avril 2015

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Commentaires (4)

  • DES MARIONNETTES DU MARASME... LES SOLUTIONS SONT POUR LES HOMMES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 49, le 29 avril 2015

  • Un individu qui prétend être un homme d'état mais qui ne maitrise pas ses nerfs, ne l'est point. Par conséquent, il faudrait qu'il change de métier.

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  • LUI SUR LA CHAISE... SES GENDRES GAVÉS L'UN DE FRAISES ET L'AUTRE DE MAYONNAISE... SINON : TOUTES LES ÉVENTUALITÉS SONT OUVERTES !

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    07 h 09, le 29 avril 2015

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