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Liban - Social

« Mon handicap joue un rôle primordial dans mes entretiens d’embauche »

L'Union des handicapés du Liban manifeste pour les droits des handicapés au travail, à la veille du 1er mai.

L’Union des handicapés du Liban manifestera le 30 avril prochain pour le droit de travail. L’ONG n’en est pas à son coup d’essai : sur cette photo, un sit-in contre la violence en 2008. Photo lphu.com

Abbas a 24 ans, il est diplômé en sciences sociales et se déplace en fauteuil roulant. Une mauvaise surprise l'attendait lors de la présentation de sa candidature pour un premier job en tant que travailleur social, dans une institution officielle. « J'ai demandé de l'aide pour le concours d'entrée, parce que j'ai des difficultés à écrire assez rapidement et suivre le rythme, raconte-t-il. On m'a déclaré de but en blanc que l'emploi n'était pas pour moi si je n'étais pas capable d'écrire. Or j'en suis tout à fait capable, surtout sur ordinateur ! Je n'avais besoin que d'une aide passagère. Mes protestations n'y ont rien fait, on a rejeté ma demande avant même d'étudier mon dossier. Je crois que c'est un prétexte lié à mon handicap. »

Malgré ses deux diplômes en psychologie et en lettres arabes, Élie, malvoyant, n'a toujours pas pu décrocher de job à 34 ans. « J'ai présenté mon dossier à des journaux, des stations de radio et, plus récemment, à une banque, dit-il. À chaque fois, on m'oppose un silence total. Ni oui ni non, aucune raison invoquée, rien. Il n'est pas difficile de constater que mon handicap joue un rôle primordial au cours des entretiens d'embauche. » Élie assure que les employeurs n'auront besoin d'aucun ajustement sur le lieu du travail pour accueillir des malvoyants ou d'autres handicapés, et déplore les préjugés qui accompagnent le handicap.

Élie et bien d'autres comptent manifester le jeudi 30 avril, à la veille de la Journée du travail, le 1er mai, pour revendiquer de meilleures conditions de travail et l'application de la loi 220 sur les droits des handicapés, adoptée il y a quinze ans (en 2000) et restée lettre morte. Car, s'il y a des exceptions, les cas tels que ceux de Abbas et d'Élie restent majoritaires chez les personnes handicapées, affirme Yasser Ammar, chargé des relations avec les autorités au sein de l'Union des handicapés du Liban, l'ONG qui organise la manifestation.
« Depuis la loi 220, les décrets d'application tardent à être adoptés ou alors ils viennent aggraver la situation au lieu d'apporter une solution, affirme Yasser Ammar. Je vous donne l'exemple d'un paragraphe de la loi qui prévoit des allocations chômage équivalant aux trois quarts du salaire minimum. Dans le décret, on a ajouté qu'il fallait que la personne handicapée présente une preuve d'un travail précédent. Or une grande partie des handicapés n'ont jamais pu décrocher un emploi au préalable. Et même s'ils ont déjà travaillé, comme c'est mon cas, ils ne peuvent le prouver car ils sont rarement enregistrés par les employeurs. »
Une autre disposition centrale de la loi 220 porte sur le quota de 3 % dans les entreprises. « Cette clause devait être appliquée sans décret, souligne-t-il. Or on en est loin, notamment dans le secteur public où tous les prétextes sont bons pour rejeter les demandes de personnes handicapées. »

Les manifestants, le 30 avril prochain, auront des revendications bien précises, comme la création d'un comité de travail ministériel chargé de faire appliquer cette loi, notamment en ce qui concerne le quota dans les entreprises privées et publiques, avec une première série d'embauches dans le secteur public. « Nous demanderons aussi que l'Office national de l'emploi soit renforcé et qu'un budget plus important lui soit alloué, poursuit Yasser Ammar. Notre collaboration avec cet organisme a toujours été positive. » D'autres revendications parallèles comme l'adaptation des bâtiments et lieux de travail (construction de rampes par exemple), la mise en place d'un transport public adapté et l'application de l'exemption de taxes sur les véhicules spéciaux seront exprimées.

L'amélioration des conditions de travail pour les handicapés ne sont pas compliquées, comme semblent l'attester des préjugés populaires vétustes. Des projets pilotes entrepris par l'Union des handicapés du Liban, notamment la création de son propre bureau d'emploi (qui a aidé à faire embaucher des handicapés dans certaines entreprises), en sont une preuve éclatante.

 

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