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Moyen Orient et Monde - Yémen

Que signifie l’annonce par l’Arabie saoudite de la fin de l’opération « Tempête de la fermeté » ?

Il y a sûrement eu une pression américaine pour pousser Riyad à annoncer l'arrêt des frappes, estime un ancien diplomate arabe.

Un combattant yéménite soutenant le président Abed Rabbo Mansour Hadi à Aden. Saleh al-Obeidi/AFP

Après un mois de frappes quotidiennes contre les rebelles houthis et leurs alliés de l'armée restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, Riyad a annoncé, mardi dernier, la fin de l'opération « Tempête de la fermeté » au Yémen. Une annonce qui, au même titre que le lancement de l'opération, n'a pas manqué de surprendre les observateurs. Même si la coalition arabo-sunnite, menée par l'Arabie saoudite, affirme avoir atteint ses objectifs militaires, qui consistaient notamment à détruire des rampes de lancement de missiles balistiques, aucune évolution majeure n'est perceptible sur le terrain. Les houthis contrôlent toujours Sanaa et Taëz et sont aux portes d'Aden.
La nouvelle opération qui a débuté mardi, baptisée « Restaurer l'espoir », a des contours extrêmement flous. Elle est censée être centrée sur la sécurité, le contre-terrorisme, avec toutes les ambiguïtés que laisse supposer l'utilisation de cette notion, et la recherche d'une solution politique. Mais, jusqu'à présent, il est difficile de savoir ce qui la distingue de l'opération précédente : la coalition arabe continue de bombarder les positions des houthis, et les combats n'ont pas cessé sur le terrain. Simple effet de sémantique ou incohérence dans la politique saoudienne, que signifie réellement l'annonce de la fin de l'opération « Tempête de la fermeté » ?

Plusieurs éléments peuvent avoir précipité la décision de Riyad. Un : le coût humain de l'opération qui pourrait amener la communauté internationale à adopter une position plus critique vis-à-vis de l'Arabie saoudite. Les frappes ont déjà fait plus d'un millier de morts, dont 115 enfants, et les populations doivent désormais faire face à une catastrophe humanitaire (pénuries d'eau et de nourriture). Deux : la nomination du Mauritanien Ismaïl Ould Cheikh Ahmad au poste d'envoyé spécial de l'Onu, en remplacement du Marocain Jamal Benomar qui avait démissionné après avoir essuyé les critiques de Riyad, qui pourrait relancer le processus de dialogue. Trois : la promotion, au poste de vice-président de l'actuel Premier ministre, Khaled Bahah, personnage, a priori, plus à même de faire consensus. Quatre : le fait que l'ex-président Saleh ait approuvé la résolution de l'Onu qui demande aux houthis de se retirer des territoires conquis et qui impose un embargo sur les armes à leur destination. Cinq : l'éventualité d'une pression américaine sur Riyad. C'est l'hypothèse la plus probable, mas la plus difficilement vérifiable.

(Lire aussi : Pour les Yéménites, l'arrêt des bombardements ne signifie pas la fin de la crise)

 

« Une menace sérieuse iranienne »
« La coalition n'a pas atteint les objectifs qu'elle s'était fixés. Il était donc inévitable que les bombardements continuent. Cela dit, il y a sûrement eu une pression américaine pour pousser Riyad à annoncer la fin de l'opération. Les Américains avaient probablement fixé un plafond, avec des objectifs précis, et ils considèrent que ceux-ci sont atteints », estime un ancien diplomate arabe de haut rang qui a préféré garder l'anonymat. Selon lui, un deuxième élément est rentré en jeu, à savoir « le fait que les Européens, particulièrement les Allemands, ont transmis à l'Arabie saoudite des informations sur une menace sérieuse iranienne, notamment par le biais d'un mouvement de flotte en direction du détroit de Bab el-Mandeb ». « Même si les Iraniens n'avaient pas l'intention de déclencher une guerre régionale, ce mouvement de flotte peut être considéré comme un acte de dissuasion, adressé à l'Arabie saoudite », ajoute-t-il.
Si la poursuite des frappes aériennes ne l'a pas vraiment surpris, le diplomate considère que l'Arabie saoudite est face à une impasse. « À long terme, je ne vois pas ce que les Saoudiens pourraient faire. Ni les Pakistanais ni les Égyptiens ne sont prêts à s'engager réellement dans les combats et la garde nationale saoudienne n'est pas en mesure de se lancer dans une offensive terrestre », note-t-il. D'après lui, « l'opération finira par piétiner et risque, d'une part, de ne pas permettre le retour du président Abed Rabbo Mansour Hadi et, d'autre part, de ne pas pouvoir rééquilibrer le rapport de force entre les houthis et les autres acteurs ».


(Lire aussi : Ali Abdallah Saleh appelle ses alliés houthis à se replier)

 

« Bahah est très bien »
Concernant l'avenir du président Hadi, le diplomate décrit un homme qui pendant 18 ans était l'ombre de Saleh. « Il n'a aucune envergure, son seul titre de gloire est qu'il vient du sud et qu'il n'est pas sécessionniste », ajoute-t-il. Cela dit, il considère que les Saoudiens « ne vont pas l'abandonner, car cela signifierait une défaite cuisante pour eux, sauf si des négociations sérieuses pourraient aboutir à une véritable solution ». À ce titre, le nouveau vice-président Khaled Bahah est, selon le diplomate, un personnage plus crédible aux yeux des zaydites. « Quand je mentionne son nom devant des zaydites, ils me répondent "Bahah est très bien". »
« Par ailleurs, les Saoudiens n'ont pas réglé le problème de Saleh, qu'ils n'arrivent pas à convaincre de partir. Même si l'ex-président a approuvé la résolution onusienne, la garde républicaine yéménite continue de soutenir les houthis sur le terrain. En ce sens, il faudrait un geste important de Saleh, pour que Riyad accepte de dialoguer à nouveau avec lui », explique l'ancien diplomate.

Pour l'instant, la dimension politique de la nouvelle phase de l'opération est difficilement perceptible. Le nouvel envoyé spécial de l'Onu, Ismaïl Ould Cheikh Ahmad, un homme qui connaît bien le Yémen pour y avoir vécu plusieurs années, « devrait faire un peu d'humanitaire, jusqu'à ce que la reprise du dialogue sous une forme ou une autre devienne possible », selon le diplomate à la retraite. « Ils lui ont fait comprendre à l'Onu qu'il n'était pas là pour continuer la mission de Benomar, mais pour en entamer une nouvelle, mais les contours de cette mission ne sont pas clairs. Jamal Benomar était fort de l'appui du Conseil de coopération du Golfe, qui avait façonné le cadre du dialogue. Ce n'est pas le cas d'Ismaïl Ould Cheikh Ahmad qui, même s'il était appuyé par les pays du Golfe, n'aurait pas pour autant la garantie de rassembler tout le monde ».

 

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commentaires (1)

Les bensaouds de la colonie bensaoudique d'israrecel sont empetres jusqu au coup . Ca faisait rire certains mais cet article vient confirmer ce qui se dit dans les cercles diplomatiques autorises. Le fait d avoir ameute les "freres sunnites" et que ces derniers rejettent cet appel, c est lourd de sens et de consequences. La guerre de Troie n aura pas lieu. Comprenez guerre sunnite-chiite. Les foireux suivistes perroquets comprendront mieux quand la bensaoudie aura completement morflee rejetee par ses propres allies pour raison d incompetence chronique.

FRIK-A-FRAK

08 h 31, le 25 avril 2015

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Commentaires (1)

  • Les bensaouds de la colonie bensaoudique d'israrecel sont empetres jusqu au coup . Ca faisait rire certains mais cet article vient confirmer ce qui se dit dans les cercles diplomatiques autorises. Le fait d avoir ameute les "freres sunnites" et que ces derniers rejettent cet appel, c est lourd de sens et de consequences. La guerre de Troie n aura pas lieu. Comprenez guerre sunnite-chiite. Les foireux suivistes perroquets comprendront mieux quand la bensaoudie aura completement morflee rejetee par ses propres allies pour raison d incompetence chronique.

    FRIK-A-FRAK

    08 h 31, le 25 avril 2015

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