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Culture - Festivals

Beiteddine, et toute l’adulescence de ses 30 ans

Comme disait l'autre, « avoir trente ans, c'est être un adulte dans le monde des jeunes et un jeune dans le monde des adultes ».
C'est ce que l'on souhaite au festival de Beiteddine qui souffle cette année ses 30 bougies. Rester jeune et continuer à mûrir en même temps ; ado et adulte, adulescent fantasque et raisonnable à la fois. Profiter des deux mondes. Rallier les générations à travers des programmes éclectiques, allant de la pop au jazz, en passant par l'art lyrique ou la danse, sans oublier le tarab et les musiques du monde.
Le festival de Beiteddine est né en 1985, sous l'impulsion de Walid Joumblatt. La guerre faisait rage. En 1987, Nora Joumblatt forme un comité exécutif et prend les rênes. Aux personnes qui s'étaient étonnées de la création d'un festival en des temps aussi difficiles, elle répondait : « L'esprit du Liban ne mourra jamais. Parce que les talents, les arts, la musique et le verbe ne meurent jamais. Et le Liban restera à jamais ce pays-message enraciné et renouvelé. »
Au fil des années, le festival a pris de l'ampleur, sur le plan régional et international. Dès 1997, les concerts ont illuminé la grande cour, aménagée pour accueillir 5 000 spectateurs. Le festival produit aussi ses propres spectacles, des pièces ou comédies musicales libanaises en grande majorité. En 2003, Beiteddine accueille 51 000 festivaliers. Des spectacles et des concerts mémorables, des artistes inoubliables, il y en a : Placido Domingo, Elton John, Nigel Kennedy, Feyrouz, José Carreras, Montserrat Caballé, Dee Dee Bridgewater, Wilhelmenia Fernandez, Sylvie Guillem et Russel Maliphant, Ravi Shankar, Joaqim Cortes, Diana Krall, Garou, Stomp et des dizaines d'autres.
Beiteddine cru 2015 porte des têtes d'affiche éminemment lyriques : une grande star du chant opératique, Anna Netrebko, et l'un des ténors belcantistes les plus demandés, Juan Diego Florez, sont au programme, rendu public hier par la présidente Nora Joumblatt, lors d'une conférence de presse à la Salle de Verre, en présence des ministres du Tourisme et de la Culture, Michel Pharaon et Rony Araiji, de la directrice générale du ministère du Tourisme, Nada Sardouk, et des représentants des partenaires de l'événement, Bank Med et la SGBL.
En attendant les 40 ans...

 

Le top 3 de la rédaction

 

Anna Netrebko.

 

1- La grande Anna Netrebko. La soprano russe sera sur la scène de Beiteddine le jeudi 27 août. Acclamée comme « la nouvelle diva régnante du début du XXIe siècle », la fervente militante pour les droits des enfants est devenue la première musicienne classique à figurer dans la liste du magazine Time des personnalités les plus influentes du monde. Sa voix grave et caractéristique, ainsi que sa présence scénique à la fois élégante et envoûtante, ont poussé la critique à la surnommer la « Audrey Hepburn avec une voix » et à la considérer comme « une chanteuse qui possède simplement tout : une voix d'une incroyable pureté, précision et envergure, un large éventail tonal, de l'imagination, de l'intuition et de l'esprit – tout cela combiné à un charisme indéniable »...
Elle est certainement la voix d'opéra la plus magnifique de notre époque et elle dispose d'un répertoire vaste et varié. À ne pas rater.

 

Amal Maher à Beiteddine en 2009.
Cynthia Karam/Reuters

 

2- Amal Maher chante Oum Kalsoum le vendredi 4 septembre. En 2009, la chanteuse égyptienne a ensorcelé le public de Beiteddine avec son hommage à la grande dame du tarab. Moulée dans un somptueux fourreau blanc, la belle brune avait marqué les esprits (et les cœurs) par sa belle voix incomparable, accompagnée par Salim Sahab et son orchestre. Impossible, donc, de rater son nouveau rendez-vous, six ans plus tard.

 

Bar Farouk


3- Et last but not least, la comédie musicale Bar Farouk, jeudi 20, vendredi 21 et samedi 22 août. Dans la petite cour transformée en cabaret à la belle étoile, où une joyeuse sarabande de quatorze musiciens, chanteurs et danseurs (dont certains étalons de l'écurie Hichik Bichik) menée par Hicham Jaber revisitera les grands moments du théâtre populaire beyrouthin des années 30 aux années 70. À travers des personnages icônes de la culture pop libanaise comme Chouchou, Sabah, Férial Karim et le poète Omar el-Zeenni. S'il est bien mené, ce spectacle risque de faire date. Et pourrait jouer les prolongations, plus tard, en off festival, au Metro Madina.

 

Arabo-oriental
– Marcel Khalifé, le 5 août. De retour à Beiteddine, 30 ans après sa première participation au festival (il y aura eu un passage entre les deux), promet de revisiter ses grands succès, accompagné de l'orchestre Mayadine.
– Kazem el-Saher, les 14 et 15 août. Un rendez-vous traditionnel, avec un gentleman chanteur dont les albums ont drainé plus de 100 millions de chiffre de vente.
– Amal Maher chante Oum Kalsoum, le 4 septembre (voir par ailleurs).

 

Art lyrique
– Anna Netrebko, le jeudi 27 août, avec le Filarmonica Gioacchino Rossini Orchestra et le « guest tenor » Yusuf Eyvazov (voir par ailleurs).
– Juan Diego Flórez, mercredi 29 juillet. Le ténor péruvien de 42 ans, au physique de matador, révélera la puissance expressive de grands airs de Rossini, Massenet, Donizetti, Offenbach... Il a séduit le monde par sa voix et sa simplicité. Depuis sa révélation en 1996 avec l'opéra de Rossini Matilde di Shabran, Juan Diego Flórez multiplie les interprétations et les représentations d'opéra en partageant la scène avec Natalie Dessay, Isabel Rey, Annick Massis... À Beiteddine, c'est Joyce el-Khoury la « guest soprano », considérée comme l'étoile libanaise montante de l'opéra mondial. Avec le Filarmonica Gioacchino Rossini orchestra.
– Samedi 8 août, le festival marque la commémoration du centenaire du génocide des Arméniens avec un Requiem de Tigran Mansurian. L'Orchestre philharmonique national arménien, le chœur de chambre d'Arménie et le chœur de chambre de l'État de Hover sous la baguette de maestro Eduard Topchjan. Solistes : Irina Zakyan et Gurgen Baveyan.

 

Lady chante le blues et M. fait du folk pop
– Rebecca Ferguson, mercredi 12 août, dans un hommage à la légendaire Billie Holiday, « Lady Sings the blues ».
– David Gray (samedi 1er août), jeune chanteur-compositeur au répertoire pop-folk mélancolique. Surnommé par Joan Baez « le meilleur parolier depuis Dylan », il connaît un succès international grâce à l'album « White Ladder », resté en Irlande plus de 175 semaines dans les charts, devenu la plus grande vente de disques de tous les temps.

 

Partenariat avec Spolète
Beiteddine a signé une nouvelle collaboration avec le festival italien de Spolète. À travers ce partenariat, les deux festivals cherchent à créer une plateforme artistique pour les cultures du Moyen-Orient et d'Europe. Une collaboration qui établit les prémices d'un langage artistique partagé dans les années à venir. Premier jalon, Beiteddine présente à Spolète une soirée soufie le 27 juin, avec la chanteuse marocaine Karima Skalli et l'ensemble Asil. Poésie et musique inspirées par les grands compositeurs arabes à travers les siècles résonneront dans la vieille ville de Spolète.
Depuis 1958, année de sa création par le compositeur italo-américain Giancarlo Menotti, le festival de Spolète a pour vocation de célébrer l'art sous toutes ses formes, en réalisant un pont entre deux mondes artistiques et deux cultures différentes, la culture européenne et la culture américaine. D'où le nom du festival « des deux mondes ».
Ce rendez-vous culturel international a attiré les célébrités artistiques les plus prestigieuses tels Luchino Visconti, Luciano Pavarotti, Rudolf Noureev, Roman Polanski, Nino Rota, Vittorio Gassman et tant d'autres.
Le festival se conclut avec le traditionnel « Concerto in Piazza » sur la piazza Del Duomo, où se produisent les plus prestigieux orchestres philharmoniques.

 

Rony Araiji : Symbole de résistance et de culture
« Ce festival est entré dans l'histoire culturelle du pays, a affirmé pour sa part le ministre de la Culture. Un pays qui restera symbole de vie, de résistance et de culture. En dépit de la noirceur et de la fumée qui enveloppent la région. »
Rony Araiji a également réaffirmé l'importance des festivals dans leur rôle de réanimateurs du tourisme et de l'économie en plus de leur mission de diffuser la culture. Il a finalement rendu un hommage à la présidente du festival Nora Joumblatt pour sa persévérance.

 

Michel Pharaon : Beiteddine est une boussole
Le ministre du Tourisme a comparé le festival de Beiteddine à une boussole. Premier des festivals de l'été, il donne le la à ses « collègues » et lance la saison. « L'année dernière, en dépit des ennuis sécuritaires, Beiteddine a encouragé les autres festivals à poursuivre leur programmation », a noté le ministre en espérant que cette année se déroulera sous de meilleurs auspices, avec les plans de sécurité mis en œuvre. Et M. Pharaon de noter une augmentation de 30 % de l'afflux de touristes enregistrée ces six derniers mois. « Le Liban se porte actuellement comme le défenseur des civilisations de toute la région et nous en sommes fiers », a-t-il dit.

Comme disait l'autre, « avoir trente ans, c'est être un adulte dans le monde des jeunes et un jeune dans le monde des adultes ».C'est ce que l'on souhaite au festival de Beiteddine qui souffle cette année ses 30 bougies. Rester jeune et continuer à mûrir en même temps ; ado et adulte, adulescent fantasque et raisonnable à la fois. Profiter des deux mondes. Rallier les générations à...

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