Le président Bachar el-Assad a affirmé avoir "invité" dans son pays le mouvement chiite libanais Hezbollah, mais démenti que des troupes iraniennes combattaient sur le sol syrien, lors d'un entretien à la chaîne télévisée France 2 diffusé lundi.
Interrogé sur le soutien stratégique de l'Iran et du Hezbollah dans le conflit en Syrie en proie à une rébellion armée et à des jihadistes, Bachar el-Assad répond que "nul pays n'a le droit d'intervenir sans y être invité. Nous avons invité Hezbollah, mais pas les Iraniens. Il n'y a pas de troupes iraniennes en Syrie et ils n'ont envoyé aucune force". "Des commandants et des officiers vont et viennent entre les deux pays conformément à la coopération existant entre nous depuis bien longtemps. C'est différent que de participer aux combats", a ajouté Bachar el-Assad, en évoquant l'Iran, principal allié régional du régime de Damas.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite de la République islamique, combattent aux côtés du Hezbollah et de l'armée syrienne notamment dans le sud du pays.
Interrogé sur la coalition internationale menée par les Etats-Unis, qui opère des frappes contre le groupe Etat islamique, le président syrien estime que les pays composant cette coalition ne sont "pas sérieux jusqu'à présent" et "n'aident personne dans cette région". "Si vous comparez le nombre de frappes aériennes effectuées par les forces de la coalition composée de 60 Etats à celles que nous avons effectuées, nous petit Etat, vous constaterez que nous bombardons parfois dix fois plus que la coalition en une journée", a-t-il argumenté.
Le président syrien a en outre démenti l'usage par l'armée de gaz de chlore en mars contre des secteurs rebelles de la province d'Idleb (nord-ouest), après des accusations de l'organisation des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW). "Non, c'est un autre faux récit donné par des gouvernements occidentaux", a répondu Bachar el-Assad. "Nous n'avons pas utilisé le chlore, et nous n'en avons pas besoin. Nous avons nos armements classiques, et nous pouvons atteindre nos objectifs sans y avoir recours".
A une question portant sur sa responsabilité dans l'émergence du groupe Etat islamique (EI), le président syrien a souligné que l'EI a "été créé en Irak en 2006 sous la supervision des Américains". "Je ne suis pas en Irak. Je n'y ai jamais été. Je ne contrôlais pas l'Irak. C'était les Américains qui contrôlaient l'Irak. L'EI est venu d'Irak en Syrie, car le chaos est contagieux", a-t-il ajouté.
(Lire aussi : « En discutant avec Bachar el-Assad, je n'ai pas eu le sentiment d'avoir en face de moi un homme fini »)
Des "contacts" entre SR syriens et français
Sur un autre plan, M. Assad a affirmé que des contacts entre services de renseignement français et syriens existent en dépit de la rupture des relations diplomatiques bilatérales.
"Il y a des contacts mais il n'y a pas de coopération", a déclaré le président syrien, en réponse à une question sur les liens entre les services de renseignement syriens et français. "Nous avons rencontré certains responsables de vos services de renseignement mais il n'y pas de coopération" ni d'échanges d'informations, a-t-il ajouté sans les identifier.
Ces responsables français "sont venus en Syrie mais nous ne sommes pas allés en France. Ils sont peut-être venus pour échanger des informations mais quand vous voulez avoir ce type de collaboration, il faut de la bonne volonté des deux côtés", a poursuivi Bachar el-Assad, en laissant entendre que tel n'est pas le cas du côté de Paris.
Le président syrien n'a pas précisé quand ces responsables français sont venus en Syrie. Il assure que c'est Paris qui a fait la demande d'une rencontre. "Nous les avons rencontrés. Il y a eu une réunion avec eux", a-t-il dit, assurant n'avoir "rien à demander aux services de renseignements français".
Interrogés sur l'existence de ces contacts bilatéraux, le ministère français des Affaires étrangères et la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE, service de renseignement français) se sont refusés lundi à tout commentaire.
Interrogé sur la présence éventuelle de détenus jihadistes français en Syrie, Bachar el-Assad a assuré qu'il n'y en a "aucun dans (ses) prisons". "Nous n'avons que des informations. La plupart de ces jihadistes viennent ici pour combattre, mourir et aller au paradis".
"Nous sommes toujours intéressés au dialogue avec quiconque", a aussi indiqué le président syrien en réponse à une question sur une relance des relations avec la France. "Mais comment peut-on établir un dialogue avec un régime qui soutient le terrorisme dans notre pays?", s'est-il interrogé, en reprenant son antienne selon laquelle les opposants à son pouvoir ne sont que des terroristes.
"Les fers de lance contre la Syrie ont été: un la France, deux le Royaume-Uni", a-t-il aussi déploré en jugeant que "personne ne prend plus au sérieux les déclarations des responsables français".
"Pour une simple raison: c'est que la France est devenue en quelque sorte un satellite de la politique américaine dans la région. Elle n'est pas indépendante, et n'a aucun poids, elle n'a plus aucune crédibilité", a-t-il ajouté.
Fin 2013, des diplomates avaient déjà affirmé que des ambassadeurs et des membres des services de renseignements européens avaient repris discrètement le chemin de Damas pour prendre contact avec des responsables syriens.
Un de ces diplomates avait indiqué à l'époque à l'AFP que la France avait envoyé deux de ses agents rencontrer en Syrie le général Ali Mamlouk, chef des services secrets syriens pour lui demander s'il était prêt à reprendre les anciennes relations entre les services.
Le responsable syrien avait répondu que Damas était prêt à reprendre une coopération sous condition que l'ambassade de France soit rouverte dans le pays.
Paris, comme Londres, a fermé en mars 2012 son ambassade à Damas afin de protester contre la répression du régime. Depuis deux ans, la France fait l'objet de pressions syriennes et de certains hommes politiques français pour restaurer les relations diplomatiques bilatérales mais le président François Hollande s'y refuse jusqu'à présent officiellement et de manière catégorique.
Pour mémoire
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commentaires (6)
Il se permet de lancer encore des "invitations", le cave aSSadiot Per(s)cé ; yâ wâïyléééh !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
11 h 00, le 21 avril 2015