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Moyen Orient et Monde - Conscription

En Syrie, des jeunes disent oui au régime mais non à l’armée

Le recrutement s'effectue principalement chez les druzes, les chrétiens, les alaouites ou les ismaélites.

Photo montrant des soldats de l’armée syrienne après la reprise de la ville de Qousseir. STR/AFP

Beaucoup de jeunes Syriens résidant dans les zones tenues par le régime essaient par tous les moyens d'éviter la conscription, y compris par des émeutes, même si la plupart d'entre eux appuient l'armée.
Après quatre ans de guerre contre les rebelles, la grande majorité des 220 000 morts sont recensés dans les rangs des forces du régime, avec plus de 80 000 tués, dont 47 000 militaires.

« Je suis pour le régime mais je suis un insoumis car le service militaire en Syrie signifie la mort, affirme Georges, un étudiant chrétien de Damas. Peu de jeunes acceptent de s'enrôler car, à notre âge, personne ne veut mourir. »

Comme de vastes pans de territoires échappant au régime sont majoritairement sunnites, le recrutement s'effectue principalement chez les druzes, les chrétiens, les alaouites ou les ismaélites. Or ces minorités estiment avoir payé un lourd tribut pour le maintien au pouvoir de Bachar el-Assad.

(Reportage : À Damas, les commandos féminins en première ligne face aux rebelles)


Ils « soutiennent l'armée, mais ils ne veulent pas en faire partie », explique Sema Nassar, une militante des droits de l'homme de la province de Lattaquié (Nord-Ouest), bastion de la minorité alaouite à laquelle appartient le chef de l'État.

Contrôle accru

À mesure que le pays s'enfonce dans une « guerre d'usure, le gouvernement doit user d'une coercition considérable » pour renflouer les rangs de l'armée, note Joshua Landis, directeur du Centre d'études sur le Moyen-Orient à l'université d'Oklahoma (États-Unis). « Les rebelles (en majorité sunnites) affirment être en mesure de tenir plus longtemps que les alaouites. Ils réussiront en effet si la guerre dure », dit-il à l'AFP.
Les sunnites représentent environ 80 % de la population et les alaouites 10 %.

L'armée, qui disposait de 300 000 hommes, a perdu la moitié de ses effectifs en quatre ans, selon Aram Nerguizian, expert des affaires militaires au Centre des études stratégiques et internationales aux États-Unis.

Le service militaire dure en principe deux ans mais les conscrits peuvent être gardés sous les drapeaux bien plus longtemps si la situation l'exige.
La police militaire a redoublé d'efforts pour attraper les insoumis. « Elle a installé des points de contrôle à l'entrée des villes et fouille les bus à la recherche de jeunes de 18 ans et plus », assure Omar al-Jeblaoui, un militant de Jablé, au sud de Lattaquié. Elle rôde aussi à l'entrée des universités, dit-il.

À Damas, « les jeunes s'inscrivent à l'université pour obtenir un sursis et quand ils échouent, les fugitifs se cachent, limitant leur mouvement en ville et évitant les barrages », explique encore Georges. « Comme le gouvernement ne peut pas tous les attraper, il attend que l'un d'eux désire voyager, se marier ou obtenir une signature officielle pour lui mettre la main dessus. »

(Lire aussi : A Raqqa, l'EI commence à délivrer des "cartes d'identité")

 

Tours de garde

« Tout le monde sans exception est maintenant mécontent », assure Sema Nassar. « Comment ne le seraient-ils pas après quatre ans de cette sale guerre ? » Selon elle, certains s'enfuient à l'étranger, paient des pots-de-vin exorbitants. D'autres, y compris des sunnites, préfèrent s'engager dans les Forces de défense nationale, des milices prorégime locales, afin d'éviter d'être envoyés dans une province éloignée.

À Lattaquié, des jeunes font des tours de garde autour de chez eux pour échapper aux forces de sécurité.
Les incidents les plus notables ont eu lieu dans la province à majorité druze de Soueida (Sud). Le 11 avril, à Salkhad, à la suite d'une dispute avec un voisin, Abdallah Abou Mansour s'est retrouvé au siège de la police criminelle qui a découvert qu'il était insoumis. « Les parents et amis d'Abdallah ont brisé les vitres de trois voitures et détruit des panneaux. Face à la vindicte, les policiers l'ont libéré », raconte un habitant à l'AFP.

En décembre, des habitants de Chahba ont pris un otage et fait irruption dans le bureau de la Sûreté d'État pour exiger la libération d'un proche. À la mi-novembre, à Jneiné, une vingtaine de jeunes ont attaqué une patrouille de la sécurité militaire chargée d'arrêter un conscrit de 37 ans. L'été dernier, des religieux druzes à Mazraa avaient empêché des soldats d'arrêter un jeune déserteur.
« Le gouvernement n'ose pas agir brutalement car il a peur que les druzes changent de camp et rejoignent l'opposition », assure cet habitant.

Maya GEBEILY/AFP


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Beaucoup de jeunes Syriens résidant dans les zones tenues par le régime essaient par tous les moyens d'éviter la conscription, y compris par des émeutes, même si la plupart d'entre eux appuient l'armée.Après quatre ans de guerre contre les rebelles, la grande majorité des 220 000 morts sont recensés dans les rangs des forces du régime, avec plus de 80 000 tués, dont 47 000...

commentaires (5)

Le pq la diffèrence est simple ... ILS ONT PEURS pas de mourir mais bien du régime car ils savent ce que fait l'armée syrienne ces atrocités et autres mais par peur du régime il disent oui au régime mais non au services militaire .. !!

Bery tus

19 h 08, le 20 avril 2015

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Commentaires (5)

  • Le pq la diffèrence est simple ... ILS ONT PEURS pas de mourir mais bien du régime car ils savent ce que fait l'armée syrienne ces atrocités et autres mais par peur du régime il disent oui au régime mais non au services militaire .. !!

    Bery tus

    19 h 08, le 20 avril 2015

  • La nouvelle jeunesse ne veut plus adorer ou mourir pour un dictateur . Logique .

    Sabbagha Antoine

    11 h 52, le 20 avril 2015

  • Et pouquoi donc David Pujadas de France 2 est il alle interviewer Bashar le pdt elu de Syrie , en lui demandant pourquoi il n'ouvre pas de dialogue avec les autorites francaises ??? Contradictoire tout ca .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 35, le 20 avril 2015

  • BIZARRE CETTE DIFFÉRENCE ENTRE LE RÉGIME ET SON ARMÉE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 32, le 20 avril 2015

  • En bref, le régime s'effrite! Le temps fait son travail d’érosion.

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 08, le 20 avril 2015

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