Dans un discours télévisé prononcé lors d'un rassemblement dans la banlieue sud de Beyrouth en solidarité avec le peuple yéménite, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a de nouveau condamné ce qu'il a qualifié d'« agression saoudo-américaine » au Yémen, assurant qu'« aucune menace ne l'empêchera de soutenir ce peuple résistant ».
L'Arabie saoudite, à la tête d'une coalition arabe, mène depuis plusieurs semaines des frappes aériennes au Yémen contre les rebelles houthis chiites qui tentent de renverser le président Abed Rabbo Mansour Hadi. Le Hezbollah, qui appuie les houthis, a fustigé à plusieurs reprises l'« agression contre le Yémen ». Dans son discours d'hier, Hassan Nasrallah a ainsi estimé que le but de l'opération militaire est de « soumettre le peuple yéménite à l'hégémonie américo-saoudienne ». « Ils disent que c'est la guerre des Arabes. Mais les pays arabes ont-ils chargé l'Arabie de mener cette agression ? » s'est interrogé Hassan Nasrallah, assurant que « le Yémen, avant l'islam, était la civilisation des Arabes ». « Si les Yéménites n'étaient pas arabes, qui sont les Arabes ? Le peuple yéménite n'a pas besoin de certificat en matière d'islam et d'arabité. C'est celui qui agresse aujourd'hui ce peuple qui devrait en avoir », a-t-il martelé.
Hassan Nasrallah, qui a salué le chef des rebelles chiites yéménites, Abdel Malek al-Houthi, a également assuré que « l'agression aérienne saoudienne n'a pas abouti » et qu'« elle touche à sa fin », « en attendant l'offensive terrestre qui, elle, coûtera cher et sera également vouée à l'échec ». Et d'ajouter : « L'Arabie doit admettre que l'horizon militaire est bouché et que la majorité des pays du monde appellent à une solution politique au Yémen. Aucun compromis ne ramènera Abed Rabbo Mansour Hadi au Yémen. » Et de déclarer, sur un ton ironique : « Riez avec moi : Khaled Bahah, le Premier ministre et vice-président yéménite, exhorte l'armée saoudienne à ne pas mener une offensive terrestre au Yémen. »
Accusant le royaume saoudien d'exporter la pensée terroriste « et de construire des écoles pour enseigner la pensée terroriste destructive et takfiriste », Hassan Nasrallah a aussi lancé : « Il est temps pour les Arabes et les musulmans de dire à l'Arabie que çela suffit ! L'intérêt des peuples de la région suppose de mettre l'argent saoudien de côté et de dire "Assez !". »
(Lire aussi : Hariri répond à Nasrallah : Les chiites arabes ne sont pas une diaspora iranienne dans leurs propres pays)
« Une guerre politique »
Selon le chef du Hezbollah, le conflit au Yémen n'est pas un conflit sunnito-chiite, mais « une guerre à visées politiques ». « L'Arabie est menacée, certes, mais pas par le Yémen comme elle le prétend, a poursuivi Hassan Nasrallah. Le royaume est menacé d'abord par Daech, ensuite, de l'intérieur, par la pensée wahhabite. Les partisans du roi Abdel Aziz al-Saoud sont responsables de la destruction de tous les vestiges archéologiques islamiques dans la Médine. »
« Défend-on le Yémen en imposant un blocus sur son peuple, en l'affamant et en massacrant des femmes et des enfants ? » s'est-il ensuite interrogé, comparant l'opération « Tempête de la fermeté » à l'offensive menée par Israël contre le Liban en juillet 2006. « Comme nous en 2006, les Yéménites sortiront vainqueurs », a-t-il indiqué.
Hassan Nasrallah a par ailleurs indiqué que l'Iran a toujours prôné le dialogue avec l'Arabie saoudite, qui le refuse.
S'adressant à ceux qui défendent l'Arabie au Liban, il a déclaré : « À l'occasion du 40e anniversaire de la guerre libanaise, je ne vais pas discuter de ce que le royaume de la bonté a présenté au Liban durant cette guerre, jusqu'à juillet 2006. » Et de marteler : « Où seraient les églises et les mosquées au Liban si el-Qaëda avait triomphé en Syrie ? Je remercie la Syrie qui n'a pas baissé les bras et qui ne s'est pas soumise à la pensée takfiriste. »
Dans ce contexte, le leader chiite a conclu son intervention par « un conseil donné à certains Libanais », leur demandant « de rester calmes ». « Ils ont misé sur la chute du régime syrien et ils misent de nouveau aujourd'hui sur une victoire au Yémen. À ceux-là, je dis : ne faites pas la même erreur », a-t-il martelé. Et de conclure : « Nous ne voulons pas transporter le conflit yéménite au Liban. Que chacun de nous affiche ses positions, mais dans la limite de la morale. »
Dans un entretien accordé la semaine dernière à la chaîne syrienne al-Ikhbariya, Hassan Nasrallah avait promis à Riyad une défaite cuisante au Yémen, « qui aura des répercussions sur la famille Saoud ». Ces critiques virulentes du chef du parti chiite lui avaient valu une réponse de l'ambassadeur d'Arabie saoudite à Beyrouth, Ali Awad Assiri, qui avait alors estimé que « le Yémen ne concerne nullement le Hezbollah », qualifiant son soutien aux houthis d'« inacceptable ».
Lire aussi
Verbe sans frontières, l’éditorial de Issa Goraieb
Déclarations incendiaires et dialogue tranquille : encore des exercices de corde raide
À travers le Hezbollah, une escalade de Téhéran pour améliorer ses conditions de négociations sur le nucléaire, l’éclairage de Philippe Abi-Akl
commentaires (15)
CORRECTION ! MERCI : "Faut pas laisser l'haSSine Nabääâh 1er jouer avec des féttéééches, des allumettes ou des férëéééëhs...."
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
11 h 15, le 21 avril 2015