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Culture - Rencontre / Bipod

« Rising », vers des mondes plus lumineux

« Entre la lumière de Russell Maliphant, le côté bestial de Khan, la poésie de Sidi Larbi et mes propres mouvements, je suis Aakash Odedra. »

Il a été hier et sera ce soir, au théâtre Madina, au cœur de « Rising », l'un des spectacles phare du Festival Bipod. Aakash Odedra, l'étoile montante de la danse britannique, formée à la danse indienne classique kathak, s'est dévoilé pour L'Orient-Le Jour en prenant six chemins. Six de ses phrases décortiquées au scalpel, avec l'exigence, folle, d'un danseur.
Rising est né en 2011, lorsque Akram Khan propose au producteur du jeune danseur Aakash Odedra une chorégraphie de cinq minutes basée sur le mouvement des mains. Ce dernier refuse, mais suggère une performance de trois tableaux indépendants auxquels s'ajoutera celui du danseur lui-même. L'idée de la création admise, le travail pouvait commencer avec trois grands chorégraphes issus de trois univers différents. « Moi, danseur de kathak, j'allais être le lien entre mon mentor Akram Khan et initiateur du projet, Russell Maliphant et Sidi Larbi Cherkaoui. »
Dont acte.

« Si on vous jette dans une piscine et vous ne savez pas nager, vous êtes obligé de le faire. »
C'est ainsi qu'Aakash Odedra décrit ses premiers pas dans la danse contemporaine. « Je n'avais pas le choix. J'ai dû m'adapter aux désirs des chorégraphes. C'était un énorme challenge, comme si on demandait à un coureur de fond d'être nageur. »

« Il faut être dans une quête constante. »
« Lorsqu'on passe dix-neuf ans à développer une discipline et on vous demande de switcher, c'est un choc. Mais ce choc est bon car il vous fait comprendre, vous fait évoluer. J'ai compris qu'il faut se perdre pour se retrouver. Il ne faut pas se plaire dans le confort. Pour grandir, il faut être dans une quête sans, toutefois, que le but atteint ne soit l'essentiel. » C'est donc la recherche en elle-même qui primerait...

« Entre la lumière de Russell Maliphant, le côté bestial de Khan, la poésie de Sidi Larbi et mes propres mouvements, je suis Aakash Odedra. »
On se demande en effet comment ces trois grands chorégraphes allaient adapter leur vision de la danse contemporaine à un danseur issu du monde classique... Il fallait trouver d'abord l'identité propre d'Aakash Odedra et puis dessiner le non-exploité, le dissimulé. Il explique : « Il fallait découvrir quelle est ma relation avec l'espace, avec le corps. En brisant la structure du kathak, que restera-il ? Certains mouvements m'étaient familiers, d'autres non, comme le flow work » (le travail au sol). C'était vraiment du niveau de l'« alien » pour ce danseur qui évolue toujours sur scène à la verticale.

« Parfois ils demandent l'impossible. Je ne comprenais pas quand Larbi me disait que le mouvement doit venir des reins. »
Trois méthodes de travail pour réaliser « Rising ». « Avec Larbi, il a fallu un an d'allers-retours et de méditation afin qu'il comprenne mon corps. » Et si le danseur est resté dans l'ombre de son mentor afin qu'il lui crée une pièce en huit jours, Russell Maliphant, lui, le mettra à la lumière en six semaines. Au final, deux années de travail.

« Durant le processus de création, je suis dans un état dépressif. »
« Quand, du matin au soir, on entend les mêmes reproches, on finit par douter de soi. Dans la vie, on ne peut donner que le meilleur de soi. Le reste n'est plus entre nos mains. » Selon Aakash Odedra, il faut avoir foi dans l'énergie qui vous entoure « car c'est elle qui vous guide ». Pour lui, l'homme est entre deux axes, « le vertical qui nous emmène vers le Très Haut et l'horizontal vers le public. C'est dans cette intersection que naît l'instant de grâce ».

« La danse contemporaine ne se réduit pas à lécher le sol. »
Après cette performance, Aakash Odedra avoue vouloir continuer à évoluer dans la danse contemporaine. Pour lui, le kathak avait lieu dans les temples et devant les rois. Aujourd'hui, les espaces ont changé et le monde est devenu globalisé. Il faudrait donc, pour rentrer en contact avec ce monde, dépasser les frontières géographiques et parler un langage universel. « La danse contemporaine doit être accessible à tous, pas hermétique et égocentrique. Comme un moment de silence à partager avec le public où tout l'espace autour s'efface. »

 

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