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À La Une - proche-orient

"Ils ne détruiront pas ma maison ! Et s'ils la détruisent, on la reconstruira !"

Le désarroi de familles arabes vivant en Israël et dont les maisons vont être détruites.

L'Etat hébreu a ordonné la destruction de la maison des Qeren car, comme des milliers d'autres familles arabes, ils n'ont jamais pu obtenir de permis de construire. AFP PHOTO/AHMAD GHARABLI

"Où va-t-on aller?" s'interroge Tiba Qeren, 8 ans, en faisant ses adieux à la maison où elle a grandi. L'Etat hébreu a ordonné sa destruction car les Qeren, comme des milliers d'autres familles arabes, n'ont jamais pu obtenir de permis de construire.
"Quand je suis à l'école, je n'ai pas peur. Mais quand je suis à la maison, que j'aime parce que c'est là où j'ai grandi, j'ai peur", raconte Tiba à l'AFP. "Je sais qu'ils vont détruire notre maison comme ils en ont déjà détruites d'autres à Ramleh", près de Tel-Aviv, poursuit-elle, sa voix enfantine mêlée de colère.
Son grand frère Abdelrahmane, 14 ans, ne veut pas croire que sa maison va bientôt être réduite à un tas de gravats. "Ils ne la détruiront pas! Et s'ils la détruisent, on la reconstruira!" jure-t-il.

La semaine dernière, 11 familles de la ville de Ramleh ont reçu un avertissement de la police israélienne: l'ordre de démolition de la municipalité sera appliqué car aucun d'entre eux ne peut justifier d'un permis de construire. "Des officiers de la police israélienne sont venus il y a une semaine. Ils m'ont dit que nous devions quitter la maison dans le calme et sans opposer de résistance car la municipalité leur a demandé de faire appliquer l'ordre de démolition", raconte le chef de famille Youssef Qeren, 49 ans. "Je leur ai répondu: personne ne détruira ma maison, il y a 12 personnes qui y vivent", dit-il devant sa maison en pierre dans une rue bordée d'arbres.

Interrogée par l'AFP, la municipalité précise que les 16 ordres de démolition en cours d'exécution avaient été pris il y a plusieurs années et avaient depuis pu être contestés en justice.


(Pour mémoire : En trois jours, Israël a détruit les maisons de 77 Palestiniens)

 

Quatre demandes, quatre refus
Youssef Qeren affirme avoir construit sa maison "sur un terrain privé en 2003". Avant cela, il avait demandé un permis de construire. A quatre reprises. Mais à chaque fois, il a essuyé un refus. Il a donc dû s'acquitter d'une amende de près de 6.500 euros. Selon lui, d'autres propriétaires aujourd'hui menacés d'expulsion ont payé jusqu'à 30.000 euros d'amende à la municipalité.
Jusqu'en 1998, on lui répondait que son terrain était une terre agricole et donc non constructible. Ensuite, la zone a été déclarée "commerciale". Mais, "ils nous ont dit qu'on ne pouvait pas y ouvrir de commerce car seuls les gros investisseurs ont ce droit", témoigne le père de famille.

Il accuse la mairie d'avoir "pris 50 hectares à des familles arabes pour y construire des logements pour les juifs". Ramleh est actuellement peuplée de près de 80.000 habitants, dont un quart d'Arabes israéliens, les descendants des Palestiniens restés sur leur terre à la création de l'Etat d'Israël en 1948.
Non loin, le comité de quartier a installé une tente où une large banderole proclame, en arabe et en hébreu, "Ils détruisent les maisons des Arabes et ils construisent des maisons aux colons". Elle fait référence à la construction ininterrompue en Cisjordanie occupée où les colons israéliens sont désormais près de 400.000.

La municipalité de Ramleh a "rejeté avec véhémence les fausses accusations selon lesquelles elle mènerait une politique visant à empêcher les constructions pour les résidents arabes". Ces derniers "habitent dans tous les quartiers de la ville et bénéficient de droits égaux", a-t-elle ajouté, en précisant avoir récemment autorisé la construction de 80 nouvelles maisons pour eux dans un quartier.


(Lire aussi : Inquiétudes en Israël sur la radicalisation postélectorale)


25.000 ordres de démolition
A travers l'Etat hébreu, dont ils représentent plus de 20% de la population, les Arabes israéliens s'estiment victimes de discriminations en terme de construction: impossible pour eux d'étendre leurs localités et parfois même de sauver leurs maisons, construites sans permis par des familles lassées d'attendre un sésame qui ne vient jamais.

Pour l'ancien député Hanna Soueid, "25.000 maisons arabes sont sous le coup d'un ordre de destruction. Et ça, sans compter les maisons des villages qui ne sont pas reconnus par l'Etat israélien". C'est dans l'un de ces villages, proche de la ville mixte de Lod, que cinq appartements ont été détruits mercredi. Lundi, une autre habitation a été rasée à Kafr Kanna en Galilée.

 

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"Où va-t-on aller?" s'interroge Tiba Qeren, 8 ans, en faisant ses adieux à la maison où elle a grandi. L'Etat hébreu a ordonné sa destruction car les Qeren, comme des milliers d'autres familles arabes, n'ont jamais pu obtenir de permis de construire."Quand je suis à l'école, je n'ai pas peur. Mais quand je suis à la maison, que j'aime parce que c'est là où j'ai grandi, j'ai peur",...

commentaires (2)

DES PROCÉDURES BIEN NAZIS...

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 09, le 17 avril 2015

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Commentaires (2)

  • DES PROCÉDURES BIEN NAZIS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 09, le 17 avril 2015

  • Le désarroi de familles arabes vivant en Israël et à qui on détruit les foyers est du pur racisme . Triste .

    Sabbagha Antoine

    23 h 12, le 16 avril 2015

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