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Liban - Liban

L’inhumation du cheikh houthi dans la banlieue sud, un « message politique » du Hezbollah à Riyad

Le Hezbollah a enterré un haut chef spirituel houthi dans la banlieue sud de Beyrouth, dans un geste symbolique qui resserre les liens entre le parti chiite au groupe Ansar Allah, soutenu par l'Iran au Yémen.
Cheikh Mohammad Abdel Malek al-Chami n'était pas seulement un simple chef spirituel houthi, mais aussi l'autorité suprême politico-religieuse au Yémen, « l'équivalent pour ce pays de ce qu'est le waliy el-faqih pour l'Iran », a affirmé hier à L'Orient-Le Jour une source appartenant aux milieux démocrates chiites opposés au Hezbollah.


Le chef spirituel « a été enterré dans la Rawda des Martyrs (cimetière) dans la banlieue sud, pas loin du tombeau du chef militaire du Hezbollah, Imad Moghniyé, tué en 2008 à Damas dans un attentat imputé à Israël, et du tombeau de Hadi Nasrallah, fils du chef du Hezbollah », explique de son côté le journaliste Imad Komeiha dans un entretien téléphonique à L'OLJ. L'enterrement a eu lieu loin des médias du Hezbollah et en présence de religieux et séminaristes présents pour faire leurs adieux au cheikh houthi, indique M. Komeiha, journaliste à Janoubia, un site spécialisé dans les affaires chiites et relatives au Liban-Sud. Le transfèrement de la dépouille du « chef spirituel des houthis au Yémen », selon les propos des combattants de la rébellion chiite au Yémen, revêt une importance particulière quant à la consécration du Hezbollah comme seul en charge des ramifications militaires sécuritaires et dogmatiques de l'Iran dans le monde arabe, reprend M. Komeiha.


Cheikh Chami qui enseignait dans une école religieuse à Beyrouth et dont la femme est libanaise, avait été blessé dans l'explosion d'une bombe le 20 mars qui a tué des dizaines de fidèles houthis dans une mosquée de Sanaa, après quoi il avait été transporté pour le traitement à Téhéran, où il est décédé.
La décision d'inhumer Chami à Beyrouth dévoile « le rôle que le cheikh a joué en tant que délégué de confiance entre les dirigeants du Hezbollah et Ansar Allah », poursuit le journaliste du site électronique Janoubia. « Dans son testament, il avait demandé à être inhumé dans le cimetière des martyrs dans la banlieue sud et le Hezbollah a respecté son souhait », ajoute-t-il. Selon les milieux chiites indépendants, le cheikh était en effet « le responsable principal des relations entre le Hezbollah et les houthis ». « L'enterrement à Beyrouth a un autre aspect plus important, qui est le fait que le Hezbollah se rapproche d'une déclaration politique en faveur de la coalition des houthis et des forces loyales à l'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh face à l'alliance dirigée par l'Arabie saoudite », conclut le journaliste.
Le chef spirituel était totalement engagé auprès de l'Iran et de la Syrie, après avoir étudié et travaillé pendant 17 ans dans un séminaire khomeyniste à Damas. Le site d'informations de l'opposition syrienne All4Syria a rapporté qu'à Damas, Chami a travaillé pour inciter les étudiants yéménites à étudier dans les séminaires au Liban, en Syrie et en Iran, afin de les envoyer par la suite dans les formations du mouvement houthi.


D'autres informations publiées sur le site présentent le cheikh Chami comme le « délégué spécial du mouvement houthi du chef Abdel Malik al-Houthi auprès des personnalités religieuses chiites au Liban, en Syrie et en Iran ». Selon la même source, « il se préparait à créer des écoles au Yémen qui auraient été affiliées aux écoles d'al-Moustapha du Hezbollah ». Il a travaillé sur la formation d'un cadre administratif pour des séminaires chiites et des écoles au Yémen, qu'il aurait supervisé avec l'autorisation de Abdel Malik al-Houthi. Il était ainsi, selon les informations rapportées par le site, un officier de liaison et bénéficiait de la confiance à parts égales des houthis et des Iraniens.

 

« Un précédent dangereux »
Contacté par L'Orient-Le Jour, Ahmad Fatfat, député membre du bloc du Futur, a affiché, de son côté, sa surprise, face au transfèrement de la dépouille d'un chef houthi au Liban et à son inhumation dans un cimetière des « martyrs de la Résistance chiite » à Beyrouth. Le courant du Futur avait déjà publié mardi un communiqué dans ce sens. Ceci est d'autant plus surprenant, poursuit M. Fatfat, que le gouvernement libanais avait décidé d'adopter une position neutre vis-à-vis des conflits régionaux qui risquent d'entraîner le pays dans leur spirale infernale. Pour le député Fatfat, ce comportement du Hezbollah constitue un « précédent dangereux, car c'est un prélude à la création d'un mausolée au centre de Beyrouth pour les martyrs des houthis ». « Rien n'empêchera les autres combattants houthis de venir se recueillir devant les tombeaux de leurs martyrs au Liban tout comme le Hezbollah avait justifié son ingérence en Syrie en brandissant l'étendard de la défense du tombeau de Sayyida Zainab, lieu saint chiite », a-t-il conclu.


Les milieux chiites indépendants opposés au Hezbollah interrogés par L'Orient-Le Jour estiment également qu'à travers cette initiative, le parti a voulu diffuser un message politique fort. Selon eux, « à travers cet acte politico-symbolique, le Hezbollah a voulu marquer le territoire libanais comme un sanctuaire proprement iranien », dans le cadre de la guerre par procuration actuelle entre Téhéran et Riyad, « quitte à faire progressivement du Liban un nouveau terrain chaud de cette confrontation ».

 

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commentaires (5)

L'ABERRATION ! ET IL Y EN A QUI JUSTIFIENT UNE TELLE DÉMARCHE...

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 22, le 16 avril 2015

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Commentaires (5)

  • L'ABERRATION ! ET IL Y EN A QUI JUSTIFIENT UNE TELLE DÉMARCHE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 22, le 16 avril 2015

  • comme je l'ai dit le hezb vois le Liban comme une propriété privée ou l'état n'a aucun mot à dire, meme les autres composante du pays qui forment la nation libanaise ils s'en foutent n'ont meme pas demander ne serait ce que pour valider leurs envies de vivre ensemble slogan qu'ils répètent volontiers quand il est à leur avantage ... Voila une résistance qui ne devrait pas exister d'ailleurs pour moi et pour plusieurs libanais le hezb n'est plus une RESISTENCE mais juste une milice a la solde de l'Iran

    Bery tus

    15 h 21, le 16 avril 2015

  • Je souris , parce que les personnes mortes a l'etranger et enterrees en occicon et en usurpie au nom de leur conception de resistant ou de "juste" , on en parle pas dans votre journal . Cet homme dans la conception des resistants a l'injuste complicite a la barbarie a l'ignorance et au terrorisme anti bensaoud , merite bien cela !

    FRIK-A-FRAK

    13 h 15, le 16 avril 2015

  • PLUTÔT UN MESSAGE À SAISIR PAR LES LIBANAIS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 13, le 16 avril 2015

  • La meilleure explication pour ce précédent qui est une aberration, à savoir qu'une personnalité étrangère soit enterrée en territoire libanais, n'en déplaise aux fanatiques insensés pour le territoire du Hezbollah, est celle des milieux chiites indépendants : "à travers cet acte politico-symbolique, le Hezbollah a voulu marquer le territoire libanais comme un sanctuaire proprement iranien". Libanais, réjouissez-vous : vous êtes cutoyens de wilayet el-faqih ! Passeports sous impression.

    Halim Abou Chacra

    05 h 23, le 16 avril 2015

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