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Moyen Orient et Monde - Conflit

Vers une alternative à la Coalition syrienne en exil ?

Des opposants syriens ambitionneraient de former un rassemblement susceptible d'être une alternative à l'actuelle Coalition syrienne en exil et d'ouvrir des négociations avec le régime de Bachar el-Assad pour mettre fin à la guerre civile.
Ainsi, au moins 150 opposants de l'intérieur ou vivant à l'étranger devraient se réunir début mai au Caire lors d'une « Conférence nationale démocratique syrienne », selon les organisateurs. Ils devront adopter une « Charte nationale syrienne » et une feuille de route, a affirmé l'un d'eux, Haytham Manna, un vétéran de l'opposition. « La Coalition n'a jamais été capable de représenter l'ensemble de l'opposition syrienne car elle s'est autoproclamée unique représentante de l'opposition et de la société syriennes, alors que beaucoup de composantes en sont exclues », affirme-t-il à l'AFP. « Notre objectif, au contraire, c'est de mettre sur pied une délégation qui soit équilibrée, représentative, démocratiquement choisie, n'excluant personne, pour confronter la délégation gouvernementale dans les négociations », souligne-t-il.
« Je ne serais pas étonné que quelque chose se prépare. L'opposition syrienne souffre d'une maladie : dès que deux opposants se rencontrent, une sorte de coalition ou de formation est créée », indique à L'Orient-Le Jour Salam Kawakibi, politologue et directeur adjoint de l'Arab Reform Initiative (ARI). « Si jamais il y a effectivement une formation qui s'organise, c'est peut-être lié à une volonté russe, conjointe avec l'Égypte », alors que de nouveaux pourparlers viennent de se terminer sans résultat à Moscou entre des représentants du régime et de l'opposition, poursuit-il.
La Syrie est déchirée depuis quatre ans par des violences qui ont fait plus de 215 000 morts. Le conflit avait débuté par des manifestations pacifiques réclamant des changements démocratiques. Depuis, l'opposition politique a été incapable d'afficher un front commun, minée par les divisions et les ingérences étrangères, alors que sur le terrain sont actifs de nombreux groupes hostiles au régime, dont les jihadistes.

 

Plus pragmatique ?
Alors qu'aucune solution politique au conflit ne semble en vue, le nouveau rassemblement de l'opposition se veut plus pragmatique que l'actuelle coalition. Cette dernière a d'abord été sous l'influence du Qatar, puis de l'Arabie saoudite, et, aujourd'hui, « son président Khaled Khoja est considéré comme l'homme de la Turquie et proche des Frères musulmans », explique l'expert Aaron Lund sur le site « Syria in Crisis ». « Comme Ankara, Khaled Khoja a adopté une ligne dure dans les négociations de paix, en affirmant qu'elles doivent porter sur comment et non pas si Assad doit démissionner », explique-t-il.
Selon M. Manna, le nouveau mouvement insiste, lui, sur « l'engagement régional et international pour faire aboutir les négociations sur la base du communiqué de Genève, l'établissement d'un agenda précis et l'engagement ferme du Conseil de sécurité de l'Onu à faire respecter les décisions prises ». Pour rappel, à l'été 2012, les grandes puissances avaient rédigé un communiqué à Genève appelant à former un gouvernement de transition, mais sans évoquer clairement le sort du président Assad. « Nous négocierons avec l'équipe d'(Assad) et (...) tous les sujets seront sur la table, y compris le sort d'Assad », assure M. Manna. Selon lui, le comité d'organisation de la conférence a reçu 300 demandes, notamment de nombreuses organisations et personnalités arabes, kurdes, turcomanes et assyriennes. « Il y a déjà 18 membres de la coalition qui ont fait savoir leur désir de venir », a-t-il précisé.

 

« Aucun impact sur le terrain »
Le noyau dur du mouvement est actuellement constitué de dissidents de l'intérieur appartenant notamment au Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique (CCND), toléré par le régime, ou de personnalités comme Louay Hussein, chef du Mouvement pour la reconstruction de l'État syrien, libéré en février après avoir passé trois mois en prison. Participent également Ahmad Jarba, ancien chef de la Coalition de l'opposition proche de l'Arabie saoudite, ou l'ancien diplomate Jihad Makdissi. Même si les organisateurs assurent refuser « toute ingérence régionale », il est clair qu'ils ont la bénédiction du Caire et de Riyad qui reprochent à la coalition d'être entre les mains de la Turquie et des Frères musulmans.
Mais M. Lund « doute que la coalition va se laisser détrôner » et juge qu' « en tout cas, la conférence du Caire n'aura aucun impact sur le terrain auprès des groupes armés ».
Karim Bitar, géopolitologue et directeur de recherche à l'Iris, à Paris, juge également que ce nouveau mouvement aura une influence « minime » sur le terrain et « risque de se heurter à son tour assez rapidement aux mêmes problèmes, notamment celui des influences étrangères ». Même son de cloche pour Salam Kawakibi : «Je pense que rien ne se passera en Égypte, qui oppose son veto à la présence (sur son sol) de Frères musulmans syriens, qui représentent pourtant une grande partie de l'opposition », ce qui laisse planer des doutes quant à la représentativité de la nouvelle organisation. Le dirigeant de l'actuelle coalition, Samir Nashar, se montre, lui, aussi sceptique, assurant que son groupe est « le plus important à l'intérieur et l'extérieur de la Syrie ». La différence « essentielle », c'est que la coalition ne veut « pas négocier avec le régime (...) tandis que le communiqué du Caire (préparatoire à la conférence) ne fait aucune mention de l'avenir de Bachar », a-t-il estimé.
(Rédaction et AFP)

 

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Des opposants syriens ambitionneraient de former un rassemblement susceptible d'être une alternative à l'actuelle Coalition syrienne en exil et d'ouvrir des négociations avec le régime de Bachar el-Assad pour mettre fin à la guerre civile.Ainsi, au moins 150 opposants de l'intérieur ou vivant à l'étranger devraient se réunir début mai au Caire lors d'une « Conférence nationale...

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D'UNE SCÈNE DE THÉÂTRE À L'AUTRE...

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 53, le 13 avril 2015

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Commentaires (2)

  • D'UNE SCÈNE DE THÉÂTRE À L'AUTRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 53, le 13 avril 2015

  • Quelle déception, cette Coalition syrienne !

    Halim Abou Chacra

    04 h 57, le 12 avril 2015

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