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Moyen Orient et Monde - Yémen

« Laissez-nous faire notre travail » : le cri d’alarme des humanitaires à Aden

Le chef de la sous-délégation du CICR basée à Aden, Bob Ghosn, a fait état auprès de « L'Orient-Le Jour » de la « crise humanitaire » dans laquelle le sud du pays est plongé.

Le chef de la sous-délégation du CICR à Aden, Bob Ghosn, organise au quotidien le travail du personnel de santé.

À Aden, une catastrophe « humanitaire » se trame sous les yeux du Comité international de la Croix-Rouge, qui tente par tous les moyens de venir en aide aux habitants pris dans la nasse du conflit armé entre les rebelles houthis et les forces gouvernementales.

Le CICR compte sur l'arrivée aujourd'hui, à Sanaa, d'un premier avion d'aide avec à son bord 16 tonnes de médicaments chargées en Jordanie. Une autre cargaison est attendue par voie maritime ces prochains jours. « C'est une longue chaîne qui commence à Genève, passe par Amman, transite à Djibouti pour finir à Aden », explique Bob Ghosn, chef de la sous-délégation du CICR, basé à Aden. Par la suite, « les secours traversent la ville à pied, passent par plusieurs lignes de front pour franchir les derniers kilomètres qui les relient aux hôpitaux. On doit nous laisser faire notre travail ! Une trêve est essentielle, vitale », s'insurge-t-il. Car M. Ghosn s'inquiète d'une situation qui freine considérablement le travail des humanitaires sur place. En effet, un bateau est retenu depuis une semaine à Djibouti en attente d'une autorisation de l'Arabie saoudite. À son bord : du matériel et une équipe médicale sur des charbons ardents, « pas des têtes brûlées ou des superhéros » mais simplement « des gens qui viennent réellement au secours », martèle M. Ghosn. L'objectif de cette garnison de secouristes est de désengorger des hôpitaux démunis, qui voient affluer de plus en plus de blessés, entassés par dizaines, dans l'espoir d'être pris en charge.
Le CICR n'est pas la seule organisation à tirer la sonnette d'alarme. Également présent au Yémen, Médecins sans frontières (MSF) juge que la situation « empire de jour en jour » à Aden, selon la chef de sa mission, Marie-Élisabeth Ingres.

 

(Lire aussi : 25 Libanais ont choisi de rester au Yémen, 74 ont déjà été évacués )

 

« Des cadavres dans les rues »
Depuis quelques jours, Aden « est une ville fantôme », les rues, « jonchées d'ordures et de gravas, se sont vidées », la population est « prostrée chez elle », explique Bob Ghosn. Les bombes et les tirs viennent, de manière macabre, briser un silence de plomb, de jour comme de nuit, poursuit-il.
Marie-Claire Feghali, porte-parole du CICR, basée à Sanaa, a, elle, raconté à l'AFP qu'en raison des combats, la plupart des quelque 800 000 habitants de Aden « ne peuvent même pas s'enfuir ». Selon la responsable, « des cadavres restent parfois abandonnés dans la rue, personne ne pouvant s'aventurer pour aller les retirer ». Seules quelques voitures bourrées à craquer se hasardent à s'échapper de la ville. Et seules celles de la Croix-Rouge défient l'atmosphère de couvre-feu en faisant parvenir du matériel afin de maintenir les hôpitaux à flot, qui peinaient déjà, dans cette ville immense, à s'autosuffire.
« On a besoin de ces 24 heures de trêve pour pouvoir soigner les blessés dans des conditions décentes. Aussi, il faut que les gens puissent acheter ce dont ils ont besoin, étant donné que tous les magasins sont fermés depuis des jours », exige Bob Ghosn.

 

(Lire aussi : Les enjeux de la guerre à Aden, selon deux personnalités yéménites, le décryptage de Scarlett Haddad)


Au quotidien, la mission des 11 expatriés du CICR basés à Aden, ainsi que de leurs volontaires locaux, est de s'assurer que tout le monde ait un accès aux soins. « Les gens nous appellent et s'excusent de nous déranger! Je suis frappé par la résilience des Yéménites. Les contacts sont extrêmement polis. Des gens viennent faire des dons d'argent. Les commerçants nous donnent également des vivres, mais cela ne va pas suffire. L'élan de solidarité est fantastique. Et c'est ce qui fait tenir tout le monde, c'est très touchant », raconte l'humanitaire. « Tant que nous avons des choses à faire, nous serons là. Bien sûr nous sommes inquiets, nous pensons tous à nos familles, mais nous avons conscience de la valeur ajoutée de notre présence », poursuit-il.

 

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L'autre volet de la tâche des humanitaires sur place est de négocier sans relâche avec les groupes armés, afin de les sensibiliser au fait de ne pas viser les infrastructures et encore moins de s'en prendre aux civils. Mais, poursuit Bob Ghosn, il s'avère « assez compliqué d'avoir une vraie conversation avec eux. Ils ne sont pas nécessairement de mauvaise foi, mais ils ont peur eux aussi, donc ils sont forcément moins à l'écoute ». Dans ce contexte, communiquer en permanence est devenu le mot d'ordre. Pousser des cris d'alarme sur les réseaux sociaux et dans les medias afin que cette « catastrophe humanitaire » devenue « invivable » cesse, conclut Bob Ghosn.

À Aden, une catastrophe « humanitaire » se trame sous les yeux du Comité international de la Croix-Rouge, qui tente par tous les moyens de venir en aide aux habitants pris dans la nasse du conflit armé entre les rebelles houthis et les forces gouvernementales.
Le CICR compte sur l'arrivée aujourd'hui, à Sanaa, d'un premier avion d'aide avec à son bord 16 tonnes de médicaments...

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