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Économie - Liban - Banque

Youssef Dib revient au Liban pour diriger la NECB (groupe Saradar)

À 53 ans, Youssef Dib lâche une carrière bancaire internationale au plus haut niveau pour rejoindre début 2015 à Beyrouth le groupe Saradar en tant que CEO de son family office et directeur général de sa filiale NECB, en charge de la banque privée et de la banque d'investissement.

« J’ai eu plusieurs sollicitations fin 2014, dont plusieurs liées au Liban. J’y ai vu un signe », explique Youssef Dib, ex-directeur de la banque privée du Crédit agricole suisse à Genève.

Le Liban a l'habitude de voir partir ses ressources humaines les plus qualifiées. Comment expliquez-vous le retour que vous effectuez alors que vous évoluez professionnellement dans les plus grands groupes mondiaux ?
Je ne me suis pas posé la question en ces termes, mais le fait que tout le monde me l'adresse ici m'a poussé à décoder un mouvement qui s'est fait naturellement. Après trente ans de responsabilités internationales dans de grands groupes, de New York à Genève, en passant par Hong Kong et Paris, j'avais envie d'une activité à la dimension plus entrepreneuriale. J'étais donc prêt à bouger et à relever un défi de cette nature. Par ailleurs, je souhaitais revenir au Liban un jour ou l'autre sans m'être fixé de date. J'ai eu plusieurs sollicitations fin 2014, dont plusieurs liées au Liban. J'y ai vu un signe... Mais ce qui a réellement emporté ma décision, c'est ma rencontre avec Mario Saradar : l'homme, d'un côté, et son projet, de l'autre. Nous avons topé presque immédiatement. J'ai été séduit par l'ambition du groupe, son professionnalisme, ainsi que sa culture.

 

N'avez-vous pas été refroidi par les appréciations négatives et pessimistes concernant le Liban, en général, et son économie, en particulier ?
C'est un fait que mon regard positif, je dirais même ma tendresse, pour le Liban, a facilité ce retour. J'y vois de l'énergie de vivre, une formidable capacité d'adaptation, une qualité de service exceptionnelle... Je reste aussi persuadé que la formule libanaise du « vivre ensemble » – c'est d'ailleurs le nom d'une fondation que nous avons créée avec mes sœurs – est particulièrement précieuse à l'heure où le fossé entre chrétiens et musulmans se creuse un peu partout dans le monde. À moyen terme, je suis foncièrement optimiste pour le pays, car les Libanais ont acquis un stade de quasi-maturité qui les retient de sombrer dans l'extrémisme. Cela dit, je ne suis pas venu avec des lunettes roses, je reste réaliste, et très conscient des souffrances et des défis liés notamment à la crise économique, au déficit d'État et au contexte régional.

 

En matière de rémunération de ses dirigeants, un groupe libanais peut-il soutenir la comparaison avec les géants mondiaux ?
Tout ce que je peux vous dire, c'est que le groupe Saradar met les moyens au service de ses ambitions, ce qui leur imprime une vraie dynamique et témoigne de leur sérieux. Ma rémunération est liée à la réalisation des objectifs que nous nous sommes fixés.

 

Quels sont ces objectifs ?
En ce qui concerne les activités bancaires, Mario Saradar veut constituer un groupe bancaire d'envergure avec un ancrage libanais fort. Nous souhaitons doubler les actifs dans un horizon de cinq ans. Il est appuyé pour cela par un tour de table de premier plan, que ce soit au sein de la NECB ou de la BIT avec laquelle nous fusionnons. L'enjeu immédiat est de réussir cette fusion et d'optimiser la structuration de l'ensemble fusionné. Concernant le groupe Saradar de manière plus large, nous travaillons aussi à développer les synergies entre les différentes activités, de la banque au family office, qui sert des patrimoines supérieurs à 100 millions de dollars, en passant par l'immobilier ou encore le private equity (voir Le Commerce du Levant, avril 2014).

 

Youssef Dib en cinq dates



1978, s'installe à Paris où son père, Boutros Dib, ancien directeur général de la présidence de la République libanaise, ancien recteur de l'université libanaise, est nommé ambassadeur du Liban.
1983, est diplômé de HEC.
1988, rencontre Anne de La Rochefoucauld qui deviendra la mère de ses quatre enfants.
1991, intègre le groupe Paribas en banque d'affaires, puis après la fusion avec BNP rejoint le comité exécutif de la banque privée au niveau mondial.
2009, est nommé directeur de la banque privée du Crédit agricole Suisse à Genève.

 

 

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