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Liban - Émigrés

25 Libanais ont choisi de rester au Yémen, 74 ont déjà été évacués

« Je ne m'inquiète pas trop », affirme à « L'Orient-Le Jour » un ressortissant libanais résidant à Sanaa, alors que des bruits d'explosion retentissent à l'autre bout du fil.

Une scène de violence à laquelle les Libanais sont habitués.

Le coup d'envoi de la « Tempête de la fermeté », l'opération aérienne arabe lancée au Yémen, est un véritable ouragan qui a déstabilisé un pays déjà secoué par les événements politiques qui l'ébranlent depuis 2011. Alors que les frappes de la coalition arabe s'intensifient, de nombreux pays ont appelé leurs ressortissants à quitter le Yémen, mettant souvent à leur disposition des moyens pour les évacuer au plus vite. Le Liban, comme toujours, n'a pas échappé aux répercussions de la « tempête », une centaine de Libanais travaillant au Yémen. Fait notable, cependant, le Liban a été l'un des premiers pays à organiser l'évacuation de ses ressortissants, aidé par les Nations unies, et cela grâce aux efforts de la diplomatie libanaise, notamment ceux de l'ambassadeur libanais à Sanaa, Hadi Jaber. Ce dernier a vite fait d'entrer en contact avec ses compatriotes pour les inviter à quitter le Yémen et a mis à leur disposition un avion qui a quitté Sanaa le dimanche 29 mars. À son bord, 39 Libanais. Hier, également, un bus transportant 35 Libanais s'est dirigé vers Djeddah, en Arabie saoudite, en passant par la région yéménite de Jizan. Depuis Djeddah, ces Libanais prendront l'avion pour rentrer au bercail.

« Les Libanais ont pu quitter le Yémen en toute décence avec leurs familles et leurs affaires personnelles, a expliqué Hadi Jaber à L'Orient-Le Jour. Nous avons été parmi les premiers à le faire car nous avons agi rapidement et avons immédiatement mis en place un réseau pour entrer en contact avec tous les Libanais au Yémen en créant un groupe sur Whatsapp. Cela s'est avéré très efficace, d'autant que nous avons demandé aux Libanais que nous connaissions de nous fournir les coordonnées de citoyens libanais qui travaillent au Yémen sans que nous le sachions. Certains Libanais vivent en effet ici sans se déclarer. Nous avons d'abord commencé à leur envoyer des alertes de sécurité concernant les développements et nous les avons pressés ensuite de quitter le pays à bord de l'avion mis à leur disposition quand celui-ci était prêt, dans le but d'évacuer notamment les femmes, les enfants et les hommes que rien d'urgent ne retient au Yémen. Il y avait également à bord de l'avion 19 personnes non libanaises que leurs ambassades respectives souhaitaient également évacuer. »
Malgré les démarches insistantes de l'ambassade libanaise au Yémen, quelque 25 Libanais n'ont toujours pas quitté les lieux. « Vingt-trois Libanais sont encore à Sanaa et deux autres à Taïz, souligne M. Jaber. L'un d'entre eux devrait bientôt quitter le pays par voie terrestre, mais le second s'obstine à rester au Yémen en dépit du fait que l'on ne cesse de répéter que la situation est ouverte à toutes les éventualités. »


(Lire aussi : Au moins 140 morts dans le sud du Yémen, les secours toujours bloqués)

 

« Nous avons vécu pire au Liban »
Parmi ces Libanais qui ont choisi de rester, Camille Mohtar, qui vit à Sanaa depuis 13 ans avec son épouse, restée elle-aussi à ses côtés. « Nous avons certainement peur, mais nous ne pouvons pas tout laisser tomber ici et suspendre nos travaux. Nous avons des responsabilités, même si les propriétaires de l'entreprise nous ont donné le choix de rester ou de partir. On peut dire en fait que la situation est aujourd'hui acceptable », confie ce directeur de vente d'une entreprise d'habillement à L'Orient-Le Jour. Et d'ajouter, ironique : « Il faut dire aussi que nous avons vécu pire au Liban durant la guerre. Même au Yémen, nous avons souffert des événements politiques depuis 2011, mais avons choisi de rester. » Pour ce Libanais qui n'a pas pu quitter le Yémen à bord du vol organisé par l'ambassade durant les premiers jours de l'intervention arabe, il est hors de question de voyager aujourd'hui par voie terrestre. « Nous attendrons que l'aéroport soit rouvert et il se peut alors que nous rentrions à Beyrouth », explique-t-il.
Des affirmations reprises par Karim Lebbos, qui travaille à Sanaa depuis plus de huit ans et qui assure qu'il ne peut pas quitter son travail à l'heure actuelle, mais que cela sera peut-être possible bientôt. « Oui, le danger existe », indique-t-il toutefois.

De son côté, Waël el-Khichin, directeur dans l'entreprise Yemen Catering Services qui fournit à des sociétés pétrolières des repas et des services de ménage, affirme qu'il a déjà tout prévu pour l'évacuation de quatre de ses employés qui sont des Libanais originaires du Liban-Sud et qui pourront rentrer à Beyrouth à partir de la mohafazat de Hadramout. « En ce qui me concerne, je ne m'inquiète pas trop et ma famille n'est pas avec moi, assure-t-il alors que des bruits d'explosion retentissent à l'autre bout du fil. Je suis là depuis 1999 ; j'ai vécu toutes les guerres du Yémen. Et ce qui se passe actuellement n'est ni trop criminel ni trop agressif. Vous entendez les explosions ? Ça se passe juste en face. » Originaire de Choueifate, Waël el-Khichin explique que 70 pour cent des départements de l'entreprise ont déjà été fermés et que ce chiffre est à la hausse. Toutefois, il reste optimiste. « Je pense que la situation devrait s'améliorer bientôt, dit-il. Sinon, j'utiliserai les connexions que j'ai avec quelques tribus yéménites pour fuir avec eux vers Oman ou vers l'Arabie saoudite... »

 

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