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Moyen Orient et Monde - Yémen

Dans le chaos généralisé, el-Qaëda s’empare d’Aden

Les rebelles houthis ont battu en retraite à Aden. Abdulrahman Abdallah/AFP

L'opération militaire arabe menée par l'Arabie saoudite a ralenti la progression des rebelles chiites au Yémen, mais, profitant du chaos, el-Qaëda a pris le contrôle hier d'une importante base militaire dans le sud-est.
Au neuvième jour de l'intervention de la coalition saoudienne, et sur fond de désorganisation des structures de l'État et du désordre qui règne au sein des forces gouvernementales, Aqpa, la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste sunnite, a tiré profit de la situation et procédé à une véritable démonstration de force en prenant, sans rencontrer aucune résistance selon des responsables, le quartier général de l'armée et le port de Moukalla. Des centaines de combattants sont déployés depuis jeudi dans ce chef-lieu de la province du Hadramout (Sud-Est), où vivent plus de 200 000 habitants. Seuls l'aéroport et quelques camps militaires proches leurs échappent encore, selon une source militaire. Hier, dans l'après-midi, des jihadistes paradaient dans les rues, et la population, effrayée, commençait à fuir. La veille, ils avaient libéré 300 détenus en donnant l'assaut à la prison centrale, et, selon des habitants, lancé depuis des mosquées des appels « au jihad contre les chiites », confirmant le risque d'une guerre confessionnelle dans ce pays pauvre de la péninsule Arabique, où les combats ont fait plus de 500 morts en deux semaines.
Selon Laurent Bonnefoy, spécialiste du Yémen basé à Paris, la prise de Moukalla par el-Qaëda est « un événement important car elle légitime les craintes de voir l'offensive saoudienne générer une instabilité qui profite directement aux jihadistes ». Pour sa part, Jean-Pierre Filiu, professeur à l'École de Paris des affaires internationales, estime que « tant que la clarification des objectifs de guerre et des moyens de la conduire n'est pas effectuée, les jihadistes profiteront du chaos croissant, sur fond de rivalité entre Aqpa et Daech ». L'enjeu central de cette rivalité est la province de Hadramout, berceau de la famille ben Laden, explique-t-il, ajoutant : « Aqpa a repris l'initiative face à Daech, mais la lutte entre ces deux factions se poursuivra longtemps. »

Alliance de fait Riyad-jihadistes ?
Alors qu'Aqpa a lancé à Moukalla des « appels au jihad contre les houthis », le Yémen « dérive progressivement vers une guerre civile à caractère confessionnel qui rappelle les débuts de la crise syrienne puis irakienne », estime Matthieu Guidère, professeur en relations internationales à l'Université de Toulouse. Il n'exclut pas que « si la situation empire, on assiste à une alliance objective » entre l'Arabie saoudite sunnite et les jihadistes, également sunnites, contre les houthis, appuyés par Téhéran. Laurent Bonnefoy est plus catégorique : « Apparaît une alliance de fait entre les Saoudiens et les jihadistes sunnites. Tel n'est sans doute pas l'objectif porté par la coalition, mais cela constitue néanmoins un effet pervers d'une opération qui a sans doute été préparée dans l'urgence. » En déclenchant l'intervention, Riyad et les monarchies sunnites du Golfe pensaient avoir coupé l'herbe sous les pieds d'el-Qaëda qui, depuis plusieurs mois, apparaissait comme le fer de lance du combat contre les houthis. Mais « l'ancrage des forces jihadistes au Yémen est tel qu'il est impossible de les neutraliser définitivement », juge Mathieu Guidère.

(Source : AFP)

L'opération militaire arabe menée par l'Arabie saoudite a ralenti la progression des rebelles chiites au Yémen, mais, profitant du chaos, el-Qaëda a pris le contrôle hier d'une importante base militaire dans le sud-est.Au neuvième jour de l'intervention de la coalition saoudienne, et sur fond de désorganisation des structures de l'État et du désordre qui règne au sein des forces...

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