Les chauffeurs « terrorisés » ont été piégés après la prise d’un poste frontalier par al-Nosra du côté syrien et la fermeture de la frontière du côté jordanien. Khalil Mazraawi/AFP
Au moins 30 camionneurs libanais ont joué de malchance mercredi alors qu'ils passaient de Syrie en Jordanie, quand le poste de passage frontalier Nassib a été pris d'assaut par des rebelles du côté syrien. La Jordanie a en effet vite fait de fermer ses frontières, bloquant les camionneurs « terrorisés » pendant plus de 48 heures dans la zone franche entre les deux pays. Les choses ont empiré quand des obus d'origine incertaine sont tombés hier sur la zone frontalière. Alors que de nombreux camionneurs ont pris la fuite vers une destination inconnue, huit d'entre eux ont été détenus par des éléments armés. Ce sont des Libanais originaires de la Békaa, de Tripoli, de Taanayel et de Arab el-Oueiss.
Une source proche du Premier ministre Tammam Salam a indiqué hier que « les autorités jordaniennes ont été contactées pour faciliter l'entrée des camionneurs ». Selon al-Markaziya, les contacts devraient être entrepris dès aujourd'hui, vendredi étant un jour férié en Jordanie. Pour sa part, le ministre de l'Économie Alain Hakim a affirmé être en contact permanent avec l'ambassadeur jordanien. Selon ce dernier, les camionneurs libanais ayant tous leurs papiers en règle ne devraient avoir aucun problème à pénétrer en Jordanie, mais que le problème réside dans le fait que l'incident est survenu dans une zone isolée. Ces propos ont été tenus hier dans la journée, avant que ne soit annoncée la nouvelle du rapt des huit camionneurs. De son côté, le président du syndicat des propriétaires de camions publics Naïm Sawaya a souligné que les ravisseurs ont réclamé une rançon de 50 000 dollars contre chaque conducteur libéré.
Les camions pillés
Alors que le ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, expliquait hier que 69 camions étaient entrés en territoire syrien pour ensuite prendre la direction de la Jordanie, mais qu' « on ne sait pas s'ils ont poursuivi leur traversée, rebroussé chemin ou s'ils ont été stoppés », le président du syndicat des conducteurs de camions frigorifiques, Omar el-Ali, a donné plus de détails. « Entre 30 et 35 chauffeurs libanais de camions de transport et de véhicules frigorifiques qui passaient de Syrie en Jordanie ont été bloqués dans la zone franche entre les deux pays depuis mercredi », a-t-il affirmé. « La plupart des chauffeurs avaient terminé les formalités au barrage Nassib, du côté syrien, et se dirigeaient vers celui de Jaber, du côté jordanien, lorsque Amman a fermé la frontière », a-t-il ajouté. Il a cependant précisé que des camionneurs sont également restés bloqués du côté syrien de la frontière, tombé aux mains des rebelles et du Front al-Nosra.
« Le contenu de leurs camions, qui transportaient de grandes quantités d'huile, de meubles et d'appareils électroménagers, a été pillé par les habitants de la zone, et certains camionneurs ont été blessés dans les combats », a aussi précisé M. Ali. Il a également précisé que les camionneurs bloqués étaient « terrorisés », peu avant l'enlèvement de certains d'entre eux.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme a de même fait état hier de pillages dans la zone franche par les rebelles, mais aussi par des civils qui ont emporté voitures et marchandises. Le directeur de l'ONG, Rami Abdel Rahmane, a affirmé à l'AFP qu' « au moins 300 véhicules ont été pillés, parmi lesquels des voitures civiles et des camions bloqués dans la zone franche, ainsi que des dépôts ».
Nassib était le seul poste frontalier avec la Jordanie resté sous contrôle loyaliste après la capture d'un autre point de passage, al-Jamarek, en octobre 2013. En le prenant, les rebelles et al-Nosra ont mis fin, de facto, à la présence du régime à la frontière avec la Jordanie.
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