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À La Une - Irak

Tikrit "libérée" mais désertée et piégée

Abadi ordonne l'arrestation des "gangs" dans la ville.

Des miliciens chiites et des membres des forces de sécurité irakiennes à Tikrit, le 1er avril 2015, au lendemain de l'annonce faite par le premier ministre irakien Haider al-Abadi de la "libération" de la ville. AFP PHOTO / AHMAD AL-RUBAYE

Tikrit a été "libérée" des jihadistes mais la ville irakienne offre un visage de désolation avec la fumée qui s'élève de bâtiments incendiés, des rues vides d'habitants et des scènes de pillage.

Dans les rues, pas un civil n'est visible. L'importante capitale provinciale a été vidée de ses 200 000 habitants par les combats et l'occupation jihadiste qui a duré dix mois, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.

Le retour à la vie normale s'annonce lent et délicat car il faudra nettoyer la ville de la profusion d'engins explosifs que les jihadistes ont disséminés dans les rues, les espaces publics, les commerces ou les habitations. Des ingénieurs militaires sont à l’œuvre pour "faire place nette et déminer" Tikrit, a assuré le ministre de l'Intérieur, Mohammed Al-Ghabbane. Mais les démineurs qualifiés pourraient être dépassés par l'ampleur de la tâche. Déjà, faute de moyens suffisants, des miliciens s'affairent à brûler véhicules, maisons et boutiques suspectés d'être piégés.

L'objectif est ainsi de faire exploser les bombes placées à l'intérieur et cette méthode est efficace, avance un milicien, tandis qu'un autre n'hésite pas à tirer avec son lance-roquettes RPG en direction d'un véhicule garé. Ces hommes font partie des milliers de combattants -soldats, policiers et paramilitaires- ayant repris Tikrit à l'issue de la plus vaste opération menée jusqu'à présent par Bagdad contre le groupe Etat islamique (EI) depuis l'offensive lancée par les jihadistes l'été dernier.

Les propriétaires des véhicules, boutiques et maisons incendiés ne retrouveront jamais leurs biens. Leur frustration viendra probablement alimenter l'instabilité qui est appelée à durer dans la ville à majorité sunnite, située à 160 km au nord de Bagdad. Les dégâts varient d'un quartier à l'autre, avec ici quelques impacts de balles sur un mur et là un bâtiment entièrement détruit.

Tensions entre "libérateurs"
Les pillages ont aussi fait leur apparition. Au coin d'une rue, un homme en tenue camouflage s'en va ainsi à bord de son camion chargé d'une cargaison de pneus neufs et d'un générateur. Les mannequins d'un magasin de vêtements gisent sur le trottoir devant la boutique, où des vêtements et des cartons sont éparpillés.

Vendredi, le Premier ministre Haider al-Abadi a ordonné aux forces déployées à Tikrit de faire cesser les actes de "vandalisme" menés par des "gangs" cherchant selon lui à ternir l'image des forces de sécurité et des milices chiites alliées. M. Abadi a appelé "à arrêter quiconque se livre à de tels actes, et à protéger les biens et les infrastructures dans la province de Salaheddine", dont Tikrit est la capitale.

Pour l'heure, dans la ville, des équipes municipales ont commencé à nettoyer les débris et à réinstaller l'électricité dans certains quartiers. Leur tâche s'annonce fastidieuse et dangereuse car des explosifs peuvent être cachés partout, explique un responsable local.

Parmi les sites les plus détruits, figure celui du complexe de l'ex-dictateur Saddam Hussein, dont Tikrit était le fief. Le pont traversant le Tigre pour s'y rendre n'est plus praticable suite à un bombardement de l'EI.
Un haut responsable de l'armée, le général Abdulwahab al-Saadi, a exigé de la police locale et de volontaires qu'ils assurent la sécurité.

Mais le centre de Tikrit est tenu par divers groupes de policiers irakiens et des miliciens chiites.
Des tensions sont palpables. Les militaires se méfient des miliciens. Les policiers assurent s'être fait voler la victoire par les autres forces. "Ils étaient à l'extérieur de la ville, en train de parler aux médias, quand on combattait", s'insurge l'un d'eux.

 

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