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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Nucléaire iranien : Les discussions continuent, l’impatience grandit

Fabius revient à Lausanne, Kerry y reste.

Anne, ma sœur Anne... Alors que le suspense était à son comble hier soir, le secrétaire d’État américain John Kerry a annoncé qu’il restait à Lausanne, où les discussions sur le nucléaire iranien butent toujours sur les mêmes points. Fabrice Coffrini/AFP

Des avancées, pas de percée, encore du travail à faire : les tractations sur le nucléaire iranien vont bientôt entrer dans leur huitième jour à Lausanne, sans nouvelle date butoir fixée pour parvenir à un compromis, mais les négociateurs commencent à donner des signes d'impatience.
Après une semaine de discussions « très difficiles, très compliquées », maintenues sous pression par une date butoir (le 31 mars) désormais expirée, un sentiment de lassitude était, en effet, perceptible chez certains participants. « Il est temps pour nos partenaires dans la négociation de saisir le moment et l'opportunité (d'un accord) qui ne se répétera peut-être pas », a déclaré hier soir le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. De leur côté, plusieurs diplomates occidentaux ont au cours des dernières heures exhorté Téhéran à « prendre les décisions » nécessaires, certains jugeant qu'il était temps « de dire oui ou de dire non ».
Cela n'a pas empêché le secrétaire d'État américain John Kerry de faire annoncer qu'il resterait à Lausanne « au moins jusqu'à (ce) matin ». « Nous continuons à faire des progrès, mais nous n'avons pas encore atteint un compromis politique. M. Kerry va donc rester à Lausanne au moins jusqu'à (ce) matin pour continuer les négociations », a indiqué sa porte-parole.

 

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Hier, seuls les chefs de la diplomatie américaine John Kerry, britannique Philip Hammond et allemand Frank-Walter Steinmeier, et leur homologue iranien Mohammad Javad Zarif étaient toujours à Lausanne. Ils ont été rejoints en soirée par le Français Laurent Fabius, parti au petit matin pour participer au Conseil des ministres à Paris et qui avait prévenu qu'il reviendrait dès que ce serait « utile ». « On est à quelques mètres de l'arrivée, quelques dizaines de mètres, mais on sait aussi que ce sont toujours les plus difficiles », a déclaré M. Fabius tard en soirée, ajoutant : « Ce n'est pas encore fait. »
Il a répété que la France souhaitait un accord « robuste et vérifiable ». « Il y a encore quelques points sur lesquels il y a des progrès à faire, en particulier du côté iranien », a-t-il dit, alors que les négociations entre les grandes puissances et l'Iran sont entrées dans leur deuxième semaine.
Interrogé pour savoir quand il espérait une conclusion, il a répondu : « Le plus tôt » possible.
À Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel s'est voulue optimiste. « Je crois qu'une grande partie du chemin a été faite », a-t-elle dit. Même tonalité à la Maison-Blanche : « Nous avons le sentiment que les discussions continuent à être productives », a déclaré Josh Earnest, porte-parole de l'exécutif américain, précisant que le président Barack Obama avait été informé de l'avancée des négociations hier.
Mais l'incertitude sur l'issue des pourparlers a poussé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, virulent opposant à tout compromis avec l'Iran, à dénoncer la possibilité d'« un mauvais accord qui mettrait en danger Israël, le Moyen-Orient et la paix dans le monde ».

 

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Toujours les mêmes obstacles
Les discussions achoppent toujours sur les mêmes points, même si des avancées existent, selon des diplomates occidentaux et iraniens. Ces deux points sont les sanctions, d'une part, et de l'autre la recherche et le développement permettant à l'Iran de développer des centrifugeuses plus performantes. Les centrifugeuses permettent d'enrichir l'uranium et cette question est au cœur du problème. Enrichi à 90 %, l'uranium est destiné à la fabrication d'une bombe atomique, et la communauté internationale soupçonne Téhéran de vouloir acquérir cette arme, ce que l'Iran a toujours démenti.
Les grandes puissances (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne) veulent donc brider le programme nucléaire iranien et le contrôler étroitement pour s'assurer que Téhéran ne se dotera jamais de la bombe, en échange d'une levée des sanctions internationales qui étranglent son économie. L'Iran est soumis à un régime strict de sanctions américaines, européennes et surtout onusiennes. « Ils veulent savoir précisément comment elles seront suspendues, abrogées, dans quel ordre, lesquelles... », a expliqué un diplomate du P5+1, le groupe des grandes puissances.


La levée – progressive ou immédiate – des sanctions, la façon de les réimposer en cas de violation de ses engagements par l'Iran sont également discutées au sein du P5+1, où Russes et Chinois, traditionnellement hostiles aux sanctions, sont plus disposés à les alléger rapidement que d'autres (États-Unis, France). « Mais ça ne remet pas en cause la dynamique de la négociation et la solidarité du groupe des grandes puissances », a assuré cette source.


Une certaine cacophonie entre membres du P5+1 est apparue dans la nuit de mardi à mercredi, après la suspension d'une énième séance plénière entre les grandes puissances et la République islamique. Chaque délégation y est allée de son commentaire, les uns très optimistes évoquant un accord en vue, d'autres démentant et faisant état de blocages persistants. M. Zarif ne s'est d'ailleurs pas privé de relever hier que l'Iran discutait « en même temps avec six pays qui ont des intérêts différents, des positions différentes, des relations différentes avec la République islamique et parfois des différences de vue » entre eux.

 

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