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Moyen Orient et Monde - Conférence

Sur le monde arabe, soufflent tempêtes et autres bourrasques...

« Citoyenneté, justice et étapes de la transition politique » en Tunisie, Égypte et Yémen. Quatre anciens ministres débattent des crises auxquelles leurs pays font face.

Maha Yehya aux côtés de Ridha Saïdi, Houria Machhour, Jihad Azour et Gouda Abdel Khalek. Capture d’écran Carnegie.com

« Citoyenneté, justice et étapes de la transition politique » en Tunisie, Égypte et Yémen... Ces trois notions brûlantes pour trois pays arabes en proie à des violences paroxystiques, quoique inégales, ont fait l'objet d'un débat, mardi, dans les locaux du Carnegie Middle East Center.
Jihad Azour, ancien ministre libanais des Finances, Gouda Abdel Khalek (ancien ministre égyptien de la Solidarité et de la Justice sociale), Houria Machhour (ex-ministre des Droits de l'homme du Yémen) et Ridha Saïdi (ancien ministre tunisien chargé des Affaires économiques) étaient réunis autour de la modératrice du jour, Maha Yehya, associée du centre Carnegie.


Au vu des différents climats politiques régnant dans ces pays, la question essentielle de la citoyenneté et de la justice sociale semble pour l'instant en suspens. Entre la Tunisie, qui a été la cible d'une attaque sanglante du groupe État islamique (EI), le Yémen où une offensive aérienne du grand voisin saoudien vient d'être lancée contre les houthis chiites et leurs alliés, en passe de contrôler l'essentiel du pays, et l'Égypte, théâtre d'attentats quasi quotidiens, que signifie être un « citoyen » arabe ?


Sur ce point, Ridha Saïdi, ministre au sein des gouvernements successifs de la troïka tunisienne, la coalition dominée par le parti islamiste Ennahda, souligne que ses compatriotes sont devenus de véritables citoyens suite à la révolution de 2011 et au départ de l'ancien président Zine el-Abidine Ben Ali. Depuis l'attentat du musée du Bardo à Tunis, le 18 mars, la Tunisie « unie contre le terrorisme », slogan scandé lors des dernières manifestations, tend à montrer une entente parfaite entre les partis islamistes et les libéraux, selon M. Saïdi.
Mais quand Maha Yehya l'interroge sur la difficulté d'être membre d'un parti islamiste à l'heure où l'EI sévit, le Tunisien réplique que les accusations lancées contre sa mouvance de proximité avec des groupes tels qu'Ansar al-Charia, l'EI et el-Qaëda sont totalement fausses. « Nous sommes contre les tensions et devons nous montrer unis face à la menace. On cherche à ternir l'image de la Tunisie. La sécurité est une nécessité et personne ne viendra enrayer ce que la révolution tunisienne a permis d'amorcer dans le renouveau de la société tunisienne. »


Gouda Abdel Khalek met pour sa part l'accent sur ce qu'il considère comme des exagérations de la situation actuelle par les médias. « Il est vrai qu'il y a des violences contre les citoyens égyptiens, qu'il y a des emprisonnements, mais ce que les médias rapportent ne reflète pas la réalité », affirme-t-il, soulignant par ailleurs l'importance de la séparation de la religion et de la politique. Interpellée, une personne de l'assistance met l'accent sur l'impossibilité de dissocier ces deux éléments dans un pays où l'islam est la religion majoritaire.

 

« Les houthis doivent coopérer »
« Un vent a soufflé sur la région et nous a entraînés ! » Évoquant la tempête dans laquelle son pays se trouve pris, la Yéménite Houria Machhour note que le Yémen a connu « une révolution », mais que « dans l'état dans lequel il se trouve, il aurait bien eu besoin de plus de vingt ! ». L'ex-ministre relève que le système politique est obsolète et que l'armée contrôle toutes les institutions. L'économie est extrêmement faible, les organes institutionnels précaires et plus de 60 % des femmes sont illettrées. « Dans un contexte totalitaire qui gelait tout le système, il était normal que la jeunesse (qui représente plus de 62 % de la population) descende dans la rue pour manifester conte l'ancien président Ali Abdallah Saleh », souligne-t-elle.
Mais, ce qui aurait pu tourner en véritable anarchie, étant donné que « chaque Yéménite possède au moins trois armes à feu, et même des tanks et des missiles », a finalement été contenu, car « la jeunesse est allée manifester pacifiquement », note Mme Machhour. À la question de la légitimité de l'intervention de la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite, l'ex-ministre n'a de cesse de rappeler que « ce sont les houthis, alliés à l'ex-président Saleh, qui ont refusé tout dialogue, et ce depuis plusieurs mois. Les houthis ont montré leur mauvaise volonté. Nous n'avions pas d'autre choix que d'agir militairement ». Quid d'une éventuelle sortie de crise ? « Pour que l'action militaire cesse et pour le bien-être de la population, nous appelons les houthis à coopérer », conclut-elle.


Enfin, Jihad Azour est interrogé sur la préservation de l'unité sociale et du modèle libanais de pluralisme religieux comme futur schéma à suivre par les pays arabes. Toutefois, selon lui, le modèle libanais n'est pas à exporter, car la société libanaise est « diverse et bien plus complexe qu'ailleurs ».
« Liberté et justice sociale ! » a-t-on entendu scander lors des printemps arabes. Cependant, souligne-t-il, aspirer à la liberté ne règle pas tous les problèmes. Les transitions « prennent du temps », rappelle-t-il, en citant l'exemple de l'ex-Yougoslavie où la transition politique aura pris une bonne décennie.

« Citoyenneté, justice et étapes de la transition politique » en Tunisie, Égypte et Yémen... Ces trois notions brûlantes pour trois pays arabes en proie à des violences paroxystiques, quoique inégales, ont fait l'objet d'un débat, mardi, dans les locaux du Carnegie Middle East Center.Jihad Azour, ancien ministre libanais des Finances, Gouda Abdel Khalek (ancien ministre égyptien de...

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