Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Reportage

Les piroguiers du lac Tchad, victimes collatérales de Boko Haram

Les autorités de N'Djamena ont interdit la navigation pour contrer la menace des insurgés islamistes.

Avec l’insécurité qui touche toute la région du lac Tchad, sous la menace du groupe islamiste nigérian Boko Haram, les dizaines d’embarcation de la localité de Guité n’ont plus navigué depuis des mois et les échanges commerciaux entre les pays riverains (Nigeria, Tchad, Cameroun, Niger) sont paralysés. C’est à peine si les piroguiers peuvent encore caboter sur les rives. Philippe Desmazes/AFP

Avachi à l'avant de sa pirogue, Mahamat regarde les heures passer, les yeux hagards. Sur les rives du lac Tchad, les dizaines d'embarcation de la localité de Guité n'ont plus navigué depuis des mois, figées dans les hautes herbes par la menace Boko Haram. « On est là, on ne fait rien, nous n'avons plus de travail », commente d'un ton résigné le piroguier tchadien, balayant du regard un groupe d'hommes assis par terre qui tuent le temps en jouant aux cartes.
Avec l'insécurité qui touche toute la région du lac Tchad, les échanges commerciaux entre les pays riverains (Nigeria, Tchad, Cameroun, Niger) sont paralysés depuis des mois. Les paillotes des commerçants, qui écoulaient jadis des sacs de maïs, de sucre et de riz importés du Nigeria, sont closes. « Plus de marchandises à vendre, plus d'argent », résume un vieillard, qui se plaint de ce que le prix des denrées a doublé pour les habitants de Guité.
Youssouf Yaya, un autre piroguier, s'était reconverti en guide touristique pour les étrangers de N'Djamena en mal de loisirs qui venaient passer le week-end sur le lac, à seulement deux heures de route de la capitale. « Il y avait des Français, des Américains, même des Chinois. Je les emmenais voir les hippopotames et les oiseaux sur mon bateau. Mais ils ne viennent plus. Maintenant, je cultive la terre pour nourrir ma famille », dit-il.
Les allées et venues du groupe islamiste nigérian Boko Haram, sur et entre les îles du lac, ont rendu la zone dangereuse. Début février, les insurgés ont créé la stupeur en attaquant pour la première fois le territoire tchadien, dévastant la petite presqu'île de Ngouboua, où s'étaient réfugiés des milliers de Nigérians fuyant leur pays. L'attaque a fait deux morts et laissé un village calciné, où même le bétail a brûlé.
Guité n'est qu'à quelques kilomètres des eaux camerounaises et nigérianes, réputées infestées d'islamistes, qui rôdent sur l'eau à bord d'immenses pirogues motorisées peintes de couleurs vives, également utilisées par les commerçants. L'État tchadien a donc interdit ces embarcations de navigation, désormais ouverte aux seules patrouilles militaires.
Avec ses centaines d'îlots éparpillés sur des surfaces immenses, le lac Tchad est très difficile à contrôler. Et les trafiquants en tout genre ne s'y trompent pas : ils en ont fait depuis bien longtemps un lieu privilégié pour écouler leurs marchandises d'un pays à l'autre. Armes, drogues et produits de contrebande y circulent généralement sans trop d'encombre.
Celia LEBUR/AFP

Avachi à l'avant de sa pirogue, Mahamat regarde les heures passer, les yeux hagards. Sur les rives du lac Tchad, les dizaines d'embarcation de la localité de Guité n'ont plus navigué depuis des mois, figées dans les hautes herbes par la menace Boko Haram. « On est là, on ne fait rien, nous n'avons plus de travail », commente d'un ton résigné le piroguier tchadien, balayant du regard...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut